Lieu : à Beaulieu.
Alfred Jarry et Charlie Chaplin nous l'avaient bien dit : tous les dictateurs sont de ridicules pantins narcissiques. Emplis d'eux-mêmes. Enflés d'un ego immensément simplet et féroce. Toute forme de fascisme comporte, dans sa substance même, une copieuse part de grotesque.
Dans Le Tribun, Mauricio Kagel compositeur, écrivain, théoricien et cinéaste argentin installé en Allemagne, met en scène une fanfare (la joyeuse et chaleureuse Fanfare du Loup) qui joue des marches militaires au pied d'une estrade où un politicien répète un discours. Avec une satisfaction évidente, il ponctue lui-même son allocution, en déclenchant un magnétophone où sont enregistrées des acclamations de foule. La séduction visqueuse du bouffon démagogue glace le sang, et les hourras de la foule virtuelle qu'on imagine fascinée, séduite, consentante, fait froid dans le dos.
Pour Jean-Louis Hourdin, cette satire politico-musicale est un texte d'agit-prop, un matériau joyeux et terrible à la fois, un acte de résistance poétique pour que jamais nous ne cessions de rêver avec naïveté, de nous rebeller avec ruse.
1, place du Maréchal Leclerc 86000 Poitiers