La Voix dans le débarras

Bobigny (93)
du 31 janvier au 15 février 2014
1h20

La Voix dans le débarras

C'est dans le gouffre de la solitude, dans le chaos du monde que Raymond Federman nous entraîne mais avec une vitalité à la fois réjouissante et angoissante. C'est ce roman « parlé » à plusieurs voix qui ne respecte ni chronologie ni grammaire que Sarah Oppenheim fera entendre, cette « sur-fiction » écrite en deux langues, anglais et français, pour, selon son auteur : « Être libre, pour me libérer de tout ce qui m'empêche d'être moi et d'aller au bout de moi-même ».
  • Le jour de la Rafle du Vel d’Hiv

Pour Raymond Federman, son enfance a disparu dans le débarras où il a été caché, le jour de la Rafle du Vel d’Hiv qui l’a rendu orphelin et seul survivant de sa famille.

Il a dit à plusieurs reprises ne pas avoir de passé avant le jour où il a commencé à travailler à la ferme dans laquelle il a vécu le reste de la guerre avant son départ en Amérique : « La ferme a effacé toute ma jeunesse » écrit-il dans Retour au fumier. De ses soeurs exterminées, aucun souvenir de paroles échangées dans l’enfance ni aucune image sauf une photo retrouvée. Le débarras où il a été caché et qu’il revisite des années plus tard n’évoque de même en lui aucune sensation, juste « de l’obscurité et du silence », du vide.

C’est à partir de ce gouffre de mémoire et du sentiment irrémédiable d’absence qui l’habite depuis ce moment, que Raymond Federman s’est attelé, trente ans après la Rafle, à l’écriture de La Voix dans le débarras, comme une plongée en lui-même et dans son passé à réinventer.

  • Note de mise en scène

Avec La Voix dans le débarras, Raymond Federman passe par une écriture singulière, au plus près de la complexité de son expérience chaotique, pour exprimer la sensation de discontinuité et d’incompréhensible qui l’habite. Il en résulte un texte d’une seule et longue phrase, dénuée de ponctuation et de grammaire, monstrueux défilé de mots enfermés dans des blocs typographiques compacts : un délire verbal pris dans une contrainte spatiale et formelle, proche de la recherche plastique.

Avec ce texte, l’homme mûr libère et laisse se déverser la voix de l’enfant dans le noir qu’il était, cette voix qu’il avait jusqu’alors abandonnée « sur le seuil dans l’écart de sa voix » et qui était restée en lui comme enfermée dans le débarras. Sa parole mélangée, dans un temps intercalaire entre passé, présent et avenir, tient alors de la possession verbale, de la logorrhée quasi pulsionnelle et délirante, dont il nous appartient de démêler les fils mot à mot, entre mémoire et imagination.

Ce texte a été écrit en deux langues, d’abord dans l’anglais de l’exil puis un an plus tard dans le français maternel. Nous avons choisi de le monter dans les deux langues, prenant ce texte comme une partition à deux voix faite de bribes, d’échos, et de résonnances, mais aussi comme la matière d’un dialogue intérieur et infernal entre les doubles qui coexistent en nous.

Notre équipe réunit des personnes de plusieurs disciplines, et la place du travail visuel y est importante. Le travail plastique et graphique se fait à partir du travail des comédiens, dans le même temps des répétitions par un travail de co-écriture et d’inspiration mutuelle entre le jeu d’acteur et la création graphique et plastique. Travaillant sur le fragmentaire et l’inachevé, nous cherchons à faire circuler et résonner entre elles les bouts d’images nées des corps sur le plateau et du dessin.

Tout comme Raymond Federman écrit par « noodling » (l’écriture en nouille se rapprochant pour lui de l’improvisation en jazz), nous procéderons à un travail d’improvisation graphique au plus proche du plateau. Nous cherchons dans notre travail à suivre non pas le résultat du texte en tant que produit fini, mais son mouvement d’écriture, révélant son sens au fur et à mesure de ses avancées et ratures, traces et effacements : un travail qui serait de l’ordre du palimpseste, dont on peut percevoir les multiples strates.

En lisant La Voix dans le débarras, nous avons la sensation d’être en présence d’ombres prises dans un espace d’écriture, d’un champ de bataille du corps autant que de l’écriture. Corps et écriture s’y cherchent, s’accompagnent et s’accouchent mutuellement, luttent aussi l’un contre l’autre parfois. L’écriture y dit le chaos et l’incohérence vécue par Federman, ainsi que l’identité biffée de sa famille, inexprimable pour lui autrement que par des « xxxxx » typographiques. C’est pourquoi la parole s’écrit dans ce texte par gribouillage et palimpseste, face à l’incapacité de dire autrement que par le détour et la rature.

C’est sur cette invasion de l’écriture que nous travaillons par le biais d’un travail graphique projeté en vidéo. Nous cherchons à retrouver le mouvement de l’écriture par le dessin en direct, et à donner au public la sensation de pénétrer dans l’espace de la page.

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Spectacle terminé depuis le samedi 15 février 2014

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