Il faut je ne veux pas

du 14 février au 26 juin 2012
1h50

Il faut je ne veux pas

Cette confrontation entre deux pièces, l'une de Musset et l'autre de Jean-Marie Besset, tente d'interroger le mariage. Ces deux textes, aux émotions subtiles, où l’humour côtoie la profondeur des sentiments, explorent le lien du couple et éprouvent sa capacité à évoluer.
  • Confronter deux textes pour mettre en abîme la question du mariage

Le mariage est sans conteste le thème central de nombreuses pièces du répertoire classique et romantique...

Jean-Marie Besset a eu l’idée originale de confronter la pièce de Musset à une transposition contemporaine. Deux couples, deux époques (1840 et 2010) pour deux pièces mises en perspective. Des comédiens dans un jeu de miroir entre deux textes. Finesse des réparties et portrait des moeurs du XIXème siècle chez Musset, réajustement des rapports homme-femme et refondation des valeurs de l'engagement, 170 ans plus tard, chez Jean-Marie Besset. Une seule et même histoire au final, intemporelle, celle d'un homme et d'une femme amoureux qui cherchent comme faire vibrer, encore et toujours, la flamme qui les anime...

Dans Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, la marquise refuse le badinage dragueur du comte. Elle demande qu’on s’adresse à son intelligence et exige la sincérité des sentiments. Elle se méfie du désir et de l’inconstance des hommes, au risque de passer à côté du véritable amour.

En écho, Je ne veux pas me marier se déroule de nos jours à Paris. La veille de son mariage, Vivien, une jeune enseignante, aurait préféré que son promis, Tigrane, un brillant financier, ne lui rende pas visite. Leur discussion d’avant mariage tourne à la veillée d’armes. Elle voulait réfléchir seule, il la pousse dans ses retranchements.

« À quoi riment cette cérémonie et cette institution si anciennes, pour un couple d’aujourd’hui, moderne et libéré ? ». C’est la question que pose la confrontation de ces deux textes, aux réparties brillantes, aux émotions subtiles, où l’humour côtoie la profondeur des sentiments. D’une pièce à l’autre, le lien du couple se tend jusqu’à rompre et éprouve dans cette tension sa capacité à évoluer.

  • De l'amour au mariage

Un homme tombe amoureux d’une femme. Une femme tombe amoureuse d’un homme. Ils décident de se marier.

Existe-t-il proposition plus banale, plus universelle, et qui concerne depuis tant de siècles autant de centaines de millions d’individus ? Pourtant, au-delà des particularités culturelles, sociales, de l’idiosyncrasie, de la question « de quel homme et de quelle femme s’agit-il ? », la chose aujourd’hui ne va plus de soi, du tout.

Certes, si l’on examine les malheurs et difficultés des jeunes gens chez Molière par exemple, la chose n’est jamais allée de soi. Dans les sociétés traditionnelles, l’amour du couple était en butte au souhait des parents, aux intérêts familiaux et sociaux. Mais jamais pareil amour n’a été aussi menacé que maintenant de se dissoudre dans une figure du mariage rendue superflue, marginale jusqu’à l’absurde par une libération aussi totale et sans précédent des comportements. La liberté des moeurs conquise depuis la fin des années 1960, avec les avancées décisives sur la contraception, l’avortement, l’homosexualité, le divorce, l’abaissement de l’âge de la majorité sexuelle, l’évolution même des mentalités sur la grossesse des femmes seules, les familles monoparentales, l’accessibilité à l’image érotique et pornographique, ont mis l’idée même de mariage en péril. Et si de nombreuses batailles restent à livrer ou font l’objet de controverses - définition des rôles homme/femme dans les tâches domestiques et l’éducation des enfants, légalisation de l’usage des drogues, de la prostitution, mariage homosexuel, adoption par une personne seule… - on sent que ces nouvelles victoires sont à portée de main, ne sont plus que question de temps, inéluctablement.

Alors dans ce foisonnement de libertés, ce grand chaos où tous les coups sont désormais permis, quid de la durée organisée de la vie à deux ? A l’aune des théories post-fouriéristes (Charles Fourier 1772-1837) sur le polyamour, quid du couple ? Du Pain de ménage si cher à Jules Renard ?

Chez Musset déjà, dans le dialogue du comte et de la marquise, on note une liberté sexuelle nouvelle, qui n’existe ni chez Molière, ni chez Marivaux, à peine chez Beaumarchais. Le comte a des aventures avec des danseuses de l’opéra. La marquise a trente ans, a déjà été mariée, c’est une jeune veuve à qui on reproche de coucher avec un certain M. Camus. On est loin de l’abstinence, de la vertu, de la peur du qu’en- dira-t-on qui caractérisent la dame et l’intendant des Fausses confidences. On est déjà dans un monde plus libre, moins entravé par le poids des conventions, où cette descendante d’Alceste fait le procès de la galanterie, condamne tout ensemble badinage, stratégie et discours amoureux, pour prôner la franchise et la simplicité qui vont droit au coeur.

Et pourtant, si la marquise de Musset se moque des hommes et condamne les dragueurs, c’est par une foi inébranlable dans le mariage. Foi absolue, pratique et théorique, raisonnée, résultat de son expérience et de ses convictions.

Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée n’est rien d’autre que la déclinaison de cette affirmation que hors du mariage, point de salut. La solitude ouvrant même chez la marquise sur une espèce de désarroi, d’angoisse existentielle : « J’étais comme cela pendant qu’on me coiffait. Je poussais des soupirs à me fendre l’âme, de désespoir de ne penser à rien ».

Plus loin, elle précise cette idée que le bonheur ne peut pas se trouver dans la solitude, mais dépend forcément d’un autre : « Je vais vous dire un premier proverbe : c’est qu’il n’y a rien de tel que de s’entendre ».

Cent soixante dix ans plus tard, aujourd’hui donc, je reprends une femme du même âge, trente ans. Qui, comme la marquise, a une expérience de la vie à deux. Plus une jeune fille, mais encore une jeune femme. Enceinte. Je saisis un couple d’un milieu social équivalent à celui des aristocrates de Musset. La marquise et le comte n’avaient pas de soucis d’argent. Ils vivaient (cinquante ans après la Révolution) comme les privilégiés de leur milieu, sans états d’âme, d’âme économique en tout cas. Dans ma pièce, Vivien est enseignante en prépa, Tigrane a une position dans la haute administration et des idées de droite.

Je sors du ton de la comédie pour creuser ce désarroi particulier que Musset effleure à peine (« Raillez, raillez ! Vous y viendrez – C’est bien possible, nous sommes tous mortels »). Une femme prise de vertige au bord de son mariage. Un homme qui ne sait plus vraiment ce qu’une femme attend d’un homme aujourd’hui. Et qui perd pied, dans l’intime comme dans le familial, le social, et dans le monde au sens le plus large. Un homme qui va devoir trouver sa place, opérer un rétablissement. Qui va bon gré mal gré se laisser éduquer-refonder ?- par la femme qu’il aime.

Vieux refrain, orchestration nouvelle. D’où vient cette science qu’ont les femmes pour réformer les hommes qui les aiment ? Les adapter constamment à leurs besoins, à leurs désirs ? Renouveler le lien du couple ? Repenser pour chaque époque cette forme ancienne du mariage ?

Jean-Marie Besset

  • Note de mise en scène

L’idée d’associer ces deux textes, deux histoires de début et de fin d’un mariage à presque deux siècles d’écart, me conduit à décliner ce double dans le temps et l’espace.

Un couple est une histoire unique, singulière.

Deux couples, c’est tous les couples, une infinité de couples, en Occident sur deux siècles.

Un couple est réuni dans un appartement parisien en 1840. Un autre couple est réuni dans le même appartement en 2010. Une dizaine de générations et d’occupants plus tard.

Derrière l’appartement, un autre appartement, avec un autre couple, et plus loin un autre et encore un autre, dans l’immeuble, et l’immeuble voisin, toute la rue, tout Paris, tout le monde…

Existons-nous aujourd’hui à l’instant " t "  ? Nous aimons-nous dans ce lieu ? Est-ce la réalité ? Est-ce notre tour ?

Mais ce couple de 1840, à son instant " i " à lui, il a la même impression que c’est maintenant, que c’est son tour à lui, que c’est ça, la réalité.

Et si le déroulement du temps n’était qu’une illusion d’optique, une relativité du point de vue. Si tout coexistait à tout moment tout le temps. Passé, présent, futur : une convention pour comprendre, une linéarité simplificatrice.

La transparence du tulle permet l’apparition des fantômes. Ces occupants d’un dit " passé révolu " , comme le signe d’une autre présence. Pour lier les deux, les multiples, un pas de danse sur l’air de I’m Old Fashioned (Je suis vieux jeu), une chorégraphie pour Fred Astaire et Rita Hayworth, l’apex de la sacralisation romantique du couple, le moment hypnotique absolu de l’usine à rêves hollywoodienne… 1940… Quasi à mi-chemin entre Musset et moi.

Dans cet intervalle, une invention a révolutionné la vie de façon sidérante et radicale (plus que le téléphone, l’avion, Internet) : l’électricité. Synonyme de vitesse, de simultanéité, elle modifie les rapports entre les êtres, même immobiles, même au sein du même appartement. Tout se déroule autrement. La danse à deux paraît la même. Le tempo a changé.

Jean-Marie Besset

  • La presse en parle

« Trois interprètes de haut talent portent ce projet très séduisant. (…) On est très heureux de retrouver ce Musset pas si souvent monté de nos jours. » Armelle Héliot, Le grand théâtre du monde

« On rit, on est ému, on ne voit pas le temps passer. On admire ! Champagne ! » Le Figaro.fr

« Très beau spectacle où tout n’est qu’élégance. L’esprit y règne en maître. Les comédiens possèdent le talent, la grâce et le charme. » Pariscope

« Badinage élégant chez Musset, modernité directe chez Jean-Marie Besset. Chaque mise en scène saisit quelque chose de l’époque concernée. C’est léger avec une certaine grâce. » Télérama

« Romantisme, esprit , raffinement de la langue et élégance des personnages d’une part. Ecriture ciselée, percutante de l’autre. Deux réflexions spéculaires sur le couple, et le mariage, qui interpellent le spectateur sans oublier de le faire sourire. » Fous de théâtre

« La soirée est à aimer dans son ensemble. Ce diptyque sur le mariage en deux temps de notre histoire était une bonne idée, qui est devenu un beau spectacle. » Webthea

« Il faut un sacré culot pour se frotter à Musset qui est un petit bijou d‘écriture subtile. Comment ne pas rompre le charme ? Jean-Marie Besset évite l’écueil avec une mise en scène maligne qui orchestre une transition progressive entre les deux époques et deux écritures. Et c’est gagné. Deux révoltes intimes qui épousent parfaitement leur époque. Bien vu ! » Rhinocéros.eu

« Trois acteurs remarquables. » Toute la culture.com

« On suit avec jubilation ces échanges entre amoureux qui parlent à tout le monde. Musset-Besset même combat. Un spectacle à voir. » Reg’arts.com

« Une petite merveille de spectacle à la délicatesse absolue. » Froggydelight

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Spectacle terminé depuis le mardi 26 juin 2012

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