Périodiquement, le besoin me prend d’aller mettre mes pas dans les mots des poètes qui savent subvertir la langue et le monde ou plutôt leur rendre leur couleur d’origine. Valère Novarina est un de ceux-là, et des plus éminents.
Dans son ouvrage Devant la parole, il est aussi prophète, métaphysicien et burlesque. Il fustige « ce temps où le matérialisme dialectique, effondré, livre passage au matérialisme absolu ». Il interroge nos modes de pensée et de représentation et s’insurge du mauvais usage que notre monde fait des mots. Car, ces derniers ne sont pas « des outils qu’on prend ou qui se jettent », mais de véritables personnes « échangées entre les hommes comme des offrandes et des danses mystérieuses. Ils en savent plus que nous […], ils ont résonné bien avant toi ».
Le livre traite aussi de l’espace et du temps croisés dans le corps de l’acteur ; de cette délivrance, de ce suspens du temps que nous offre le théâtre ; de cette tentative déraisonnable de la peinture de vouloir représenter le temps !
Autant de lignes de force, de courants qui parcourent l’œuvre de Novarina, autant de questions qui me taraudent ! Les mots ont donc inventé l’espace et les objets. Un guide est apparu, Louis de Funès, double-acolyte de Valère Novarina ; aux propos totalement vrais parce que imaginaires.
Louis Castel
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