Dissident, il va sans dire

Paris 20e
du 13 au 30 septembre 2005
50 minutes

Dissident, il va sans dire

Sous les échanges banals et effilochés entre une mère et son fils, on devine le bouillonnement des passions. Une sorte de tragédie s’accomplit et exerce une fascination attirante.

Une mère et son fils
L'évolution de la société
Notes d'intention du metteur en scène
La compagnie

Hélène et Philippe habitent ensemble, mère et fils. Attachants l'un et l'autre. Attachés l'un à l'autre. Mais lui passe aussi son temps à se dégager. D'elle. De la société. Du monde. Dissident il l'est avec passivité. Une tranquille et formidable passivité.

Il parle mais se délie des paroles qu'il prononce. Disons peut-être que chez lui il n'y a pas adhérence. Il va. Il va sans dire. Elle n'est pas immobile, elle va et dit le discours "des parents". Elle le dit avec hésitation, ardeur, délicatesse, discrétion.

Apparemment ça ne mène pas à grand chose. Ce qui se passe entre eux risque tout le temps d'être nul. Pourtant on n'est pas loin, entre eux deux, de ce qu'on pourrait appeler une passion, une intelligence. 

(extrait du 4e de couverture de l'édition de la pièce chez L'Arche.)

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Ecrite à la fin des années 70, Dissident, il va sans dire annonce avec une grande lucidité l'impact des évolutions de notre société sur un foyer ordinaire, la violence de la déshumanisation des grandes entreprises. Cette courte pièce est composée de douze morceaux, douze séquences qui nous montrent de manière à peine perceptible le glissement du fils, sa dissidence.

Dissident, il va sans dire a été créé au Petit TEP, à Paris, dans une mise en scène de Jacques Lassalle et une scénographie de Yannis Kokkos, le 14 février 1978, avec Françoise Lebrun et Olivier Destrez. La pièce est éditée chez L'Arche (Paris, 1978) avec Nina, c'est autre chose dans un recueil intitulé Théâtre de chambre.

“J’ai un sentiment de marginalité, d’accident dans le paysage comme si j’étais une sorte du théâtre contemporain.” Ecrits sur le théâtre, p.291

“Un but dans la vie il reste encore un peu de ce saucisson ?” Dissident, il va sans dire, morceau onze

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L'écriture de Michel Vinaver exige une grande précision dans le jeu des comédiens, dans ce qu'ils feront entendre au spectateur. J'imagine un lieu exigu rapprochant à l'extrême la pièce du spectateur autour des quelques éléments constituant le lieu de vie des personnages, les disques de Philippe, la porte de sa chambre, la cuisine d'Hélène. Là, à l'intérieur des courts extraits de leur quotidien apparemment banal, chaque dissonance, chaque frottement devra être capté. Je veux créer une tension fragile, à fleur de peau. Le spectateur, d'une attention extrême, entendra la cuillère tremper dans le bol de soupe, sera témoin de chaque faille. C'est seulement dans un tel climat que pourront apparaître ce que Vinaver appelle des "fragments de sens" inattendus et essentiels.

Octobre 2003

Sans en donner l'impression, la pièce nous dit beaucoup de choses. Le travail de mise en scène consiste ici à offrir le texte au spectateur en ouvrant le sens des mots. Ce n'est pas si simple. Il s'agit de signifier, sans jamais sur-interpréter, et nous en avons fait l'expérience auprès du public. Les lectures de la pièce sont diverses, le spectateur a un espace d'imagination et de réflexion, et l'émotion est présente. Toute la difficulté réside dans cet équilibre à trouver entre le fait de montrer et celui de pointer du doigt.

Nous avons donc travaillé avec la scénographe sur un lieu facilement identifiable comme étant la cuisine de l'appartement de Hélène et Philippe, sans pour autant reproduire un intérieur de classe sociale moyenne des années 70. Il est important que le spectateur garde à l'esprit qu'il est au théâtre. Cette distance est présente dans le texte, elle l'est donc aussi dans l'espace de jeu.

Le jeu, justement, est une question très complexe, d'abord parce que le résultat doit être simple. Très souvent, dans la pièce, et chez Vinaver en général, les répliques ne s'enchaînent pas de manière logique. C'est-à-dire par exemple qu'une question n'engendre pas nécessairement une réponse, ou alors c'est la réponse à une question posée dix lignes plus haut. L'acteur ne peut donc pas s'appuyer sur une évolution de la tension dramatique de la scène puisqu'elle est rompue régulièrement. Rupture renforcée par un travail sur ce qui se joue entre les scènes (les "morceaux"), où la frontière comédien-personnage devient ambiguë. Nous travaillons avec les comédiens sur cette capacité à investir une réplique, puis juste après une autre comme s'il s'était écoulé plusieurs heures entre ces deux répliques et que nous les avions collées. Bien sûr cette particularité de l'écriture qui induit une particularité dans le jeu n'empêche en rien la cohérence, mais permet d'ouvrir le champ des sens. Ces décalages montrent le grand humour de Michel Vinaver, humour encore une fois révélé au contact du spectateur.

Nous ne cherchons pas à conforter le spectateur dans ses schémas. Il faut provoquer chez lui des chocs microscopiques. Michel Vinaver parvient très bien dans son écriture à créer ces tensions, ces décalages, tout en donnant à ses pièces une grande lisibilité et un caractère drôle et émouvant. A nous de conserver cette dualité en portant le texte au plateau.

Mai 2004

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Lavomatic :  n.m.: 1. Lieu insolite de brassage social et de rencontres urbaines
2. fig. Métaphore d'un théâtre éphémère qui durerait le temps d'une machine

La compagnie est née en 2003 de la rencontre de jeunes comédiens formés à l'Atelier International de Théâtre Blanche Salant et Paul Weaver et de leur désir d'une création collective. Le projet initial, en cours d'écriture, mettait en scène des personnages en marge, désorientés, en panne de désir, évoluant dans un lavomatic. Cette création a donné son nom à la compagnie. L'association s'est aujourd'hui enrichie et diversifiée avec l'arrivée de nouveaux membres : metteur en scène, scénographe, clown. Nous souhaitons, à travers notre pluralité élargir notre champ d'action et de réflexion.

Le théâtre n'est pas la vie mais une invitation à la regarder autrement, à la rêver. C'est la rencontre et la confrontation d'idées, d'émotions, de fantasmes, de peurs d'images et d'imaginaires. C'est un mouvement en deux temps : d'abord celui du processus créatif puis celui de la représentation. Notre richesse naît de l'addition de nos regards. Les divers chemins empruntés par chacun, nos différences culturelles, nos sensibilités plurielles font de la compagnie un terreau de création.

Nous souhaitons acheminer notre travail vers des publics : interpeller, faire réagir, proposer un échange au delà de la représentation. Le théâtre est une utopie concrète, une révolution éphémère.

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Sélection d’avis du public

RE: RE: Dissident, il va sans dire Le 1er décembre 2004 à 14h38

Oui, moi aussi j'ai aimé et j'ai été impressionné par le talent du metteeur en scène et des comédiens. Bravo à tous et merci

RE: RE: Dissident, il va sans dire Le 17 novembre 2004 à 18h48

J'ai vu aussi la pièce - vraiment très bon. Je suis d'accord avec l'article. Vinaver est un auteur discret - des phrases empruntées au quotidien. La mise en scène et le jeu des comédiens éclairent très bien cette dimension. Je rajouterai : les bandes sonores qui séparent chaque pièce est une bonne idée. Allez-y : c'est mieux que Vinaver au théâtre de la Colline (mauvais souvenir...) !!

RE: Dissident, il va sans dire Le 16 novembre 2004 à 19h02

Il est rare d'être ainsi emporté d'emblée dans un nouvel univers. Et c'est bien le cas ici puisque j'ai découvert à la fois un auteur et de jeunes comédiens talentueux. À ne pas rater

Dissident, il va sans dire Le 14 novembre 2004 à 20h22

merci pour votre article qui m'a donné envie d'aller voir cette pièce ! Je n'ai pas été déçue... au contraire ! Après quelques minutes d'étrangeté, je me suis laissée portée par le jeu des comédiens, l'écriture de Vinaver, l'ambiance... ALLEZ-Y !!! Vous ne pourrez pas rester indifférent au travail de cette jeune compagnie.

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RE: RE: Dissident, il va sans dire Le 1er décembre 2004 à 14h38

Oui, moi aussi j'ai aimé et j'ai été impressionné par le talent du metteeur en scène et des comédiens. Bravo à tous et merci

RE: RE: Dissident, il va sans dire Le 17 novembre 2004 à 18h48

J'ai vu aussi la pièce - vraiment très bon. Je suis d'accord avec l'article. Vinaver est un auteur discret - des phrases empruntées au quotidien. La mise en scène et le jeu des comédiens éclairent très bien cette dimension. Je rajouterai : les bandes sonores qui séparent chaque pièce est une bonne idée. Allez-y : c'est mieux que Vinaver au théâtre de la Colline (mauvais souvenir...) !!

RE: Dissident, il va sans dire Le 16 novembre 2004 à 19h02

Il est rare d'être ainsi emporté d'emblée dans un nouvel univers. Et c'est bien le cas ici puisque j'ai découvert à la fois un auteur et de jeunes comédiens talentueux. À ne pas rater

Dissident, il va sans dire Le 14 novembre 2004 à 20h22

merci pour votre article qui m'a donné envie d'aller voir cette pièce ! Je n'ai pas été déçue... au contraire ! Après quelques minutes d'étrangeté, je me suis laissée portée par le jeu des comédiens, l'écriture de Vinaver, l'ambiance... ALLEZ-Y !!! Vous ne pourrez pas rester indifférent au travail de cette jeune compagnie.

Informations pratiques

Enfants Terribles

157, rue Pelleport 75020 Paris

  • Métro : Télégraphe à 211 m, Place des Fêtes à 379 m
  • Bus : Pelleport - Belleville à 122 m, Ménilmontant - Pelleport à 399 m
Calcul d'itinéraires avec Apple Plan et Google Maps

Plan d’accès

Enfants Terribles
157, rue Pelleport 75020 Paris
Spectacle terminé depuis le vendredi 30 septembre 2005

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Spectacle terminé depuis le vendredi 30 septembre 2005