Laisse les gondoles à Venise

du 11 mai au 5 juin 2005

Laisse les gondoles à Venise

" L’écriture théâtrale de Sophie Perez, toujours expérimentale, se dote d’un humour féroce pour triturer les bassesses des petites misères partagées. Son Lorenzaccio dépèce les états d’âme du meurtrier d’Alexandre, Lorenzo de Médicis, noyé dans la lagune vénitienne où il convient de laisser les gondoles. Une vie de plus, comme les autres, ratée. Mais quel panache ! " Pierre Notte

Panache et ratés de Lorenzaccio
Préambule

Un sale mélange ?

Loup connu, l’homme se travestit en agneau, se révèle dans ses choix, à la fois mentor et minus, lion superbe ou hyène hideuse. Avec Lorenzaccio, Alfred de Musset extirpe de son XIXe siècle romantique l’incarnation suprême de la duplicité. Il projette dans la Florence renaissante un monstre de désenchantement, la figure de la vanité d’être. « Authentique et toc, insiste la metteur en scène et scénographe Sophie Perez, c’est un intellectuel perdu dans l’action. »

Monument aux contours élisabéthains, Lorenzaccio brasse les tourments du pouvoir, des lâchetés et des aspirations flottantes. Sophie Perez déboulonne les socles des références tutélaires, déglingue les conventions de toute scène : danse, chanson, music-hall. Auteur, elle raffole des « machins bizarres », performances et autres objets hybrides, où elle présente le fantôme de Freud à celui de Mario Bava, invoque l’esprit des contes de fées et des extrapolations gore, entre cabaret munichois et kitsch victorieux. Ici, à l’assaut de son premier édifice classique, elle entend disséquer le monstre et danser dans ses tripes.

Pensionnaire de la Villa Médicis de Rome, Sophie Perez se consacre en 1991 à l’étude d’une « méthode pour apprendre à nager sans eau », devenue une ludique leçon de choses aquatiques intitulée Mais où est donc passée Esther Williams ? Janvier 2002, elle présente à Chaillot Détail sur la marche arrière, où elle peint les déboires des ambiances communautaires. La saison passée, avec Leutti, conférence « absurde et schizophrénique », elle fouille les nœuds de nos nerfs à vif.

L’écriture théâtrale de Sophie Perez, toujours expérimentale, se dote d’un humour féroce pour triturer les bassesses des petites misères partagées. Son Lorenzaccio dépèce les états d’âme du meurtrier d’Alexandre, Lorenzo de Médicis, noyé dans la lagune vénitienne où il convient de laisser les gondoles. Une vie de plus, comme les autres, ratée. Mais quel panache !

Pierre Notte

D'après Lorenzaccio d’Alfred de Musset.

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Le théâtre a été soumis trop longtemps au texte, à la littérature. Dans la conception traditionnelle, une pièce n’est qu’une représentation, sur scène, de quelque chose qui a été conçu ailleurs, en d’autres temps, loin de l’action présente. Il faut donc sortir le théâtre de la seule représentation du texte écrit, le rendre à sa propre activité complexe et contradictoire, où tout ce qui arrive doit effectivement se passer « ici et maintenant » sur la scène, dans la salle. Le texte n’est plus qu’un matériau parmi d’autres, dont on doit pouvoir user librement, comme de la lumière, de la musique ou de l’espace.

Il suffit de s’en emparer, et si nécessaire, le transformer en fonction d’une situation dramatique toujours nouvelle et singulière.

Le texte est accessoire, mais l’écriture est fondamentale. Donc, j’écris et je pioche. Des auteurs, des écrivains, souvent des artistes… que des textes destinés à tout sauf au théâtre : Pierre Neukomm, Léon Werth, Richard Brautigan, Francis Picabia, Arnaud Labelle-Rojoux et… fraîchement rentré d’Italie, le jeune Alfred de Musset et son impraticable Lorenzaccio.

En effet, Musset ne destinait pas ce texte à la scène. Sa première pièce avait été fort critiquée et plutôt mal accueillie. Entre péché d’orgueil et susceptibilité d’artiste, ça sent la vengeance : J’écris une pièce que vous ne verrez jamais ! Ironie du sort, Lorenzaccio hante la tradition théâtrale française depuis cent soixante-dix ans.

Ca impose le respect ? 
A vérifier…

Sophie Perez, octobre 2004

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Lorenzaccio serait un sale mélange… un personnage haut en couleur, emblématique, en quête et agaçant. Un intellectuel perdu dans l’action ?

Tous les poncifs s’enchaînent à merveille… et justement !
Désir, transgression, mal, lâcheté et actions mêlées, thème du double, Freud, Lacan, figure de l’antihéros… le masque.
Il faudrait décamper ou s’y jeter.
Musset parle d’une écriture nouvelle : « le théâtre oculaire ».
Lorenzaccio d’Alfred de Musset est un texte touffu, incompréhensible, poétique, ignoré et malmené, bricolé par tous et toutes, une sorte d’étrange miroir fondateur… Il faut s’en emparer pour parler d’écriture et non pas de texte, de création et non pas de mise en scène.
Une vraie contrainte qui fout la trouille… raconter les corps, la régression, le rapport au pouvoir et à la création, parler des femmes, de la lâcheté, du romantisme et toujours être obsédé par la question de la nécessité du théâtre !

Le dispositif scénique de Laisse les gondoles à Venise s’articule autour de deux notions : l’idée du travail à la table et la figure du collectionneur italien.

Passage obligé, bizarrement initiatique, et caractéristique du théâtre à texte, la pratique du travail à la table semble être une mise en bouche « immontrable » et désuète comme les fausses pudeurs de la tradition. Mais alors, de quelle table s’agit-il au juste ? Une basse, vaste comme une lagune, impeccablement cirée, aux dimensions bâtardes où se côtoient la démesure opératique et les secousses improbables du work in progress.

« Frappe !.. Frappe !.. Mais, frappe donc du pied !.. Frappe, frappe !.. » (acte III, scène I)

On monte dessus, on roule dessous, on s’arrête sur les bords, on se trempe dans l’or liquide, on s’assoit, on se regarde faire... Bref, on est en pleine phase de synthèse : conspiration et chaos.

Cette table, c’est le socle du monde. Une sorte de sculpture, en somme, aussi inutilisable et dévastatrice qu’un héritage trop encombrant.
Un monument, dédié à la « fin de race », pièce maîtresse d’une collection d’objets d’art, tous signifiants, déterminants (des griffons d’albâtre à tête de clown dont la crinière en pointe ne demande qu’à être empoignée, un mobile enfantin géant flottant dans les airs, un couple de saintes pénitentes portant des coiffes de corne en guise de foi extatique, Copito de Nieve - peu avant de mourir - se frappant la poitrine et grognant « Moi ! Moi ! Moi !... ») ; des objets râleurs, farcis d’abstraction et de folklore (aaah... La fameuse couleur locale !), défiant la beauté à force d’exactitude subjective.
Une collection, juste bonne à être lapidée si l’on devait faire montre de son plus profond désaccord, mais dont les œuvres gardent la certitude d’être à jamais plus fortes que leur collectionneur.

Contrairement à son grand-père (dit « Le Magnifique ») qui avait su la portée décisive d’une belle œuvre d’art pour une politique économique puissante, Lorenzo, iconoclaste plus ou moins malgré lui, décida d’une posture qui serait son propre objet : d’apparence révolutionnaire, mal délimité, insidieusement multifonctionnel, inconfortable et satisfaisant.

Un objet inapproprié qui offre le récit de son propre inconscient. Pas n’importe lequel donc, mais idiot comme une table qui ressemble à un châtiment.

Sophie Perez, Xavier Boussiron, Janvier 2005

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Sélection d’avis du public

RE: Laisse les gondoles à Venise Le 3 juin 2005 à 23h23

Ce qui est le plus navrant dans ce genre de spectacle, ce sont les blaireaux qui partent avant la fin..... pleuvait il ? aviez vous ete contraint sous la menace d'entrer a Chaillot ? non, simplement vous n'avez rien compris - mais peut etre etait ce au dela de vos capacites - vous avez perdu quelques euros au profit d'acteurs de talent mais surtout vous avez rate "la ferme des celebrites" !!! avouez le simplement et on accordera un peu d'indulgence a votre comportement minable.

RE: RE: Laisse les gondoles à Venise Le 3 juin 2005 à 21h14

et bien pour ma part,j'ai à la fois bien ri :s'entrechoquent les références psy,celles à l'art contemporain,une re-lecture du personnage de Lorenzaccio(tout cela sans prise de tête des intellos qui se la pètent:férocement drôle,des comédiens formidables,une mise en scène belle belle belle,une musique prenante, et puis en constatant le malaise de la salle j'ai compris que l'inclassable dérange;pourtant si Musset est bousculé,lorenzaccio est dans ce travail de S.P. et X.B. formidablement analysé...je ne me suis pas ennuyée une seconde alors que le théâtre est souvent mortellement c...

RE: Laisse les gondoles à Venise Le 15 mai 2005 à 16h08

Tout est effectivement navrant dans ce spectacle. Au bout d'une heure j'ai d'ailleurs abandonné devant tant de talents et d'énergie gachés...

Laisse les gondoles à Venise Le 13 mai 2005 à 10h27

N'est ce pas une mise en scène navrante ?

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RE: Laisse les gondoles à Venise Le 3 juin 2005 à 23h23

Ce qui est le plus navrant dans ce genre de spectacle, ce sont les blaireaux qui partent avant la fin..... pleuvait il ? aviez vous ete contraint sous la menace d'entrer a Chaillot ? non, simplement vous n'avez rien compris - mais peut etre etait ce au dela de vos capacites - vous avez perdu quelques euros au profit d'acteurs de talent mais surtout vous avez rate "la ferme des celebrites" !!! avouez le simplement et on accordera un peu d'indulgence a votre comportement minable.

RE: RE: Laisse les gondoles à Venise Le 3 juin 2005 à 21h14

et bien pour ma part,j'ai à la fois bien ri :s'entrechoquent les références psy,celles à l'art contemporain,une re-lecture du personnage de Lorenzaccio(tout cela sans prise de tête des intellos qui se la pètent:férocement drôle,des comédiens formidables,une mise en scène belle belle belle,une musique prenante, et puis en constatant le malaise de la salle j'ai compris que l'inclassable dérange;pourtant si Musset est bousculé,lorenzaccio est dans ce travail de S.P. et X.B. formidablement analysé...je ne me suis pas ennuyée une seconde alors que le théâtre est souvent mortellement c...

RE: Laisse les gondoles à Venise Le 15 mai 2005 à 16h08

Tout est effectivement navrant dans ce spectacle. Au bout d'une heure j'ai d'ailleurs abandonné devant tant de talents et d'énergie gachés...

Laisse les gondoles à Venise Le 13 mai 2005 à 10h27

N'est ce pas une mise en scène navrante ?

Informations pratiques

Chaillot - Théâtre national de la Danse

1, Place du Trocadéro 75016 Paris

Accès handicapé (sous conditions) Bar Librairie/boutique Restaurant Salle climatisée Tour Eiffel Vestiaire
  • Métro : Trocadéro à 96 m
  • Bus : Trocadéro à 31 m, Varsovie à 271 m, Pont d'Iéna à 297 m
Calcul d'itinéraires avec Apple Plan et Google Maps

Plan d’accès

Chaillot - Théâtre national de la Danse
1, Place du Trocadéro 75016 Paris
Spectacle terminé depuis le dimanche 5 juin 2005

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