Le Bourgeon

Boulogne Billancourt (92)
du 20 au 22 novembre 2014
1h40

Le Bourgeon

Le Bourgeon
CLASSIQUE Terminé

Dans une scénographie épurée, Nathalie Grauwin s’entoure d’une troupe de onze formidables comédiens pour mener tambour battant un Feydeau aux multiples tiroirs : drôle, cynique, émouvant…
  • Une comédie pratiquement inexplorée

Maurice, surprotégé par sa mère qui le destine à la prêtrise, est sujet à des malaises jusqu’à en être neurasthénique.

On convoque le curé du village puis un médecin qui diagnostique que « C’est le bourgeon qui crève de sève jusqu’à éclater (…) ».

À l’annonce de cette nouvelle, la mère bascule dans une forme de folie tant il lui est insupportable d’imaginer son fils se pervertir avec une femme. Mais, entre fortuitement dans la vie de cette famille bourgeoise Étiennette, une cocotte qui désire louer le pavillon de chasse…

Le Bourgeon est l’une des trois comédies écrites par Feydeau et pratiquement inexplorée par le théâtre français. Cette comédie de mœurs, pastiche de la bourgeoisie du début du XXème siècle, démontre combien les postures sociales imposent aux individus des attentes de rôles selon les milieux sociaux et combien il est difficile de se départir de ce à quoi l’on est destiné.

Comme toujours, Feydeau y dissèque cette lutte constante entre individualisme et conformisme, désir et raison, amour et sexualité, et tend un miroir déformant mais efficace à notre société aussi étriquée que permissive. Son inventaire de la bêtise est renforcé ici par la dimension érotique du propos.

Dans une scénographie épurée, Nathalie Grauwin, metteur enscène, auteur et comédienne, s’entoure d’une troupe de onze formidables comédiens pour mener tambour battant un Feydeau aux multiples tiroirs : drôle, cynique, émouvant…

  • Pulsions, tabous et frustrations

Ayant porté au plus haut la mécanique du rire au théâtre, Feydeau connaît son apogée en 1905. Il rompt ensuite avec le vaudeville traditionnel pour créer des comédies comme Le Bourgeon . Représentée pour la première fois en mars 1906 (au Théâtre du Vaudeville à Paris), la pièce a été très peu jouée depuis, malgré ses premiers succès. La rumeur dit qu’elle fut écrite à la suite d’un pari avec l’auteur Paul Hervieu : à celui-ci d’imaginer un vaudeville et à Feydeau de signer une comédie sérieuse (en fait, seul ce dernier écrira et il ajoutera dans sa pièce une bonne tranche d’humour). Plus probablement, l’auteur lassé d’être considéré uniquement comme un amuseur, désire changer son image.

Ici donc , plus de port es qui claquent : nous sommes dans la comédie de moeurs où rire et émotion se mêlent. Feydeau y raconte deux « folies » : celle d’ une bourgeoisie confrontée à ses pulsions sexuelles qui s’opposent au respect des convenances sociales et celle d’une femme dévorée par un amour maternel déraisonnable ... Tel un entomologist e, le dramaturge décrit une caste sociale étriquée, régie par ses codes et rendue folle par des pulsions sexuelles refoulées : les bourgeois se prennent les pieds dans le tapis et c’est irrésistible. Dans ce navire qui prend l’eau de partout et devient ingouvernable, seules deux figures parviennent à s’élever et à nous émouvoir, grâce à leur amour : Maurice, le fils fâlot et trop adoré, que la passion transcende et lui révèle une part de lui même qu’il ignorait et Étiennette, la cocot e , qui se découvre une force d’âme jusqu’alors insoupçonnée...

  • Note d'intention de la metteuse en scène

Pour transcrire cet infernal maelström dont s’amuse Feydeau, Nathalie Grauwin trace d’imaginaires lignes que les comédiens suivent (ou comme les personnages suivent les règles que leur impose la morale). Bientôt, certains lâchent prise car les circonstances les amènent à découvrir un ailleurs. Il y a comme un affolement général, une confrontation entre le « conscient » qui se laisse voir et « l’inconscient » dissimulé.

Dans ce « monde parallèle » submergé par tant de désirs refoulés, la metteur en scène s’appuie sur les effets magiques imaginés par Nicolas Audouze pour provoquer des situations improbables ... Elle s’attache aussi à décrire comment certains des personnages voient leur comportement totalement leur échapper. Ainsi, Huguette (la fille du Marquis) qui, racontant comment elle a sauvé un jeune garçon de la noyade, chevauche son père de la même façon qu’elle s’était mise à califourchon sur le noyé pour le ramener à la vie : une dimension oedipienne qui naturellement la dépasse. Il s’agit bien là d’une comédie et la dimension érotique suggérée par l'auteur renforce le trait du propos.

Le théâtre de Feydeau est très particulier (le langage étourdissant, les situations absurdes qui entraînent les personnages dans une mécanique folle) mais c'est avant tout, un théâtre d ’acteurs  : il nécessite des interprètes à la mesure du défi. Nathalie Grauwin s’est donc attachée à réunir autour d’elle des comédiens d’excellence. Elle se concentre sur le jeu entre les personnages (loin de la caricature, vers laquelle l’écriture de Feydeau pourrait facilement les entraîner) et propose à ses comédiens de les incarner avec la plus grande précision.

Les costumes sont résolument contemporains afin que la pièce du début du XX ème siècle garde une certaine actualité.

Dans une scénographie très simple composée de quatre chaises et de rares accessoires, la mise en scène se concentrera sur l’atmosphère empreinte d’hystérie présente dans cette famille. Pendant toute la pièce il y a comme un affolement général qui crée des comportements décalés et pithiatiques. Je souhaite opérer une confrontation entre le monde du conscient qui se laisse voir et celui de l’inconscient, dissimulé.

La direction d’acteurs
Je désire travailler sur l’incarnation. Incarnation de figures mais pas de postures. Ceci pour m’éloigner le plus possible de la caricature vers laquelle l’écriture de Feydeau peut facilement nous entraîner. Le choix des acteurs est donc une partie essentielle de la mise en scène.

Le décor
Épuré, il permet de concentrer l’attention du spectateur sur ce qui se joue entre les personnages sans brouiller son regard avec des artifices. Les quatre chaises seront comme agissantes, truquées de manière à se transformer selon le lieu et les situations.

La lumière
Dans le décor du château, lieu sacré de la famille
Lumières fortes pour que tout soit vu. Pas question là d’intimité, de pénombre. La pénombre est ailleurs, dans les esprits de ses habitants. Elle ne se module pas, tout comme la pensée de celle qui « mène la danse » : la Comtesse. Bien que…à l’annonce de la nécessité pour Maurice d’une femme, tout se disloque, jusqu’à la lumière. Cette lumière est donc en lien avec l’esprit de la Comtesse, la mère absolue.

Dans l’univers des cocottes, lieu sacré de la liberté
Lumières douces, vivantes, modulables par celles qui habitent le lieu. Il est question, là, de créer un univers raffiné qui permet, selon les situations, d’accéder à une intimité souvent combattue.

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Spectacle terminé depuis le samedi 22 novembre 2014

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