La Danse du Séquoia

C’est une curieuse sorte de charmant grand voyageur qui vient à notre rencontre. Du voyageur, il en a en tout cas les traits : l’allure altière et burinée, le verbe précis et coloré, la diction envoûtante,  l’humour délicieusement serein.
Et pourtant, deux choses étonnent encore : d’abord, ce globe-trotter ne rapporte de ses voyages ni photos, ni films, ni objets. Ses souvenirs, il les dit, il les mime, il les bruite, mieux … il est, tour à tour, avec une vérité confondante, le grand séquoia, le barrage de la baie Saint James, le cygne rouge d ’Abyssinie, l’éléphant sacré du Pendjab, ou l’allumette de la dernière chance… dans une gesticulation poétique aux frontières de la folie.

Et puis, mais ne devrais-je pas le taire ? Malgré, ou à cause, du fabuleux talent de narrateur de cet aventurier hors du commun, l’assistance se demande, peu à peu, si ce héros au sourire enjôleur a vraiment arpenté le monde d’un pôle à l’autre, ou s’il n’a pas, plutôt, tout vécu dans sa tête, tout inventé, tout rêvé …
Ce qui, tout bien pesé, serait encore plus beau !

François Rollin

Patrick Robine est tout à la fois, image et son, et peut très bien physiquement, sous nos yeux, devenir en un instant une forêt de séquoias, une vague océane , une plume, un encrier, ou une feuille de papier sur laquelle s’inscrivent des textes fantastiquement drôles et drôlement fantastiques …
Les éclats de rires qu’il nous offre contiennent des trésors d’observation, d’invention de sensations et d’émotions.

Pierre Etaix