Feu l’amour ! - trois pièces en un acte

Bobigny (93)
du 6 janvier au 7 février 2004

Feu l’amour ! - trois pièces en un acte

CLASSIQUE Terminé

On purge bébé / Léonie est en avance / Hortense a dit : “J’m’en fous !” : trois farces conjugales, drôles et terribles, écrites dans cette incroyable langue de Feydeau faite d’invention et d’explosion au service d’une dénonciation radicale de la médiocrité des individus lorsqu’ils sont confrontés à la violence de l’ordre social, lorsqu’ils sont prisonniers du carcan familial.

Trois farces conjugales
Un théâtre d’excès
Note de mise en scène

On purge bébé / Léonie est en avance / Hortense a dit : “J’m’en fous !” : trois farces conjugales, drôles et terribles, écrites dans cette incroyable langue de Feydeau faite d’invention et d’explosion au service d’une dénonciation radicale de la médiocrité des individus lorsqu’ils sont confrontés à la violence de l’ordre social, lorsqu’ils sont prisonniers du carcan familial.

Trois pièces en un acte, qui ont en commun la haine de cet ordre familial castrateur symbolisé par le mariage. En couple ou en trio, avec enfant, ces hommes et ces femmes deviennent des monstres hystériques, étranglés de rage dont la méchanceté atteint au sublime du grotesque comique ou tragique.

Ils nous font rire d’autant plus qu’il semble n’y avoir aucune limite dans la mécanique de l’absurde que Feydeau met en marche avec une rigueur infernale. On ne parle jamais d’amour ou de désirs amoureux dans ces couples qui se déchaînent dans la bêtise et le mauvais goût. La folie règne en maîtresse, et si nous “hurlons de rire”, c’est aussi avec un mélange d’effroi et d’angoisse devant ce miroir déformant que Feydeau place face à nous.

Jean-Michel Rabeux utilisant le travestissement, soufflant sur le feu qui couve dans la tête des personnages, poussant les didascalies aux extrêmes, ne reculant pas devant l’affrontement des corps au sens le plus organique du terme, mène l’action dramatique vers les derniers retranchements des personnages, vers le rire libérateur.

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Il n’y a pas de Dieu(x), pas d’amour(s), pas de passion(s) dans les farces conjugales de Feydeau. Juste une inéluctable et tragique fatalité qui frappe les couples aux prises avec les problèmes du quotidien. Engoncés dans le carcan social comme ils le sont dans leur corps, étouffés par les corsets et les cols durs, prisonniers des rôles qu’ils doivent jouer et se jouer, isolés dans une solitude pathétique, ne pouvant exister que dans une exagération fictive de leur petite vie terne, ne s’intéressant hystériquement qu’à leurs problèmes (une purge à administrer, une grossesse douloureuse), les personnages de ces farces composent un réjouissant jeu de massacre qui n’épargne personne. Les femmes sont des mégères dominatrices impudiques (dans leur petit intérieur bourgeois) les hommes sont impuissants à manifester leur autorité. Ce théâtre d’excès s’exprime dans une verve du ressentiment totalement délirante.

Les situations s’enchaînent et elles conduisent à la catastrophe, inévitablement, mécaniquement. Nous percevons le danger suspendu au-dessus de la tête des victimes qui, à notre plus grande joie, se débattent contre un destin “féroce”. Jean-Michel Rabeux s’empare de cette férocité, de cet excès, de ces corps contraints, pour montrer ce que cache ce moralisme social élevé en valeur absolue, pour montrer l’envers du décor.

Mais que se passe-t-il lorsque le carcan explose, lorsque l’intime libéré prend le pas sur le socialement correct, lorsque la folie pointe son nez en déréglant les comportements ? Comédie, tragédie, vaudeville, farce ?

Jean-François Perrier

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Un Feydeau tendance cauchemar, voilà l’esprit de ces ultimes “farces conjugales”. Seul le fou rire permet d’y échapper. C’est une longue scène d’amours perdues, scène de ménage qui déménage ces corps d’eux-mêmes. Au sens propre ils sont secoués par les mots comme les grenouilles par les chocs électriques.

Les mots de Feydeau font semblant de ne parler de rien, en fait ils portent les acteurs vers une Furor, la même qui rend fous les personnages de Tragédie, la même les agite comme des animaux éperdus, des volailles sans tête.

C’est de montrer Copi qui m’a donné envie d’aller voir du côté de chez Feydeau. Une sorte de fausse vraisemblance même, chez l’un comme chez l’autre, à un surréalisme de situation et de langue qui nous fait exploser de rire en même temps que nous inquiéter sur nous-mêmes : je ris du pire, voilà l’énigme. La cruauté d’en rire où est-elle sinon en moi, le spectateur ?

C’est une bombe avec horlogerie fragile. Comme dans tous les théâtres d’excès, les acteurs doivent aussi tenir l’arme des folies très délicatement dans leurs doigts. Comme en Tragédie il y a partition, et très écrite, très serrée, très respectable. Si vous ne la respectez pas, elle se venge. Il faut beaucoup de modestie, beaucoup de gourmandise, pousser les didascalies comme on pousse les feux, mais toujours rester à servir le texte.

Ça ne se joue pas contre le « boulevard », ça se joue comme du boulevard piqué au L.S.D. En pleine crise, il croise son visage dans les yeux des spectateurs et se fait peur à lui-même. Exit le boulevard.

Exit l’amour donc, mais aussi le bon goût, le sérieux, le raisonnable, l’ordre, en particulier l’ordre familial avec lequel il semble que l’ultime Feydeau ait eu quelques comptes à régler. C’est bien lui qui a écrit : « familles je vous hais ! » non ?

Jean-Michel Rabeux, oct. 2003

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Spectacle terminé depuis le samedi 7 février 2004

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