L'île des esclaves

du 13 septembre au 30 décembre 2005

L'île des esclaves

CLASSIQUE Terminé

« ... ce n'est plus votre vie que nous poursuivons, c'est la barbarie de vos coeurs que nous voulons détruire... ».

« ... ce n'est plus votre vie que nous poursuivons, c'est la barbarie de vos coeurs que nous voulons détruire... ».

  • Entrevue avec Marivaux

Monsieur Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux, pourquoi l’Ile des Esclaves ?
P.C.C. Marivaux
: chaque fois que j’écris une pièce on me pose la même question, alors que le « pourquoi » et le « comment » existent dans l’œuvre elle même. 

C’était pertinent de votre part d’avoir osé critiquer le comportement des maîtres de votre époque et d’avoir insisté sur la bonté des esclaves et des valets. Et bien sûr comme toujours tout finit bien.
PCCM : c’est votre lecture, moi j’avais raconté une histoire, point. Par la suite on m’a collé l’étiquette de « moraliste », de père du « marivaudage »... et de je ne sais quoi d’autre. Vous avez dit «  Tout finit bien » vous êtes drôle Monsieur. A l’époque tout devait bien finir, sinon on n’est pas au théâtre. D’ailleurs aujourd’hui encore tout finit bien, soit pour les personnages, soit pour les spectateurs et souvent pour tout le monde. Mais pardonnez-moi, dans vos salles de spectacles on ne vend que des « happy end » et il n’y a pas d’émeutes ou de révoltes devant vos théâtres. Pourtant dans vos spectacles subventionnés on ne voit que des décors et des costumes qui coûtent cher aux contribuables et en plus, les salles sont vides. Pire, vos théâtres ne sont même pas gérés par des artistes puisqu’ils abritent plus de gens qui travaillent dans les bureaux que d’acteurs.

Oui mais de nos jours la classe moyenne peut aller au théâtre.
PCCM : <vous avez bien dit « la classe moyenne » alors que moi, sous l’ancien régime, je rêvais de voir des valets venir assister à mes pièces. Chez les grecs il y avait même des esclaves qui allaient au théâtre.

Oui, mais à votre époque il y avait « le code noir » qui régissait légalement la traite des esclaves africains et puis tous les hommes ne naissaient pas libres et égaux.
PCCM
: parce qu’aujourd’hui vous croyez qu’ils naissent libres et égaux !? Vous me faites rire et vous mélangez tout. Vous oubliez que Karl Marx n’était pas encore né, Brecht non plus, et puis je n’avais pas encore connu « les Lumières ». Quant à Shakespeare je ne l’avais pas encore lu.

Revenons à l’Ile des Esclaves.
PCCM
: vous me fatiguez avec votre « île des esclaves » vous l’aviez oublié durant deux siècles et soudain elle vous parait utile, comme c’est bizarre ! Je crains que vous ne souffriez d’un déficit d’auteurs pour écrire sur votre monde d’aujourd’hui !

La distance nous manque, il nous faut un ancien ou quelqu’un qui n’est pas encore né pour pouvoir regarder le monde de loin et vers le lointain. C’est pourquoi nous continuons à revisiter les grands classiques, l’île des esclaves en fait partie.
PCCM
: Là, vous me flattez, vous me rappelez Arlequin ! Alors je vais vous répondre et puis on va s’arrêter là. Quand j’ai écrit cette pièce, ça marchait pour moi, surtout après le succès de La Double Inconstance. J’avais découvert un truc : « l’inversion des rôles », que j’utilisais, avec d’autres ingrédients, dans mes pièces d’amour que vous connaissez. A l’époque, les gens aimaient ce genre de théâtre et les acteurs avaient des « emplois ». Tout baignait pour moi. Pourtant quelques esprits malveillants me considéraient comme un auteur mineur. Alors j’ai décidé de raconter une histoire qui ferait peur à mes contemporains, en mettant les nobles et les maîtres en situation d’isolement, de ridicule et de perte de statut social et de privilèges. C’est comme si je vous disais à vous d’abandonner votre téléphone portable, votre voiture, votre télé, vos vacances, vos parfums et de partager votre salaire avec un citoyen pauvre ou malade quelques part sur la terre. Tout ce que je viens de citer, ce sont des privilèges, et en même temps des droits et des acquis. C’était exactement la même chose sous l’ancien régime, les privilèges étaient des « droits ».

Evidemment cette histoire faisait peur aux maîtres de mon époque. L’hypothèse était mortelle pour eux. Il fallait qu’ils se mettent à la place de personnages « maîtres » dépourvus de leur pouvoir et dominés par leurs valets. Par ce procédé de provocation et de comédie, je croyais leur faire du bien. Je pensais qu’ils allaient s’assouplir, devenir respectueux des pauvres, des dominés et des humiliés. Sinon ces derniers accumuleraient la haine, et l’irréparable adviendrait. L’Histoire ne m’a pas démenti : un demi-siècle plus tard, la tête de notre roi fut coupée. Puis ce fut la suite tragique partout dans le monde, à chaque fois qu’il y a eu tentative de changer les sociétés rongées par l’injustice. Alors faites attention aux injustices et surtout à l’humiliation de l’autre, parce qu’un jour ou l’autre vous en payerez le prix…

On peut donc conclure que L’Ile des Esclaves est une tentative d’œuvre politique » ?
PCCM
: écoutez, vous me fatiguez avec votre classification débile, je m’en vais…

M. Saïd

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Spectacle terminé depuis le vendredi 30 décembre 2005

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