Sur scène, juste une table, une chaise, un verre. Réduit à l’essentiel, le théâtre élémentaire de Pippo Delbono se met à nu. Dans ses Récits de juin, seul sur le plateau, l’acteur et metteur en scène italien se livre et se délivre à travers les mots et de petits gestes, singulièrement aptes à capter et à libérer l’intensité d’un parcours voué à la nécessité des hommes et du théâtre. À mi-chemin entre confidence et conférence, l’exposition intime de cette recherche existentielle officie dans la pudeur et l’impudeur, entre silences éloquents et un dire cru parfois improvisé.
Tel un funambule, Pippo Delbono marche sur le fil de ses pensées, évoque cette « mémoire physique de la blessure » qui fonde ses spectacles et se redéploie à travers une écriture de scène poétique, élaborée à partir des corps.
Intimité hantée par ses rencontres et la présence de ses complices de création, de Pepe Robledo à Bobò – le petit homme sourd et muet que l’acteur a sorti de l’hôpital psychiatrique où il vivait –, Pippo Delbono raconte sa propre histoire et la leur entremêlées à des fragments de pièces, Urlo, Le Temps des assassins, La Rabbia, Henri V… Et ces Récits de juin confortent la vérité du créateur et l’acteur sans masque, dans un bouleversant moment d’abandon à la scène.
Irène Filiberti
Pippo Delbono revient dans I Racconti di giugno, ensemble de sensations et patchwork d'expériences diverses, présenté pour la 1ère fois au Festival d'Avignon 2006.
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