Hot house

du 5 au 28 avril 2007

Hot house

Dans cette pièce maîtresse écrite peu avant Le Gardien, Harold Pinter nous livre une réflexion admirable sur les dérives du pouvoir et les rapports de force.
  • Une dénonciation de toutes les formes d’oppression

Monsieur Roote est le directeur d’une maison de repos renommée. Mais cette journée de Noël a mal commencé pour lui : un mort et une naissance dans les murs même de cette institution qu’il a toujours dirigée d’une main de fer. « Il faut retrouver le père, le bon renom de cette institution en dépend ».

Mais l’enquête qu’il lance immédiatement va révéler la véritable nature de cet établissement. Alors qui sont les Fous ? Les pensionnaires de la maison de repos ou ceux qui la dirigent ? Et où sommes-nous : dans un asile ? Une entreprise ? Une prison ou un camp ?

Dans cette pièce maîtresse écrite peu avant le Gardien, Harold Pinter nous livre une réflexion admirable sur les dérives du pouvoir et les rapports de force.

  • Note de mise en scène

Dès la création de la compagnie du roi Pétaud, je me suis intéressé à Harold Pinter, car j’aime tout particulièrement ces univers surréalistes qui sollicitent l’imaginaire de chaque spectateur. « HotHouse » signifie « serre » en anglais. Qui est emprisonné à l’intérieur ? Les patients ? Les cadres ? Le directeur du Ministère ? Le public ? …

Une pièce qui propose une double grille de lecture. Harold Pinter ne date pas la pièce à une époque particulière. Cette absence de repère temporel est importante car elle nous permet de suggérer que cet univers carcéral dans lequel nous sommes plongés peut se situer à toutes les époques et dans tous les pays.

Même si Pinter s’est inspiré de faits historiques pour écrire ses pièces*, Hot House est surtout une dénonciation de toutes les formes d’oppression, qu’elles soient politiques ou sociales. Dans cette thématique chère à l‘auteur, Hot House propose une double grille de lecture. Au premier niveau, on peut y trouver une métaphore du monde de l’entreprise : rapports de force entre des cadres, situations d’oppression qui peuvent s’y présenter …

Mais on y trouve aussi la description d’un univers carcéral au sein d’un système concentrationnaire. (Hot House est une machine de guerre qui a pour objectif de rendre les patients conformes à l’opinion du Ministère qui dirige le centre).

Hot House est aussi une réflexion sur la fin de règne. La pièce commencerait d’une façon presque anodine (un cadre et son directeur discutent d’un patient) … Mais le spectateur a rapidement la puce à l’oreille, puis assiste progressivement à un « glissement de terrain » qui dévoile l’angoisse, l’emprisonnement arbitraire des patients, leur sort qui paraît voué à une fin sordide, tout comme celui des cadres qui semblent prêts à s’entretuer pour prendre le pouvoir.

Le directeur, Monsieur Roote, sent que son heure de gloire est terminée. Ce sentiment d’être au bord d’un précipice renforce sa paranoïa mais aussi son envie de lutter pour survivre, quitte parfois à se débattre d’une façon frénétique contre tous ceux qui l’entourent. Mais on pense à la fin du spectacle qu’au-delà de la fin de règne d’un roi, c’est tout le système qui paraît voué à imploser. Le seul cadre qui survit à ce que Pinter décrit comme une rébellion des patients ne me paraît pas voué à une fin meilleure.

D’ailleurs les cadres qui dirigent ce centre sont eux même enfermés par leur statut, leur obligation et on assiste à une mise en abîme qui les précipite tous à leur propre perte. Ainsi, on croit assister à une noyade mais c’est un système entier, avec tous ses rouages, qui prend l’eau.

Donner vie à des personnages profonds, voire multi facettes, qui gardent une partie de mystère. Hot House est avant tout - et surtout - un univers où la vérité et les certitudes des protagonistes s’étiolent derrière des contradictions, comme si les mots n’avaient finalement pas le pouvoir de nous dévoiler la nature humaine. Il n’est pas possible d’être crédible dans un personnage « pintérien » si on ne vit pendant le jeu le drame intérieur qui va au-delà du texte.

Ainsi, il faut jongler avec les silences de la pièce et laisser les comédiens s’y engouffrer. Mon travail de mise en scène consiste à donner une cohérence globale au spectacle, tout en acceptant que les clés d’analyse du texte soient multiples et que chaque personnage garde sa part de mystère. Car c'est cette dimension insaisissable que tous les personnages ont en eux qui contribue à leur donner une âme.

Ainsi, il n‘y a pas de description binaire et caricaturale d’un chef de guerre chez Harold Pinter; Ce qui fait qu’un personnage peut être horrible, ce n’est pas tant son comportement abject que sa capacité à se délecter de l’horreur tout en étant sensible et non dépourvu de raison ; de discernement et de finesse d’esprit.

C’est une arme redoutable que de nous amener des personnages auxquels nous pouvons ainsi nous identifier pour mieux nous faire comprendre que personne n’est à l’abri de devenir un monstre.

Alexandre Filleteau.

*Exemple : Un pour la Route d’Harold Pinter était inspiré des conditions de détentions des prisonniers turcs dans les années 1980.

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Spectacle terminé depuis le samedi 28 avril 2007

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