La Vieille

Paris 20e
du 22 février au 5 mars 2000

La Vieille

CLASSIQUE Terminé

Dès la première lecture de ce cauchemar burlesque le lecteur est fasciné : l’écriture de Harms tourne en rond : répétitions, phrases courtes, avortées. D’énigmatiques personnages surgissent et le héros harmsien s’enfonce de plus en plus.

Il était une fois un homme roux, qui n’avait d’yeux ni d’oreilles. Il n’avait pas non plus de cheveux et c’est par convention qu’on le disait roux. Il ne pouvait parler car il n’avait pas de bouche. Il n’avait pas de nez non plus. Il n’avait même ni bras ni jambes. Il n’avait pas de ventre non plus, ni de colonne, il n’avait pas d’entrailles non plus. Il n’avait rien du tout ! De sorte qu’on se demande de qui on parle. Il est donc préférable de ne rien ajouter à son sujet.

Daniil Harms, CAHIER BLEU N° 10 (1937)

Notes sur l’auteur

Propos de mise en scène

"Et entre eux se tient le dialogue suivant." Hamsun.

Entre la fin mai et la première moitié de juin 1939, Harms écrit La vieille. Dans ce monologue se retrouvent bon nombre des angoisses et obsessions de l’auteur liées à ce quotidien nauséabond : faiblesse de l’individu, peur de l’autre, "non-sens" du monde qui nous entoure, angoisse de la page blanche, arbitraire d’un système totalitaire auquel Harms croyait très fort...

Dès la première lecture de ce cauchemar burlesque le lecteur est fasciné : l’écriture de Harms tourne en rond : répétitions, phrases courtes, avortées. D’énigmatiques personnages surgissent et le héros harmsien s’enfonce de plus en plus.Le personnage est bringuebalé tel un pantin, esclave de la cruauté du monde, un clown jeté hors des cabarets.

Une vieille fait irruption chez un auteur en mal d’inspiration, s’installe et meurt dans son fauteuil. Et tout bascule. Toutes les peurs du personnage ressurgissent : comment vivre avec un cadavre sur les bras ? IL semble en attente d’un miracle qui le sortirait de ce cauchemar. Mais rien ne vient, IL est seul avec cette vieille morte. A-t-IL encore la foi nécessaire au miracle ?

Pour transposer ce personnage sur une scène de théâtre, il fallait le faire évoluer dans un cadre moins violent que le cadre social.

Il fallait le mettre en confiance, lui laisser une chance de s’expliquer, de nous raconter cet événement. Le lieu devait être impersonnel, inoffensif, un lieu où IL oserait nous parler. Une salle d’attente, pour lui tout seul. Une salle qui attendrait qu’IL puisse nous parler, à nous, public : trois fauteuils usés, un tapis rouge au sol et un coin bien à lui au fond de cette salle protégé de nos regards par un rideau rouge.

Ce lieu clos, fermé est sa prison, sa piste de cirque; là, IL est à l’abri de ce quotidien dont IL va peut-être nous parler. Le public devient alors juge, confident, voyeur, psy... Lorsqu’IL sera prêt, IL se lancera dans son exposé. Alors, IL osera se mettre en scène. Ultime tentative de connexion… Tout est prêt. IL essaye de faire de son mieux afin que nous l’entendions, le comprenions. Et même si tout est faux, s’il n’y a pas de public, IL le croit et ça lui suffit.

Sans doute, au contact du public, va-t-IL être submergé par ces émotions, IL perdra pied, malgré les gardes fous qui jalonnent sa pensée : précision des déplacements, voix claire et précise, sourire aux lèvres, gestes mécaniques.

Surement, ca-t-IL s’embrouiller, se perdre dans ses propos et le spectateur sera là, en attente de sa désintégration totale.

Jean-Paul Mura

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Spectacle terminé depuis le dimanche 5 mars 2000

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