L'Ecole des Femmes

du 15 mars au 4 mai 2002

L'Ecole des Femmes

CLASSIQUE Terminé

A travers les siècles, le génie de Molière nous parle toujours avec la même acuité de nos existences pathétiques et dérisoires, et L'école des femmes nous le démontre avec éclat. C'est un hymne au jeu du théâtre que nous offrent les acteurs, où le tragique de la souffrance d'un homme nous touche et nous fait rire, o

Présentation  
La réponse de Molière aux critiques de l'Ecole des Femmes

" Votre sexe n'est là que pour la dépendance : 
Du côté de la barbe est la toute-puissance,
Bien qu'on soit deux moitiés de la société,
Ces deux moitiés pourtant n'ont point d'égalité :
L'une est moitié suprême, et l'autre subalterne ; "

Arnolphe à Agnès

Créée en 1663 , cette première " grande comédie " en cinq actes marque à la fois un sommet et un tournant dans la carrière de Molière. Construite selon les règles de la dramaturgie classique, elle allie la farce à la comédie d'intrigue et de caractère. L'amour, la jalousie, l'infidélité, l'éducation des femmes, la liberté sont autant de thèmes abordés .

A travers les siècles, le génie de Molière nous parle toujours avec la même acuité de nos existences pathétiques et dérisoires et L'Ecole de femmes nous le montre avec éclat.

L'histoire est simple. Un homme mûr, riche, industrieux envisage d'épouser sa pupille, Agnès, qu'il a fait élever à cette fin. Il croit avoir le droit de posséder son amour et compte sur l'innocence et la soumission de la jeune fille pour se préserver du cocuage. Mais Horace et Agnès se rencontrent à son insu…

Nous avons replacé cette pièce sur un plateau de théâtre qui s'avoue comme tel : une simple estrade posée sur une place de village ou dans une cour de ferme. En quelque sorte, il s'agit de "jouer à jouer" "L'Ecole des Femmes", de retrouver' " l'esprit tréteaux " de cette pièce située entre "Georges Dandin", comédie douce amère pleine de ruralité et "Les Fourberies de Scapin", farce Moliéresque par excellence... Si l'évolution d'Arnolphe, pris au piège d'un amour malsain à la limite "pédophile", l'accule logiquement au suicide, ce suicide n'aura lieu, s'il a lieu, qu'en dehors de la scène. 

Molière a voulu une comédie "triviale" ( nous sommes loin de l'élégance "salonarde" du "Misanthrope" ou des "Femmes Savantes" ), il a voulu une comédie de plein air où les mots d'auteur quelque fois à la limite du bon goût "le petit chat est mort", "les enfants par l'oreille", "la femme est le potage de l'homme" ... viennent casser en permanence la tentation naturelle de basculer dans le drame.

Si l'esprit de tréteaux - spectacle de place ou de rue - est celui de notre montage, nous ne négligeons pas pour autant les arrières plans de la pièce, sa dimension humaine, essentiellement celle d'Arnolphe, personnage pivot qui ne parle que de lui (car dans cette pièce le "moi", pourtant haïssable selon Boileau, est omniprésent). Si Arnolphe est odieux dans ses absolutismes et ses obscurantismes, il ne nous apparaît pas moins pathétique quand il aime et souffre de ne pas être aimé. L'expression de cette détresse qui prend, dans la deuxième partie de la pièce, la dimension d'une rage tragique est d'autant plus forte qu'elle se fait dans une représentation théâtralisée à l'excès, distanciant ainsi le personnage et l'acteur de façon quasi-Pirandellienne, donnant aux accents douloureux d'Arnolphe, malgré ou grâce aux alexandrins du dix-septième siècle, une résonance d'une surprenante modernité.

Le drame n'est pas loin, il est omniprésent derrière chaque vers, il prend le masque de la farce pour mieux atteindre, le rire monte, s'étrangle... et juste avant de se transformer en larmes, il redouble. C'est le jeu du théâtre, c'est le jeu voulu par Molière. 

Ici, plus qu'ailleurs, le rire est la "politesse du désespoir".

Régis et Marie- France Santon

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Face aux critiques, parfois violentes, qui se sont exprimées au moment de la création de L'Ecole des femmes, Molière a choisi de répondre par la forme qu'il connaissait le mieux : une pièce de théâtre. Voici donc, quelques dialogues choisis de : La critique de L'Ecole des femmes.

Le Marquis : ( à propos de la pièce L'Ecole des femmes ) … je la trouve détestable ; morbleu ! détestable du dernier détestable ; ce qu'on appelle détestable.

Dorante : Et moi, mon cher je trouve le jugement détestable et je prétends la soutenir.

Le Marquis : Parbleu ! je la garantis détestable.

Dorante : La caution n'est pas bourgeoise. Mais, par quelle raison, de grâce, cette comédie est-elle ce que tu dis ?

Le Marquis : Elle est détestable, parce qu'elle est détestable.

Dorante : Après cela, il n'y aura plus rien à dire : voilà son procès fait. Mais encore instruisons-nous, et dis-nous les défauts qui y sont.

Le Marquis : Que sais-je moi ? Je ne me suis pas seulement donné la peine de l'écouter... Il ne faut que voir les continuels éclats de rire que le parterre y fait. Je ne veux point d'autre chose pour témoigner qu'elle ne vaut rien.

Dorante : Tu es donc de ces Messieurs du bel air qui seraient fâchés d'avoir ri avec le parterre, fût-ce de la meilleure chose du monde ? Apprends, je te prie, que debout ou assis, on peut donner un mauvais jugement…

(...) 

Climène : Mais enfin je ne sais pas de quelle façon vous recevez les injures qu'on dit à notre sexe et pour moi, je vous avoue que je suis dans une colère épouvantable, de voir que cet auteur impertinent nous appelle des animaux.

Dorante : Ne savez-vous pas que les injures des amants n'offensent jamais ?

Elise : Dites tout ce que vous voudrez mais je ne saurais digérer le potage et la tarte à la crème.

Le Marquis : Ah ! ma foi, oui, tarte à la crème ! voilà ce que j'avais remarqué, tarte à la crème ! Tarte à la crème, morbleu ! tarte à la crème !

Dorante : Eh bien ! que veux- tu dire : tarte à la crème ?

Le Marquis : Parbleu ! tarte à la crème.

Dorante : Mais encore ?

Le Marquis : Tarte à la crème !

Dorante : Dis-nous un peu tes raisons.

Le Marquis : Tarte à la crème !

Uranie : Ah ! je le quitte !

Elise : Monsieur s'y prend bien et vous bourre de la belle manière.

Lysidas : Mais, enfin, on m'avouera que ces sortes de comédies ne sont pas proprement des comédies, et qu'il y a une grande différence de toutes ces bagatelles à la beauté des pièces sérieuses.

Dorante : Vous croyez donc, Monsieur, que tout l'esprit et toute la beauté sont dans les poèmes sérieux, et que les pièces comiques sont des niaiseries qui ne méritent aucune louange ? Et bien moi je mettrai un plus du côté de la comédie. Car enfin je trouve qu'il est bien plus aisé de se guinder sur de grands sentiments que d'entrer comme il faut dans le ridicule des hommes. En un mot, dans les pièces sérieuses il suffit de dire des choses qui soient de bon sens et bien écrites ; mais ce n'est pas assez dans les autres, il y faut plaisanter ; et c'est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens.

(...)

Uranie : C'est une étrange chose de vous autres Messieurs les poètes, que vous condamniez toujours les pièces où tout le monde court, et ne disiez jamais du bien que de celles où personne ne va. Vous montrez pour les unes une haine invincible, et pour les autres une tendresse qui n'est pas concevable.

Dorante : C'est qu'il est généreux de se ranger du côté des affligés.

(...)

Dorante : Je voudrais bien savoir si la grande règle de toutes les règles n'est pas de plaire, et si une pièce de théâtre qui a attrapé son but n'a pas suivi un bon chemin.

Lysidas : …toute votre raison, c'est que L'Ecole des Femmes a plu ; et vous ne vous souciez point qu'elle soit dans les règles ... mais en fin, Monsieur, peut-on souffrir une pièce qui pèche contre le nom propre des pièces de théâtre ? et dans cette comédie-ci, il ne se passe point d'actions, et tout consiste en des récits que vient faire Agnès ou Horace à Arnolphe.

Uranie : La beauté du sujet de L'Ecole des Femmes consiste dans cette confidence perpétuelle ; et qu'un homme qui a de l'esprit, et qui est averti de tout par une innocente qui est sa maîtresse, et par un étourdi qui est son rival, ne puisse avec cela éviter ce qui lui arrive.

Dorante : Pour ce qui est des enfants par l'oreille, l'auteur n'a pas mis cela pour être de soi un bon mot, mais pour peindre d'autant mieux l'extravagance d'un homme, puisqu'il rapporte une sottise triviale qu'à dite Agnès comme la chose la plus belle du monde, et qui lui donne une joie inconcevable. Quant à l'argent qu'il donne librement, il n'est pas incompatible qu'une personne soit ridicule en de certaines choses et honnête homme en d'autres. Et pour la scène d'Alain et Georgette dans le logis, Arnolphe demeure à son retour, longtemps à sa porte par l'innocence de ses valets, afin qu'il soit partout puni par les choses qu'il a cru faire la sûreté de ses précautions.

Pour le discours moral que vous appelez un sermon, il est certain que ces paroles d'enfer et de chaudières bouillantes sont assez justifiées par l'extravagance d'Arnolphe et par l'innocence de celle à qui il parle. Et quant au transport amoureux du cinquième acte, qu'on accuse d'être trop outré et trop comique, je voudrais bien savoir si les honnêtes gens même les plus sérieux, en de pareilles occasions, ne font pas " des choses " ... ?

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