Le Miracle

le 14 octobre 2003

Le Miracle

L’affaire se passe dans la Hongrie des années 70. Alors qu’il doit recevoir une rente d’invalidité pour une cécité avérée, Vencel, employé d’imprimerie, apprend par la commission d’évaluation qu’il est apte à travailler. Dès lors, se pliant au mot d’ordre idéologique contre l’évidence physiologique, il décide qu’il est voyant et la famille, comme les collègues, de s’aligner sans broncher. S’ensuit une cascade de rebondissements qui ne font qu’accuser les traits de l’incongruité.
  • Le Miracle ou quand la félicité passe par la cécité

L’affaire se passe dans la Hongrie des années 70. On aurait vite fait, du coup, de voir dans cette farce sur l’aveuglement collectif une métaphore des impasses ex-communistes. Mais, comme son nom l’indique, la nouvelle compagnie genevoise Clair-Obscur privilégie la nuance. Ainsi, à travers le miracle de György Schwajda, ces six diplômés 2000 de l’Ecole Supérieure d’Art Dramatique (ESAD) renvoient à nos propres stratégies d’évitement et autres petits arrangements avec le vivant…

Un balayage d’est en ouest mais toujours devant notre porte, que Julien George, à la mise en scène, orchestre allégrement. Avec, au-delà du rire, un sens du tragique et du pincement. À propos, que raconte cette fable venue de l’Est ? L’arbitraire auquel personne ne veut ou ne peut se soustraire.

Alors qu’il doit recevoir une rente d’invalidité pour une cécité avérée, Vencel, employé d’imprimerie, apprend par la commission d’évaluation qu’il est apte à travailler. Dès lors, se pliant au mot d’ordre idéologique contre l’évidence physiologique, il décide qu’il est voyant et la famille, comme les collègues, de s’aligner sans broncher. S’ensuit une cascade de rebondissements - Vencel ira jusqu’à conduire une voiture - qui ne font qu’accuser les traits de l’incongruité.

Vertige effleuré. Sens de l’absurde et concision du verbe, le Hongrois György Schwajda est cousin de Gogol et frère de Kafka. Le rire, constant, agit comme révélateur d’un malaise sous-jacent. D’autant que les jeunes comédiens jouent la carte de la simplicité. Dans un ingénieux décor de Gabriel Blättler, des cartons empilés qui évoquent l’avenir muré.

Les trois camarades et collègues de travail bougent, agissent et parlent en chorus, preuve que la pensée unique a déjà bien infusé. L’obtention d’un faux permis de conduire nous vaut une scène de guignol et lorsque le mari confesse son faux pas conjugal, le couple est au lit à la verticale. Ainsi, c’est délicatement, mais sûrement que le vertige dit son nom. Et le pacte de boisson entre les femmes de Vencel, duo final hilarant et poignant, résume parfaitement ce bel abandon.

Face au public, l’œil dans le vague, la légitime et la rapportée trempent lentement leur pain dans le marc, attendant que les cercles couleur ivresse égaient leur quotidien. Ainsi arrosée, l’Internationale presque chuchotée, prend de magnifiques accents.

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Informations pratiques

Théâtre Europe - Théâtre Apollinaire

Av. du Docteur Mazen 83500 La Seyne-sur-mer

Spectacle terminé depuis le mardi 14 octobre 2003

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