La Rosa Blanca

Ivry sur Seine (94)
du 6 au 18 octobre 2009
1h20

La Rosa Blanca

Un spectacle remarquable qui allie une mise en scène atypique d'Adel Hakim et une performance admirable de la comédienne Maryse Aubert. Sur fond de révolution, un voyage au coeur du Mexique des années 20.

Deux visions du monde
Une tragédie mexicaine
Processus des antagonismes
La presse

  • Deux visions du monde

Dans l’état de Veracruz, Mexique, et à San Francisco, Californie. Au début du XXe siècle, sur fond de révolution mexicaine et de ruée vers l’or noir.

La Rosa Blanca, dernier bastion agricole d’Indiens Totonaques (peuple Maya de la région Huastèque), se trouve au beau milieu des champs pétrolifères de la Condor Oil Cie. Les agents de la compagnie américaine, sur ordre de son ambitieux P.D.G., Chaney Collins, mènent de sourdes intrigues pour venir à bout de la résistance de Yacinto Yañez, le propriétaire de l’hacienda qui s’accroche à la terre des ancêtres où il vit avec ses compadres indigènes comme lui.

Deux visions opposées du monde : d’un côté, les instigateurs de la nouvelle société de consommation, le progrès technique, dans un monde expansionniste porté haut par les lois du marché du pétrole ; de l’autre côté, les gardiens d’une tradition ancestrale, liée au travail de la terre, artisanal et pénible, procurant à peine le minimum, mais ignorant l’inégalité sociale.

Au fil des événements, le narrateur, personnage de cabaret un rien démoniaque, exhibe un assortiment de portraits pittoresques qui se frictionnent, s’affrontent, résistent, dans la tourmente de l’implacable course au profit.

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  • Une tragédie mexicaine

Dans la région Huastèque, Etat de Véracruz au Mexique, et à San Francisco en Californie, au tout début de XXème siècle. Deux protagonistes, deux visions opposées du monde vont lutter pour la possession d'une hacienda, La Rosa Blanca, dernier bastion agricole d'Indiens Huastèques, au milieu de champs pétrolifères.

Les premières répliques de la pièce plantent le décor de la tragédie :

" Dans la jeune République où sévissent de grandes compagnies pétrolières américaines, la Condor Oil Company n'est certes pas la plus puissante ni la plus riche.
Mais c'est elle qui a le meilleur appétit…
La Condor Oil est la plus jeune des Compagnies en compétition au Mexique, en lutte pour conquérir la suprématie sur le marché.
Etant la plus jeune, elle est aussi la plus gourmande…
Dans le voisinage de la Condor Oil, entourée par de riches gisements de pétrole qui appartiennent tous à la Compagnie, se trouve l'hacienda La Rosa Blanca.
Elle appartient à l'Indien Yacinto Yañez.
Tout est cultivé et administré suivant les vieux usages ancestraux.
Mais la vie que l'on mène à l'hacienda est douce et paisible…
Comme Yacinto Yañez, le patron de La Rosa Blanca, est indien, qu'il se soumet aux vieilles lois indiennes parce qu'il les a dans le sang, tout conflit entre une Compagnie pétrolière américaine et lui ne peut qu'aboutir à une tragédie. "

Bien que l'on sache dès le début où l'histoire nous conduit, on reste tout au long de sa narration accroché au déroulement des intrigues sourdes que mènent les agents de la Condor Oil, sur ordre de son ambitieux P.D.G, Mr. Chaney Collins, pour venir à bout de la résistance du paysan indien Yacinto Yañez.

Ce récit est aussi une magnifique galerie de portraits où se croisent, se frictionnent, s'affrontent les acteurs d'un monde en plein bouleversement ; d'un côté les instigateurs d'une modernité expansionniste portée haut par les lois du profit, de l'autre, les gardiens d'une tradition ancestrale, héros d'un monde en survivance où la vie de l'homme se fond dans la Nature. Entre les deux, les intermédiaires, les "Métis de la vie" qui tentent vainement de mêler deux mondes totalement étrangers l'un à l'autre, irréconciliables. Cependant, chaque partie croit ferme en ses valeurs : le progrès technique, le travail moins dur, la consommation, mais un monde sans pitié, face au travail de la terre, pénible et artisanal, procurant à peine le minimum mais ponctué de chansons et de joie, ignorant l'inégalité sociale.

Le processus de l'absorption de La Rosa Blanca par la Condor Oil Compagnie est disséqué, comme dans un documentaire naturaliste, l'ironie du sort en toile de fond. Pas de pessimisme dans cette histoire, pas d'optimisme non plus. Mais les faits laissant au spectateur son propre jugement. Les personnages de B. Traven n'ont que faire des sentiments qu'ils suscitent. Les grands prédateurs font rire de l'incroyable ingéniosité qu'ils déploient pour arriver à leur fin. Les victimes ont le dos raide et la dignité de ceux qui choisissent leur mort.

Maryse Aubert

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  • Processus des antagonismes

Toute une série de processus est mise à jour dans le roman de B. Traven.

Tout d'abord les processus externes, en particulier ce choc entre la modernité et la tradition. Les objectifs d'une compagnie pétrolière et d'une ferme à l'indienne sont diamétralement opposés. D'un côté l'esprit de conquête, la compétitivité, la course au pouvoir et à l'argent, des rêves de confort et de luxe, l'inventivité, l'ingéniosité d'une formidable machine de guerre dotée des moyens technologiques, juridiques, administratifs et de la puissance financière ; de l'autre, l'attachement à la terre, le bon sens paysan, la recherche de la paix et de la tranquillité, le rattachement à des traditions fortes et humanistes mais aussi une forme d'immobilisme, de conservatisme et d'incapacité à réaliser combien le monde tout autour se transforme et évolue, rendant illusoires ces dernières formes de résistance archaïque.

Pas de manichéisme chez B. Traven ; il n'y a pas l'enfer d'un côté, le paradis de l'autre. L'ancien doit, dans la souffrance, la lutte, la résistance, la désillusion, bon gré malgré, accepter la loi de la transformation et entrer dans la modernité. Le devenir de la population de La Rosa Blanca répond à un destin, comme chez les Grecs Anciens, et en ce sens il s'agit bien d'une tragédie, avec ce qu'elle comporte d'irrémédiable. Sauf qu'ici ce ne sont pas les dieux qui décident du devenir des hommes mais le cours de l'Histoire et les enjeux économiques.

Il y a ensuite les processus internes, et c'est ce qui fait de l'œuvre de Traven non pas une thèse mais une œuvre poétique et théâtrale. Ce qui est intéressant chez les adversaires du duel, Chaney Collins et Yacinto Yañez, ce n'est pas qu'ils répondent mécaniquement aux processus externes dont ils sont les produits, mais qu'ils sont mus par des motivations psychologiques. Ces dernières peuvent paraître secondaires par rapport au "cours de l'Histoire" alors qu'elles sont en réalité déterminantes.

Ce qui conduit Collins à vouloir absolument racheter La Rosa Blanca, c'est autant l'entretien de son harem, de ses maîtresses et de leur train de vie extravagant particulièrement dispendieux, que la compétitivité de la Condor Oil. En quoi les intérêts individuels, privés, égoïstes de Collins rejoignent-ils les intérêts de l'entreprise qu'il dirige, voilà où l'œuvre frappe fort et juste. Tout comme chez Brecht. Traven dissèque le sens profond de ce que signifie la réussite dans le monde des affaires, il explore les soubassements des comportements d'un grand chef d'entreprise, et par conséquent de la logique capitaliste qui est une logique de prédateur.

La psychologie de Yacinto, elle, est liée au fonctionnement de la terre et à une question presque aussi simple qu'unique : qui va produire le maïs, qui va nourrir les habitants de La Rosa Blanca ? Mentalité de la terre, comportement terre à terre. Il faut que les usages aussi bien que la propriété soient transmis de génération en génération. Si ce bien est dilapidé ou vendu, les fondements de la vie se dissolvent.

C'est pourquoi, quelles que soient les sommes qu'on lui propose, Yacinto ne peut accepter de se départir de La Rosa Blanca. Il ne connaît pas d'autre mode de vie que celui que lui procure l'hacienda. Les intrigues, les subtilités des juridictions maniées par les cabinets d'avocats américains, les déloyautés et les coups bas qui sont le quotidien du monde des affaires ne font pas partie de son univers mental.

Au fil des événements, le narrateur, personnage de cabaret un rien démoniaque, exhibe un assortiment de portraits pittoresques qui se frictionnent, s'affrontent, résistent, dans la tourmente de l'implacable course au profit.

Adel Hakim

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  • La presse

"Avec une profonde élégance et sans fausse note, le noir du pétrole combat ici la blancheur de la rose. Le spectacle captive." Pariscope

"Maryse Aubert, à la manière d'une meneuse de cabaret, joue tous les personnages de ce qui apparaît comme un conte." Télérama

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Spectacle terminé depuis le dimanche 18 octobre 2009

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