La Marmite

Lille (59)
du 7 au 16 février 2003

La Marmite

" Quand la mort eut pris Plaute, la comédie fut en deuil. La scène déserte. Et le rire, le jeu, la plaisanterie, les rythmes sans nombre, ensemble ont pleuré. " Epitaphe de Plaute

Un carnaval sombre
La danse des mots
L'avarice est moche

" Quand la mort eut pris Plaute, la comédie fut en deuil. La scène déserte. Et le rire, le jeu, la plaisanterie, les rythmes sans nombre, ensemble ont pleuré. " Epitaphe de Plaute

" Plaute (254-184 av. J.-C.) est sûrement le plus italien des auteurs comiques latins. Et si l'on devait lui trouver un parent dans le spectacle contemporain, c'est à Fellini qu'on penserait d'abord... Mais parce qu'il a été à Rome l'un des comiques les plus efficaces, on n'a pas su voir son art poétique... " Florence Dupont

La Marmite - c'est le modèle de L'Avare de Molière - décrit les aventures cruelles et grotesques d'Euclion, qui, à force de craindre qu'on ne découvre son or, se le fait évidemment voler. La pièce donne le sentiment d'une grande violence sociale ; on reconnaît parfaitement ce qui anime tous les personnages : le sexe, l'argent, les femmes comme monnaie d'échange et le goût de l'intrigue... La brutale et géniale mise à nu des ressorts de la survie et des machinations qui en découlent fait comprendre pourquoi de grands dramaturges tels que Shakespeare, Corneille, Molière ont pu trouver leur inspiration chez Plaute. Outre la brutalité sociale, la singularité saisissante de son théâtre, c'est l'adresse constante, massive, des acteurs-personnages au public : questionnements, monologues, apartés...

Mon désir est d'exalter le caractère sombrement carnavalesque des personnages et des situations tout en les plongeant dans un univers théâtral contemporain : mise en scène, décors et costumes modernes, à l'instar de la musique créée spécialement par Marc-Olivier Dupin et présente sur la scène. Seule concession à l'époque de Plaute : les femmes seront jouées par des hommes.
La fin de la pièce manque. C'est pour combler cette lacune que François Regnault et Gérard Wajcman en ont imaginé deux versions différentes.

Brigitte Jaques-Wajeman

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Pourquoi traduire Plaute, ou plutôt le retraduire ? Parce que jusqu'à présent même les meilleures traductions ont été écrites pour être lues et non pour être dites, encore moins pour être chantées. Or les textes du théâtre romain n'étaient pas destinés à la lecture mais à la scène, destinés à la voix et au mouvement. Le théâtre romain n'est pas un théâtre littéraire et c'est là sa modernité : son oralité qui en fait notre contemporain exige aussi une traduction orale. Pour le traducteur, il s'agit d'entendre le texte avant de le traduire, d'en imaginer le souffle, le rythme et la mélodie. Certes, ceci est vrai pour tous les textes de théâtre, mais cette oralité est primordiale car les comédies sont écrites en vers et toute une partie du texte est destinée à être chantée. Chaque type de vers indique un jeu et une voix particuliers. Fallait-il traduire en vers ? Non car la versification écrite ne correspond pas automatiquement à une versification orale, autrement dit un vers écrit n'est pas forcément entendu. En revanche la traduction doit prendre en compte ce qu'indique chaque type de vers, en ce qui concerne la façon dont doit être joué le texte.

(...) Ainsi une scène parlée, et non chantée, est l'occasion d'exercices de style, de jeux de mots, de numéros de virtuosité verbale. Il convient que la traduction ne rate aucune plaisanterie et donne aux mots, qui font ici tout le spectacle, toute leur valeur de son et de sens (...). Très souvent les répliques s'enchaînent sur des cascades de jeux verbaux. Or rien n'est plus spécifique d'une culture que ces jeux de sens et de son, il convient donc que le traducteur repère ces enchaînements en latin et trouve des équivalents en français. Sinon la traduction semblera plate et pâle. Dans les scènes chantées, le texte ne fonctionne pas de la même façon que dans les scènes parlées. Quand il s'agit d'une musique monodique, différente selon les rôles, la parole, comme la musique, sert au personnage à développer son rôle. Il y a un effet de distanciation, l'acteur montre son personnage, il en souligne tel ou tel trait selon la scène, souvent à la limite de se caricaturer lui-même (...).

Il fallait retraduire Plaute pour le redécouvrir, et le dégager de décennies d'interprétations classiques, comme on a redécouvert la musique baroque française en la jouant sur des instruments reconstitués et en retrouvant le jeu des musiciens de ce siècle. Il fallait retraduire Plaute pour le débarrasser de sa mauvaise image d'auteur moraliste et farcesque, aussi lourd que bien pensant. 

Florence Dupont 

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De tous les péchés capitaux, l'Avarice est celui pour lequel nous avons le moins d'indulgence. Pas simplement détestable : unanimement haï. Ceci reste sans lien direct avec une éventuelle gradation des vices : après tout, on trouve l'Avare au quatrième cercle de l'Enfer dantesque, à rouler des rochers, quand le Coléreux barbote, lui, au cinquième, dans les eaux bourbeuses du Styx. Or, on accordera qu'il est pensable, admis voire recommandable de se dire orgueilleux, gourmand, luxurieux ou colérique ; avec pose, on s'avouera paresseux ; dans un accès théâtral de franchise, on s'accusera d'être envieux, de la terre entière ; mais avare, jamais.

Si le vocabulaire est maigre pour piquer le gourmand, la langue n'est guère avare pour vitupérer le rapiat. On le dira avaricieux, regardant, ladre, grigou, grippe-sou, liardeur, pince-maille, pleure-misère, tire-sou, fesse-mathieu, regrattier, barguigneur, pingre, grimelin, mauvais riche, chien, rat, vampire, vautour, rapace, radin, gredin, harpie, vilain, harpagon ; on dénoncera ses défauts en kyrielle, avidité, âpreté, barguignage, chicheté. parcimonie, sordidité, petitesse, vilenie, mesquinerie, amour de l'argent, soif de l'or ; on fustigera sa lésine (économie sordide et ingénieuse connue surtout sous la forme verbale et ingénieuse qui enjoint toujours de ne pas lésiner) ; on le taxera de dur, tenace, affamé, avide (ce que le mot avare signifiait aussi jusqu'au XVIe), vénal, chiche, regardant, serré, sordide, crasse, mesquin, chipotier, vénal, cupide. La langue est un trésor, y compris pour un avare de mots.

De là, par contraste, frappe que tous les péchés, peu ou prou, font lien social, se disposent à la collectivisation. On pèche volontiers en groupe, on se donne la main pour former des fraternités pécheresses qui comparaîtront en file indienne au jour du Jugement Dernier. On admet que les luxurieux vont en bande, qu'il peut se former des couples d'orgueilleux, des groupes d'hommes en colère (par 12, ou plus), des tablées de gourmands, et des chambrées de paresseux. Mais une A.A., Amicale des Avares, cela ne se conçoit simplement pas. L'Avare va seul, il ne se compte que jusqu'à un. Par définition. Définitivement. Je ne dis pas désespérément. Il s'en accommode, mieux : il y aspire.

D'un autre côté, l'Avare n'est pas exactement seul-seul : il a un rapport essentiel au monde, soit comme ce qui recèle l'or qu'il n'a pas, et donc dont il manque, cruellement, et donc qu'il convoite, soit comme ce qui menace l'or qu'il possède et qui risque incessamment de lui manquer. Les êtres sont ainsi instrumentalisés par sa passion, comme ce qui peut, d'une façon ou d'une autre, la satisfaire. On voit tout de suite qu'il n'y a, dans ce monde, qu'un seul mode sous lequel un autre sujet peut apparaître : comme voleur potentiel. Toute autre volonté est hostile. Tout autre désir que celui de l'Avare est ennemi, par définition, plus que rival, menaçant et mortel. La volonté de l'Avare emporte l'exclusion de toute autre volonté, parce que toute autre volonté, qui ne se renonce pas elle-même, qui n'est pas mobilisée au service de son bien, va forcément contre son bien. Toute autre aspiration devient conspiration. L'homme veut le bien de l'autre, dit-on ; la formule peut s'entendre soit comme une douce et profonde charité humaine, soit comme celle d'une essentielle et criminelle invidia. 

Gérard Wajcman
Extraits de Collection, suivi de L'Avarice (éditions Nous, 1999)

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Sélection d’avis du public

La Marmite Le 8 février 2003 à 13h26

c'est une pièce entrainante, trés drole, osée sans être vulgaire!! J'ai adoré et ris pendant 1h 45, les acteurs sont géniaux et bourrés de dynamisme! Ils font participer les spectateurs! La touche musicale donne un enthousiasme énorme!! Je me permet de conseiller cette pièce à tout le monde!

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La Marmite Le 8 février 2003 à 13h26

c'est une pièce entrainante, trés drole, osée sans être vulgaire!! J'ai adoré et ris pendant 1h 45, les acteurs sont géniaux et bourrés de dynamisme! Ils font participer les spectateurs! La touche musicale donne un enthousiasme énorme!! Je me permet de conseiller cette pièce à tout le monde!

Informations pratiques

Théâtre du Nord

4, place du Général de Gaulle 59026 Lille

Accès handicapé (sous conditions) Bar Librairie/boutique Salle climatisée
Spectacle terminé depuis le dimanche 16 février 2003

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Spectacle terminé depuis le dimanche 16 février 2003