
Le Théâtre du Fust
Le Théâtre du Fust, une force de création
Pourquoi un diptyque ?
La compagnie est dirigée par sa fondatrice Emilie Valantin depuis 1975. Elle est implantée en Rhône-Alpes et revendique clairement le titre de théâtre de marionnettes. Le raffinement esthétique et technique est au coeur de ses préoccupations et la virtuosité sert avant tout le sens : la place réservée aux auteurs dans le répertoire du Fust en est témoin, Maeterlinck, Léon Bloy, Gilbert Lascault, Ovide, Italo Calvino, Paul Fournel, Daniil Harms, Clément Rosset, Edmond Rostand...
Le Théâtre du Fust fête ses 30 ans de marionnettes avec une exposition et deux spectacles : La disparition de Pline et Merci pour elles.
A découvrir 3/4 heure avant et après chaque spectacle, une exposition d'espaces scéniques et marionnettes. Chaque année a vu naître 80 à 100 marionnettes. Beaucoup de personnages secondaires, qui permettaient de chercher le style, et quelques personnages principaux, dont certains soulèvent leur front et découvrent leur regard.
Accueillir une compagnie de marionnettes telle que le théâtre du Fust et fêter avec elle ses trente ans de créations est pour nous un honneur et une fierté.
Dès notre 1ère rencontre nous avons eu Emilie Valantin et moi le désir commun de se mettre au travail, de chercher ensemble.
Nous avons alors créé une petite forme, une forme légère d’après Le Traité des Passions d’Aristote à l’Auditorium du Louvre. J’ai pu grâce à ce premier travail réinventer ou me réapproprier certains mots ou expressions du vocabulaire courant : par exemple une petite forme, une forme dite légère se dit d’un travail répété en peu de temps et léger à monter et à démonter, à déplacer, à tourner…
Je me souviens de l’arrivée du Fust à au Théâtre de l’Aquarium, du camion, du déchargement du camion, de toutes les malles peuplées, de la boite à outils, de la scie sauteuse, de l’invasion de cette vie, de cette énergie, de cette présence, de ces présences.
Émilie Valantin est un monde à elle seule, c’est une fabrique, un atelier, c’est une force de création, d’écriture toujours en mouvement, et une audace, un culot de jeune fille.
Cet anniversaire qu’elle nous offre n’est pas l’occasion d’un bilan, d’une rétrospective, mais plutôt d’un tournant, un nouveau départ vers Roberto Arlt, cet auteur argentin qu’elle affectionne et qui l’inspire depuis toujours.
Nous avons choisi la présentation au Théâtre de l’Aquarium de deux spectacles : Merci pour elles, la dernière création, et la reprise de La disparition de Pline ainsi qu’une exposition retraversant les trente ans de créations du Fust : Les marionnettes dans leurs scénographies.
A découvrir ou à redécouvrir dans le présent du Théâtre de l'Aquarium
Étonnés et curieux mais pas seulement
Insatiables jamais trop...
Julie Brochen,
directrice du Théâtre de l’Aquarium
Pour un trentième anniversaire, il faut revenir en arrière, mais pas trop, et montrer le présent, mais pas seulement !
Il nous aurait coûté de jouer un seul spectacle, et lequel ? L’ancien ? Le nouveau ? Chacun trop particulier dans notre parcours.
Les deux spectacles sont nécessaires, non seulement pour faire un tour d’horizon complet de presque tous les types de marionnettes, mais aussi pour affirmer notre « petite manière » en duo, en dehors des créations pour grand plateau de théâtre et de l’inépuisable déclinaison des Castelets. A dix ans d’écart, notre répertoire affirme la connivence de la marionnette avec les formes brèves, les petites touches d’humeur, les incursions dans de grands sujets impossibles à traiter exhaustivement. La marionnette les abordera sans méthode didactique, confiant aux espaces et aux matériaux, de la scénographie à la musique, une part de discours implicite.
Le propos s’en tient à sa cohérence esthétique, laissant fonctionner les anecdotes et les petites actions assez « fantaisistement », car nous aimons divertir et donner aliment à l’esprit, comme certains médicaments, à diffusion retardée.
Dans La Disparition de Pline, des petits philosophes vont développer tous les comportements humains de refus du réel entre un « univers lisse » (verre en miroir) et un « univers opaque et rugueux » assez abstrait.
Eux–mêmes sont assez stylisés. La pensée matérialiste de Clément Rosset s’élabore à partir d’observations concrètes, et d’exemples cocasse suggérés par l’auteur, ou inventés par nous, mais qui concernent tout un chacun, depuis la nuit de la caverne platonicienne !
La réflexion embrasse le champ de la spéculation philosophique, pas moins.
Merci pour Elles, créé dix ans plus tard, met en travaux pratiques les leçons de Rosset. Le champ d’observation est limité à des faits de société : une sélection d’attitudes féminines, dans l’espoir d’en dégager quelques constantes et des relations de causes à effet amusantes. Or aucune conclusion générale ne peut être tirée d’observations faites au plus près de l’actualité.
Chaque personnage construit son illusion, selon des modèles de bonheur établis au fil des époques. Pour la stabilité sociale, et depuis peu pour le profit commercial. La seule femme qui résiste n’est pas écoutée, et s’appelle Cassandre, car il était tentant d’élargir la portée de ce personnage par son archétype, les autres personnages en restant cruellement démunis !
Leur apparence, liée à un contexte socio-historique donné, est plus réaliste, et complétée par le costume. La précision du figuratif, presque télévisuelle, est importante en contraste avec les trois crinolines de tulle noir qui forment des espaces convexes ou concaves pour le déroulement de saynètes.
La transparence du tulle voile ou dévoile les images en dosant la réalité des personnages.
Cette esthétique fut plus inconfortable que les espaces du Pline, mais il était essentiel de quitter les lignes droites et constructivistes chères à Nicolas Valantin pour ce sujet là ; sa proposition fut séduisante, et comme pour Pline, un vrai défi technique.
Émilie Valantin
La Cartoucherie - Route du Champ de Manoeuvres 75012 Paris
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.