Le Dépeupleur

Auprès d'Alain Françon, Serge Merlin retrouve Beckett.
Auprès d'Alain Françon, Serge Merlin retrouve Beckett. L'éternel retour du Dépeupleur. On ne voit de l'acteur que son visage, ses bras, ses mains. Tout le reste est nuit. Devant lui, le texte du grand Sam. Bref comme souvent, dense comme toujours. Enigmatique comme jamais.
  • L'éternel retour du Dépeupleur

L'acteur Serge Merlin n'en finira jamais avec Le Dépeupleur de Samuel Beckett.

La première fois c'était en 1978 avec Pierre Tabard, dans une cave du Off avignonnais. Une petite table en bois, une bougie qu'il allume, un livre qu'il ouvre. Serge Merlin, cheveux longs, lit en penchant vers la bougie au risque d'enflammer sa chevelure, jouant littéralement avec le feu.

« J'avais trouvé des nonnes qui fabriquaient des bougies comme autrefois avec une flamme haute et droite et un grand cratère. A la fin, je vidais le cratère, je le refermais et je soufflais » La dernière fois c'était avec Alain Françon à l'Odéon. Les voici encore, une énième fois, ensemble.

Auprès d'Alain Françon, Serge Merlin retrouve Beckett. L'éternel retour du Dépeupleur. On ne voit de l'acteur que son visage, ses bras, ses mains. Tout le reste est nuit. Devant lui, le texte du grand Sam. Bref comme souvent, dense comme toujours. Enigmatique comme jamais. Avec minutie, Beckett décrit un « petit peuple de chercheurs » qui survit « à l'intérieur d'un cylindre surbaissé ayant cinquante mètres de pourtour et seize de haut pour l'harmonie ». Contre les parois, des échelles sont dressées, en haut des niches, un plafond. Une issue ? On ne sait. Il y a là des « grimpeurs », des « vaincus », des « sédentaires ». A la fin, « nul grimpeur n'attend plus », à la toute fin il est question d'un homme qui baisse sa tête. C'est alors que Merlin, l'acteur Serge Merlin, relève la sienne.

Jean-Pierre Thibaudat

  • La presse

« Le jeu du comédien, Serge Merlin, nous donne des frissons. Il est incroyable, comme un pouvoir hypnotisant, totalement habité par ce texte. » Stéphane Capron, France Inter - Carrefour de la Culture,

« Le metteur en scène, Alain Françon, a déjà dirigé Serge Merlin et ils offrent tous les deux une quintessence du théâtre de l’absurde. Serge Merlin, acteur remarquable, nous tient par le verbe et le geste. » Nadja Viet, France Inter

  • Note du metteur en scène

Avec Serge Merlin nous avons décidé, aidés par Jacques Gabel pour le décor et le costume et de Joël Hourbeigt pour la lumière, de revisiter le texte de Beckett Le Dépeupleur. Serge en avait fait une première version, mais il y a bien longtemps, et moi-même un spectacle quand j’étais directeur du théâtre national de la Colline. C’est avec joie que je retrouve Serge. Nous avons ensemble monté Fin de partie et La Dernière bande de Beckett, et une adaptation d’Extinction de Thomas Bernhard. Sa grande maîtrise de la langue et son art de la prosodie me sont une aide précieuse pour comprendre « l’oeuvre » dans son essence et chercher l’horizon de sens à donner à notre travail.

C’est donc particulièrement jubilatoire de l’écouter et d’être son premier spectateur. Pour ce qui est de « notre scène », je considère Serge comme le plus rare des acteurs capable de transmettre les secrets de notre langue. Il est utile que de jeunes générations de spectateurs et d’acteurs l’entendent !

Alain Françon

  • Extrait

Séjour où des corps vont cherchant chacun son dépeupleur. Assez vaste pour permettre de chercher en vain. Assez restreint pour que toute fuite soit vaine. C’est l’intérieur d’un cylindre surbaissé ayant cinquante mètres de pourtour et seize de haut pour l’harmonie. Lumière. Sa faiblesse. Son jaune. Son omniprésence comme si les quelque quatrevingt mille centimètres carrés de surface totale émettaient chacun sa lueur. Le halètement qui l’agite. Il s’arrête de loin en loin comme un souffle sur sa fin. Tous se figent alors. Leur séjour va peut-être finir. Au bout de quelques secondes tout reprend. Conséquences de cette lumière pour l’oeil qui cherche. Conséquences pour l’oeil qui ne cherchant plus fixe le sol ou se lève vers le lointain plafond où il ne peut y avoir personne. Température. Une respiration plus lente la fait osciller entre chaud et froid. Elle passe de l’un à l’autre extrême en quatre secondes environ. Elle a des moments de calme plus ou moins chaud ou froid. Ils coïncident avec ceux où la lumière se calme. Tous se figent alors. Tout va peut-être finir. Au bout de quelques secondes tout reprend. Conséquences pour les peaux de ce climat. Elles se parcheminent. Les corps se frôlent avec un bruit de feuilles sèches. Les muqueuses elles-mêmes s’en ressentent. Un baiser rend un son indescriptible. Ceux qui se mêlent encore de copuler n’y arrivent pas. Mais ils ne veulent pas l’admettre.

Samuel Beckett, Le Dépeupleur (début), Paris, éditions de Minuit, 1970

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Spectacle terminé depuis le dimanche 9 avril 2017

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