L'affaire de l'esclave Furcy

Paris 20e
du 20 novembre au 15 décembre 2012
1h15

L'affaire de l'esclave Furcy

Grâce à ses talents de conteur et à son extraordinaire présence, Hassane Kassi Kouyaté parvient à redonner vie à Furcy, esclave sur l’île de La Réunion en lutte pour faire reconnaître ses droits par la Justice française. Une histoire aussi vraie qu’incroyable !

Déjouer l’évidence, révéler les complexités et les ambiguïtés
Conjoindre les mémoires
Interview d'Hassane K. Kouyaté
La presse

  • Déjouer l’évidence, révéler les complexités et les ambiguïtés

Nous sommes en 1817 à Saint-Denis de La Réunion alors île Bourbon et l’homme qui prononce ces mots tient dans sa main la Déclaration des Droits de l’Homme. Un esclave qui réclame ses droits. Du jamais vu. De l’inédit. L’esclave Furcy a osé. Il a osé revendiquer ses droits, juste ses droits. Il a osé assigner son maître en justice, réclamer sa liberté. Il sera aidé par un procureur général mais les esclavagistes sont là, puissants, influents. Le combat durera vingt-sept ans.

Mohammed Aïssaoui a mené l’enquête et révélé au grand public L’Affaire de l’esclave Furcy (prix Renaudot de l'essai 2010). Et c’est Hassane Kassi Kouyaté qui en sera le conteur avec le souhait de mettre des mots sur le néant, une voix sur l’absence. Un état-civil. De traquer l’Histoire dans ses coins d’ombre, dans ses complicités, dans ses silences, dans ses pages insupportablement vierges. Déjouer l’évidence, révéler les complexités et les ambiguïtés. Et au-delà d’un seul nom et du combat d’un homme, la dignité de tous, la cohorte debout des damnés.

Adaptation de Patrick Le Mauff et Hassane Kassi Kouyaté.

  • Conjoindre les mémoires

Quand j’ai lu L’affaire de l’esclave Furcy de Mohammed Aïssaoui, dans le livre ce n’est pas l’histoire de esclavage qui m’a intéressé. Edouard Glissant disait : « Les mémoires des esclaves ne cherchent pas à raviver les revendications ou les réclamations avant toutes choses. Dans le monde total qui nous est aujourd’hui donné ou imposé, la poétique du partage, de la différence consentie, de la solidarité des devenirs naturels et culturels, qui décide d’une communauté de politiques appropriées à mettre en oeuvre, (de manière singulière mais concordante), dans les diverses situations du monde, nous incline vers un rassemblement, des mémoires, une convergence des générosité, une impétuosité de la connaissance, dont nous avons tous besoin, individus et communautés, d’où que nous soyons.

Conjoindre les mémoires, les libérer les unes par les autres, c’est ouvrir les chemins de la relation mondiale. » Au-delà de l’aspect historique du propos, au-là du récit lui-même très prenant, au-delà de l’émouvant portrait de Furcy qui se dessine page après page, c’est un vrai souci de nuance et de justesse doublé d’une réflexion sur la cupidité, l’honneur, la responsabilité, l’engagement et la dignité de l’Homme qui m’a intéressé. Cet ouvrage d’enquête tient en haleine et plonge dans une partie de l’histoire de l’humanité avec une écriture sobre, belle et efficace. Le travail de mise en scène consistera à mettre en avant au-delà de l’aspect historique du propos, la complexité et la richesse qui caractérise les personnages principaux de l’histoire ; les ressorts qui poussent un être à asservir son prochain.

Nous ferons un travail important sur le jeu d’acteur qui naviguera entre le conteur et l’acteur à la composition de plusieurs personnages différents. Une scénographie très dépouillée marquée par quelques projections d’images subliminales afin d’agrandir le champ de l’imaginaire du public. Un univers sonore très léger aidera à nuancer ou à appuyer les situations en scènes.

Patrick Le Mauff

  • Interview d'Hassane K. Kouyaté

Bernard Magnier : Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à vous emparer de ce texte pour en faire un spectacle ?
Hassane Kassi Kouyaté : Depuis longtemps je voulais travailler sur l’esclavage. Pour des raisons personnelles, tout d’abord. Mon père, Sotigui, a travaillé sur cette thématique. En 1982, il a tenu le rôle principal dans le film de Christian Richard, Le courage des autres et il a essuyé des réactions très violentes car ce film osait braver certains tabous et dire que les Blancs n’étaient pas seuls responsables et que des Noirs avaient vendu des Noirs. Mon père a mal vécu ces réactions et d’une certaine façon j’ai envie de poursuivre le travail de vérité autour de cette thématique.
Je souhaite également aborder ce thème pour des raisons idéologiques. La conscience collective moyenne met en cause le Blanc contre le Noir. La réalité est plus complexe. Ce ne sont pas toujours les Blancs qui ont vendu les Noirs, ce ne sont pas les Blancs qui sont entrés dans les terres pour y trouver des esclaves... L’esclavage est d’abord un fait économique, ce n’est pas un fait racial. Le Blanc n’a pas fabriqué des esclaves parce qu’il était blanc. Il l’a fait pour des raisons économiques, des raisons de pouvoir… L’esclavage est devenu un mythe, en Afrique comme en Europe. Un sujet dont on ne parle pas. Un sujet qui n’est pas enseigné ou si peu. Les jeunes ne savent pas ce qui s’est passé ! La colonisation est plus enseignée que l’esclavage. Or je suis griot et j’ai un devoir par rapport à la transmission de l’histoire. Je sais le poids de l’Histoire et son importance pour la construction de l’avenir. Il nous faut regarder le passé en face et faire un véritable état des lieux, sans aucune complaisance. Le livre de Mohammed Aïssaoui m’a paru un moyen assez simple et efficace de parler de ce phénomène, à travers la destinée singulière de ce personnage. Le théâtre est un bon outil pour aborder ces sujets, De plus, c’est aussi un moyen de faire connaitre certaines oeuvres littéraires à une population qui ne lit pas ou très peu.

Mohammed Aïssaoui a choisi d’emprunter la voix du narrateur. Allez-vous conserver cet axe ? Allez-vous choisir un autre point de vue ?
L’histoire est déjà complexe et il était inutile de créer une fiction artificielle dans un récit - celui de cette quête qui a duré 27 ans - qui se suffit à lui-même. Amener un autre point de vue n’aurait fait que la rendre plus complexe encore. Dans son livre, Mohammed Aïssaoui donne son point de vue, ce qui en soi est intéressant et nous avons donc gardé la voix de la narration, et, plus précisément, la voix de Mohammed Aïssaoui. L’acteur représentera Mohammed Aïssaoui et portera sa parole. Il nous semblait important de montrer les interrogations de l’auteur et ainsi raconter une partie de l’enquête qu’il a menée.

Quel vont être vos partis-pris de mise en scène ?
C’est le principe de l’acteur-conteur qui sera adopté, et, par moments, le narrateur incarnera quelques autres personnages de l’histoire. Nous avons pris le parti de suivre principalement trois personnages : Furcy, le procureur Boucher et Desbassayns. Tout cela sera appuyé par un univers sonore et des images seront projetées. Je souhaite faire un théâtre documentaire. Je dois donc être au plus proche de la réalité. Je tiens à montrer le plus possible la réalité de l’esclavage, les conditions de vie, de transport des esclaves. Je vais utiliser les documents dont nous disposons sur le sujet.

Avez-vous pensé un instant vous mettre dans la peau de Furcy ?
D’un point de vue théâtral, Furcy n’est pas intéressant. Il est trop beau, trop lisse. C’est un homme droit, sans défaut. Or la dramaturgie a besoin de conflits, de contradictions. De ce point de vue, Furcy ne m’intéresse pas ! Boucher me plait davantage car il a plus à perdre que Furcy dans cette affaire. Et il va jusqu’au bout. Et il en subit les conséquences ! Desbassayns me plait également. C’est un méchant. C’est un personnage riche qui lui aussi va jusqu’au bout de ses idées.

La thématique de l’esclavage est un sujet assez peu présent dans les littératures africaines. Contrairement aux écrivains américains et caribéens, très peu de romanciers ont évoqué ce sujet. Comment expliquez-vous ce « silence » africain sur la question ?
Ce « silence » africain comme vous dites est dû au fait que la question de l’esclavage ne fait pas parti des urgences ni des préoccupations des Africains. Nos écrivains se sont plus penchés sur la négritude, la colonisation, la né-colonisation, les indépendances, la démocratie, les guerres…. Ce ne sont pas les mêmes préoccupations, et donc pas les mêmes priorités chez les écrivains américains et caribéens.

Cette absence serait-elle une des raisons qui vous ont amené à vous intéresser à ce livre ?
Oui cette absence est une des raisons qui m’a poussé à m’intéresser à ce livre. Il me semble important même essentiel de faire connaitre ce grand drame de notre histoire et les véritables moteurs qui l’ont rendu possible.

Y a t-il chez vous une volonté didactique ?
Documentaire plutôt. Le but n’est pas de réveiller des rancoeurs mais d’informer. Pour que l’on sache. Pour que l’Histoire nous serve à construire un avenir un peu plus viable pour nous et pour nos enfants. Pour que l’on se pose la question : et maintenant que faisonsnous ensemble, aujourd’hui ?

  • La presse

« Hassane Kassi Kouyaté joue le texte en faisant de savoureux apartés avec le public.(...) Le comédien conteur, fils du grand Sotigui, perpétue avec excellence cette belle lignée de griots Burkinabè. On s'en réjouit tant cette histoire a du souffle. » L'Humanité

« Hassane K. Kouyaté conte l'affaire et les recherches menées par le journaliste Mohammed Aïssaoui. Comédien, il interprète tour à tour les personnages de cette étonnante affaire dans une mise en scène dépouillée et efficace. » Jeune Afrique

« On est pendant une heure et demie tout yeux, tout oreilles. Le spectacle requiert une grande attention car il n'y a que les mots du conteur pour mettre en branle l'imagination, mais ils vous marquent à jamais. » Valeurs actuelles

« Une enquête très sérieuse sur une page de notre histoire. » Historia

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Spectacle terminé depuis le samedi 15 décembre 2012

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