La place royale

du 1 décembre 2012 au 6 janvier 2013
1h50 environ

La place royale

CLASSIQUE Terminé

Une histoire de passion et liberté écrite par Corneille et mise en scène par Anne-Laure Liégeois, avec le formidable Denis Podalydès.
  • La passion

Place des Vosges, à Paris. Angélique et Alidor sont unis par une passion réciproque qui ne connaît ni entrave sociale, ni interdit familial. Tout va pour le mieux pour les deux amants. C’est sans compter l’extravagance d’Alidor qui aime, plus encore que sa maîtresse, sa liberté. Animé par un projet retors, le jeune héros rompt avec Angélique en la cédant à son meilleur ami, Cléandre, afin de ne plus jamais pouvoir la désirer.

Pour précipiter la séparation, il lui envoie une fausse lettre d’amour destinée à une dénommée Clarine. Par dépit, l’amante accepte alors la main de Doraste, le frère de son amie Phylis. Blessé par l’échec de son stratagème, Alidor imagine l’enlèvement nocturne d’Angélique par Cléandre.

Au terme d’une intrigue mouvementée, truffée de rebondissements, de quiproquos et de dissimulations, le héros de cette comédie cruelle accède à la liberté en poussant l’autre au renoncement absolu.

  • Une pièce de maturité

La première terreur, le premier bonheur aussi, pour moi, c’était l’alexandrin. Comment rendre intelligible cette langue d’aucune bouche d’hier et encore moins d’aujourd’hui ! Je faisais des cauchemars à douze pieds. Me donnais du coeur en me disant que des textes étaient soudain devenus limpides quand je les avais vus interprétés en langue totalement étrangère, comme le suédois. Bergman mettant en scène Le Roi Lear produisait, par la force de l’interprétation des comédiens et la précision de ses images, une oeuvre d’une clarté que je n’avais jamais rencontrée sur ce Shakespeare. Il me fallait entrer dans un système d’écriture avec cette jubilation que je connaissais quand je travaillais Georges Perec ou tout Oulipien. Se dire que ce travail était un jeu et que l’alexandrin en était le maître. Et surtout rester attentive à ce que celui-ci mène la danse sans que jamais nous, les spectateurs et moi, nous sentions privés de participer au jeu.

Corneille a écrit La Place Royale en 1634 à 28 ans, puis il écrivit L’Illusion comique, Le Cid, Polyeucte... Quarante-neuf ans plus tard, il donna une dernière édition revisitée de La Place Royale, son oeuvre de jeunesse. Deux ans après, il mourut, à 78 ans. C’est cette ultime version que j’ai choisi de mettre en scène, après un patient examen comparé de chaque variante. Cette réécriture de 1682, aux modifications pourtant discrètes, va vers un allègement et une modernité de la langue, une forme plus proche du langage d’aujourd’hui. Certains vers ont gagné en élégance, des archaïsmes ont disparu, la simplification de la langue a créé un dynamisme supplémentaire. Je ressentais aussi dans cette nouvelle langue, une évolution dans le jugement de Corneille sur les rapports de pouvoir entre les hommes et les femmes. Le conflit entre la volonté et l’amour, toujours aussi violent, semble plus accepté. La vie avait sans doute aidé l’auteur à régler quelques comptes avec les femmes et à les regarder d’un oeil plus serein sinon plus tendre.

Pour dire ce conflit entre philosophie et passion, entre sa propre volonté et la liberté de l’autre, entre désir et réalité, il fallait des acteurs qui avaient depuis quelques temps déjà dépassé l’âge de la puberté ! J’entends certains de quarante et plus dire : « je ne peux pas/plus aimer car cet amour me tue et n’entre pas dans mon projet de vie ». Une cruauté pour soi et pour l’autre sans nom. L’important n’est pas tant l’âge d’Angélique, d’Alidor, de Phylis et même de Lysis que leur maturité. Quand l’étau du temps se resserre, quand tout s'accélère, le vide que laissera l’autre, quitté par ce respect de notre volonté qui se nomme dogme ou carrière, est immense. C’est un vide pour toujours. Une solitude éternelle. La Place Royale parle de cela, des ravages de la pensée, de la philosophie, de la féroce défense de ses desseins, de l’ambition, de ce qu’on peut appeler liberté.

Anne-Laure Liégeois.

Sélection d’avis du public

La place royale Le 31 décembre 2012 à 14h23

Avons assisté à la représentation mercredi 26 décembre et n'avons que des éloges à adresser aux comédiens, en particulier à Elsa Lepoivre. Mais, pourquoi diable insérer les vers pétillants de Corneille dans un décor si laid et si lugubre ? Sans chercher à reproduire la Place des Vosges, il est certainement possible de trouver un compromis entre modernité et plaisir des yeux. La maison de Molière est au-dessus du panurgisme dans lequel sombrent trop d'adeptes du minimalisme. Conservez l'esprit qui souffle depuis toujours sur votre maison ! Pour le reste, encore bravo et bien à vous.

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La place royale Le 31 décembre 2012 à 14h23

Avons assisté à la représentation mercredi 26 décembre et n'avons que des éloges à adresser aux comédiens, en particulier à Elsa Lepoivre. Mais, pourquoi diable insérer les vers pétillants de Corneille dans un décor si laid et si lugubre ? Sans chercher à reproduire la Place des Vosges, il est certainement possible de trouver un compromis entre modernité et plaisir des yeux. La maison de Molière est au-dessus du panurgisme dans lequel sombrent trop d'adeptes du minimalisme. Conservez l'esprit qui souffle depuis toujours sur votre maison ! Pour le reste, encore bravo et bien à vous.

Informations pratiques

Vieux Colombier - Comédie Française

21 rue du Vieux-Colombier 75006 Paris

Accès handicapé (sous conditions) Bar Librairie/boutique Restaurant Salle climatisée Vestiaire
  • Métro : Saint-Sulpice à 61 m, Sèvres - Babylone à 258 m
  • Bus : Michel Debré à 23 m, Sèvres - Babylone à 189 m, Saint-Germain-des-Prés à 231 m, Musée du Luxembourg à 349 m
  • Attention Plan Vigipirate en vigueur. Nous vous invitons à vérifier les conditions d'accueil du lieu, surtout si vous prévoyez de venir avec un gros sac.

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Plan d’accès

Vieux Colombier - Comédie Française
21 rue du Vieux-Colombier 75006 Paris
Spectacle terminé depuis le dimanche 6 janvier 2013

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Spectacle terminé depuis le dimanche 6 janvier 2013