Je suis un homme de mots - Jim Morrison

du 26 mai au 26 juin 2005

Je suis un homme de mots - Jim Morrison

« James Douglas Morrison. Poète 1943-1971 ». Voici ce qui est inscrit sur la tombe de Jim Morrison au cimetière du Père-Lachaise. Principalement connu comme chanteur du groupe The Doors of Perception, il était avant tout poète. Allergique à la guerre, aux conventions, aux théories de mœurs, son écriture est visionnaire, engagée, belle et rare.

Le poète Jim Morrison
Extraits
« Je suis un homme de mots »
Auto-interview

L’ensemble des écrits de Jim Morrison traduits en français à ce jour est publié aux Éditions Christian Bourgois, dans Écrits (édition bilingue, 1996) : Seigneurs et Nouvelles créatures (Lords and the new creatures), Une prière américaine (An american prayer), Wilderness (Wilderness), La nuit américaine (The american night), Arden lointain (Far Arden).

L’écriture de Jim Morrison, encore peu connue en France, est d’une puissance, d’une qualité rare. Elle n’a jamais, à ma connaissance, été entendue sur une scène de théâtre. Artiste engagé, allergique à la guerre, aux conventions, aux théories de mœurs, il crie sa révolte contre cette schizophrénie arrogante de l’Amérique prêchant la liberté et opprimant ses minorités.

Au lycée, alors que ses camarades de classe idolâtraient des chanteurs, des acteurs et des sportifs, les héros de Morrison se trouvaient sur les rayons des bibliothèques : Blake, Baudelaire, Rimbaud, Sartre, Céline, Genet, Maïakovski, Kerouac, Nietzsche, Kafka… Les énormes références littéraires dont il s'est doté très tôt allaient modeler toutes ses créations par la suite.

Pour lui, une chanson est avant tout un poème mis en musique. Il voulait être écrivain et poète dès son plus jeune âge. Il répéta souvent qu’il se mit à la musique pour que ses textes soient écoutés par le public le plus vaste possible.

Le 8 décembre 1970, à l’occasion de son 27ème (et dernier) anniversaire, Jim Morrison s’offrit un cadeau particulier : il loua un studio à Village Recorders à Los Angeles pour enregistrer ses poèmes. Puis il quitte brutalement les Etats-Unis pour vivre à Paris et tenter de trouver un semblant d’anonymat afin de se consacrer à l’écriture. Son dernier enregistrement aura lieu à Paris, un CD pirate Jim Morrison, The last Paris Tapes, disque extraordinaire où Morrison déclame sa poésie sans musique si ce n’est deux ou trois notes de piano de temps en temps…

Pour Jim Morrison, la poésie était une nécessité. Certains diront de lui qu’il a été une rock star par accident. Il a écrit plus de deux milles pages sans compter celles égarées, jetées…

J’ai découvert ses textes il y a une quinzaine d’années et depuis, ils ne cessent de m’accompagner. Je désire faire entendre son écriture, ses mots, faire découvrir au public non pas le chanteur des Doors qu’il connaît déjà, mais l’écrivain, le poète, James Douglas Morrison.

Mon travail, ma recherche, la forme du spectacle, se construisent autour de la phrase de William Blake : « Si les portes de la perception s’ouvraient, toute chose apparaîtrait à l’homme telle qu’elle est, c'est-à-dire infinie » ; et de celle de Jim Morrison : « Il y a le connu, il y a l’inconnu, entre les deux se trouvent les portes », avec comme objet central les mots de Jim Morrison portés par une équipe artistique avec qui j’ai déjà une forte complicité de travail.

Laurent Sauvage

Haut de page

Extrait de « La nuit américaine »

Comment devenir
révolutionnaire
acteur
(prophète !)
ou poète

II y a toujours de bons amis
pour vous aider et vous secourir 
lubie Mercenaire
pour elle ou pour lui

D'abord devenez
Visionnaire-Scientifique 
radiocal biochimical
aviationnaire plongeur-du-ciel 
Puis contactez votre comp-
table local (il vous dira 
comment répandre les graines du doute)

Extrait de « Wilderness »

Les acteurs doivent nous faire croire
à leur réalité
Nos amis ne doivent pas
nous donner l'impression que nous jouons la comédie

Les voici, pourtant, dans la lenteur
du Temps

Mes mots fous
glissent en fusion
et risquent de perdre
contact avec le sol

Alors étranger, deviens
plus fou encore

Explore les Hautes Terres

Haut de page

(…) L’écrivain beat Michael McClure découvre par hasard les écrits de Morrison.

Il est aussitôt convaincu. Les poèmes lui font une « impression formidable », et il pousse Jim à les publier. Mais, du fait de sa notoriété, Morrison vit mal le passage à la publication. Il redoute que ses poèmes soient accueillis comme une facétie, le caprice intellectuel d'une rock star, et que le public place immanquablement le masque du chanteur sur le visage du poète. Or, pour Jim, l'écriture constitue l'axe central, l'élan créatif premier : « Je suis un homme de mots. » Ainsi, pas question de placer sa photo en couverture, ni de conserver son nom de scène. L'écrivain, totalement dissocié du chanteur, se nomme James Douglas Morrison. Le rock ne représente plus pour lui qu'une façon « amusante » de gagner sa vie, une expérience parmi d'autres. Jim opte pour l'auto-édition, une pratique qui lui permet de maîtriser totalement la conception de l'objet livre. 

En avril 1969, Jim Morrison fait publier à cent exemplaires un ensemble de quatre-vingt-deux pensées sur le regard et le cinéma : The Lords (Notes on Vision). Ces « visions rimbaldiennes » - ou « éphémérides », selon l'expression du poète André Velter - datent des années de fac.

Morrison fait aussi imprimer New Créatures, un ensemble de poèmes placés sous l'influence de Lovecraft, Whitman et Jérôme Bosch. Des textes tourmentés - Éros et Thanatos, sexe et mort - et parfois désespérés, dans un univers animalier (…)

Jim Morrison et les Doors
Jean-Yves Reuzeau, éditions Librio Musique, 2001

Haut de page

Je crois que l'interview est une nouvelle forme d'art. L'auto-interview est l'essence de la créativité. Se poser des questions et essayer de trouver les réponses. L'écrivain ne fait que répondre à des questions qui n'ont pas été posées.

C’est un peu comme être appelé à la barre des témoins. C'est cette région étrange dans laquelle vous essayez de fixer quelque chose qui est arrivé dans le passé. Vous cherchez à vous souvenir, honnêtement, de ce que vous tentiez de faire à ce moment-là. C'est un exercice mental périlleux. Une interview vous donnera souvent l’occasion d'interroger votre esprit, ce qui est, à mon avis, la définition de l'art. La chance vous est offerte d'éliminer tout remplissage... Vous devez être explicite, précis, aller directement à l’essentiel... Pas de conneries. On trouve les antécédents de l’interview au confessionnal, dans un débat ou un contre-interrogatoire. Une fois la chose dite vous ne pouvez pas la retirer. Trop tard. C'est un moment existentiel.

Je suis, en quelque sorte, « accro » au jeu de l'art et de la littérature ; mes héros sont des artistes et des écrivains.

J’ai toujours désiré écrire, mais je me figurais que rien de bon ne sortirait. A moins que, pour une raison quelconque, ma main se mette au travail sans que j'y sois vraiment pour quelque chose. Comme l'écriture automatique, mais cela n'est jamais arrivé.

Bien sûr j'ai fait des poèmes. Notamment Le Pony Express quand j'étais en classe de sixième ou cinquième. C'est le premier que je me rappelle. C'était un poème dans le style ballade mais je ne l'ai jamais vraiment achevé. Les Latitudes du Cheval remontent à mes années au lycée. Au cours de mon adolescence j'ai rempli des tas de carnets. Puis, quand j'ai quitté l'école, je les ai tous jetés... pour des raisons stupides, peut-être par sagesse ? Je remplissais ces pages nuit après nuit. Si je ne les avais pas jetés, sans doute n'aurais-je jamais écrit quoi que ce soit d'original. Ils étaient, essentiellement, des accumulations de choses que j'avais lues ou entendues, des citations tirées de livres. Si je ne m'en étais pas débarrassé, je crois que je n'aurais pas pu être libre.

La vraie poésie ne veut rien dire, elle ne fait que révéler les possibles. Elle ouvre toutes les portes. A vous de franchir celle qui vous convient.

... C'est la raison pour laquelle je suis tellement attiré par la poésie, elle est si éternelle. Tant qu'il y aura des hommes, ils pourront se souvenir des mots et de leurs combinaisons. Seules la poésie et les chansons peuvent survivre à un holocauste. Personne ne peut mémoriser un roman entier, un film, une sculpture ou une peinture. Mais, tant qu'il y aura des êtres humains, les chansons et la poésie pourront se perpétuer.

Si ma poésie a un but, c'est de libérer les gens de leurs œillères, de démultiplier leurs sens.

Jim Morrison. Los Angeles, 1969-70

Haut de page

Sélection d’avis du public

À côté d'un fameux poète ardennais, en + légendAIRE ! Par St X. - 1er août 2016 à 22h48

De la Cité des Sacres ce DIONysos du rock en aurait fait son disneyland, paraît-il ! Europanalytiquement parlant qu'est-ce à dire ? Pas le raisin, ni Nef de Crystal, ni des pataphysiciens pour faire croire à un ultime pied de nez lors d'un dernier tour de piste... << I think de nos jours, especially in State, il faut être un politicien or an assassin pour (...) >> Par XS ça n'a jamais été parfumé )

Synthèse des avis du public

2,0 / 5

Pour 1 Notes

0%
0%
0%
100%
0%

Vous avez vu ce spectacle ? Quel est votre avis ?

Note

Excellent

Très bon

Bon

Pas mal

Peut mieux faire

Ce champ est obligatoire
Ce champ est obligatoire

Vous pouvez consulter notre politique de modération

2 1 5
À côté d'un fameux poète ardennais, en + légendAIRE ! Par St X. (1 avis) - 1er août 2016 à 22h48

De la Cité des Sacres ce DIONysos du rock en aurait fait son disneyland, paraît-il ! Europanalytiquement parlant qu'est-ce à dire ? Pas le raisin, ni Nef de Crystal, ni des pataphysiciens pour faire croire à un ultime pied de nez lors d'un dernier tour de piste... << I think de nos jours, especially in State, il faut être un politicien or an assassin pour (...) >> Par XS ça n'a jamais été parfumé )

Informations pratiques

Maison de la Poésie

Passage Molière - 157, rue Saint Martin 75003 Paris

À l'italienne Accès handicapé (sous conditions) Châtelet Librairie/boutique
  • Métro : Rambuteau à 157 m, Etienne Marcel à 267 m
  • RER : Châtelet les Halles à 365 m
  • Bus : Grenier Saint-Lazare - Quartier de l'Horloge à 106 m, Réaumur - Sébastopol à 381 m
Calcul d'itinéraires avec Apple Plan et Google Maps

Plan d’accès

Maison de la Poésie
Passage Molière - 157, rue Saint Martin 75003 Paris
Spectacle terminé depuis le dimanche 26 juin 2005

Pourraient aussi vous intéresser

Partenaire
- 44%
La Loi du marcheur

Théâtre de la Bastille

Oublie-moi

Théâtre Actuel La Bruyère

La réunification des deux Corées

Théâtre de la Porte Saint-Martin

Un Tramway nommé Désir

Théâtre des Bouffes Parisiens

Spectacle terminé depuis le dimanche 26 juin 2005