Deux pièces chinoises - Sauvée par une coquette / Le rêve du papillon

du 21 mars au 1 avril 2007
2 heures + un entracte

Deux pièces chinoises - Sauvée par une coquette / Le rêve du papillon

  • De : Guan Hanqing
  • Mise en scène : Bernard Sobel
  • Avec : Raphaël Bilbeny, Alain Catillaz, Jeanne Durussel, Carole Epiney, Alexandra Karamisaris, Patricia Naegeli, Delphine Rudasigwa, Marie-Laure Vidal-Garcia, Patrick Devantéry, Caroline Guignard
Bernard Sobel revient avec deux nouvelles pièces du grand dramaturge du 13ème siècle Guan Hanqing . En Chine, Guan Hanqing est un auteur aussi connu et vénéré que William Shakespeare l’est en Angleterre. Ardent défenseur de sa patrie contre l’envahisseur mongol, il pratique un art de la contrebande par nécessité.

Un art de la contrebande par nécessité
Les fables
Guan Hanqing et le théâtre Yuan
La compagnie

  • Un art de la contrebande par nécessité

Deux pièces du dramaturge chinois Guan Hanqing (13ème siècle) traduites par Evelyne Pieiller.

En 1975, pour le Festival d'Avignon, Bernard Sobel créait Le pavillon au bord de la rivière, un opéra de Betsy Jolas sur un livret de Guan Hanqing. En 2003, avec Et qui pourrait tout raconter ? il proposait une réflexion sur « l'art de faire la guerre à la guerre » en réunissant dans une même soirée, Les 7 contre Thèbes d'Eschyle et Le Seigneur Guan va au banquet, un autre livret de Guan Hanqing.

En Chine, Guan Hanqing (13ème) est un auteur aussi connu et vénéré que William Shakespeare l’est en Angleterre. Ardent défenseur de sa patrie contre l’envahisseur mongol, Guan Hanqing pratique un art de la contrebande par nécessité. Son théâtre, populaire mais raffiné, ne se préoccupe pas de la vraisemblance psychologique des personnages, et « n’entretient pas avec le réel un simple rapport de reproduction. Il n’en est jamais le pur et simple reflet. Il interdit même la possibilité de toute illusion par l’affirmation de sa matérialité, le recours à des conventions, des codes, qu’au lieu de dissimuler il affiche.(...) Dans un art comme celui-ci, où tout est à vue, le travail des coulisses et celui de l’acteur consiste à montrer un personnage, à raconter son comportement, mais aussi à mettre en évidence la façon dont il procède pour raconter les hommes. » Michèle Raoul-Davis, Théâtre/Public, octobre 1975, à propos du Pavillon au bord de la rivière

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  • Les fables

Sauvée par une coquette
Désireuse de se marier depuis plusieurs années, Yinzhang, jeune « fille-fleur » du quartier des courtisanes de Bianliang, finit par épouser un fils de sous-préfet plein d’assurance nommé Zhou She. Désespéré, son autre prétendant, le jeune lettré An Xiushi, va demander appui à Paner, soeur d’élection de Yinzhang. Trop orgueilleuse, cette dernière ne cède point. Cependant, excédé par ses piètres talents de femme de maison, Zhou She ne tardera pas à la maltraiter. Paner, venant à son secours, parviendra par un audacieux stratagème à obtenir un certificat de divorce de la main de Zhou She. Celui-ci, demandant alors justice au tribunal, sera complètement découvert et déchu, donnant ainsi l’opportunité à son rival An Xiushi d’épouser Yinzhang.

Le rêve du papillon
Les trois frères Wang, issus d’une famille d’agriculteurs, souhaitent embrasser la prestigieuse carrière de fonctionnaires. Parti en ville pour acheter les fournitures nécessaires, leur père meurt sous les coups de Ge Biao, seigneur sans scrupule. Souhaitant demander justice au tribunal, les frères retrouvent le meurtrier et l’assomment, mortellement. Mère et fils sont alors conduits au fameux tribunal du comté afin d’y être jugés. Au terme d’un interrogatoire au premier abord absurde et infructueux, le magistrat Bao, homme intègre et soucieux de rendre une justice impartiale, ne sait comment résoudre l’affaire. L’opiniâtreté de la femme et le souvenir d’un rêve fait dans l’après-midi lui donneront la clé. Après avoir libéré les aînés et condamné le cadet, il parviendra habilement à sauver ce dernier tout en faisant que justice soit rendue. L’empereur, sur instance du juge Bao, fera alors honneur à la famille, qui sera récompensée.

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  • Guan Hanqing et le théâtre Yuan

Le théâtre de Guan Hanqing appartient à ce qu’on appelle le Théâtre de Yuan, du nom de la dynastie mongole qui a régné sur la Chine du 13e au 14e siècle.

L’invasion mongole et le développement du Théâtre
Un premier choc avait ébranlé la Chine quand en 1126 des tribus tartares du nord-est, les Kin, avaient envahi le nord du pays et crée un empire indépendant, repoussant l’empereur Song au Sud du Yang-tsékiang (Fleuve bleu). Ce n’était qu’un prélude à l’invasion. En 1234, les Mongols venus des régions désertiques du nord sous la conduite d’Ogutaï, fils de Gengis Khan. En 1279 enfin, Kublaï Khan, petit-fils de Gengis, achève la conquête de la Chine en écrasant les Song du Sud. Le pays est réunifié.

La conquête mongole entraîne un profond bouleversement de la société chinoise traditionnelle et a un grand retentissement sur la vie intellectuelle et artistique. Depuis des siècles, en effet, le recrutement des fonctionnaires s’effectuait par la voie de concours littéraires anonymes et écrits. L’étude étant le seul moyen d’accès aux honneurs et à la richesse, le lettré était presque toujours fonctionnaire, et le fonctionnaire toujours lettré. C’est là l’une des raisons pour lesquelles le peuple, le monde paysan surtout, est aussi présent dans la littérature chinoise. De par sa fonction dans l’administration et souvent aussi par son origine sociale, l’intellectuel était en contact direct et permanent avec les plus humbles.

Or les Mongols suppriment les examens impériaux, ravalant les intellectuels au dernier rang de l’échelle sociale. Mais la conquête se traduit aussi par le rétablissement de bonnes communications, la prospérité du commerce et de l’artisanat et un essor de la vie urbaine très favorable au théâtre. Celui-ci, très populaire, était resté un genre mineur aux yeux des intellectuels. Réduits au chômage, ils trouvent avec lui de nouveaux débouchés et lui permettent en retour de connaître ensuite ce qu’on a appelé son âge d’or.

Guan Hanqing et la réalité chinoise
Né aux environs de 1210 et mort vers 1300, Guan Hanqing fut le plus célèbre d’entre eux, à tel point même que son nom devint synonyme de dramaturge. On sait qu’il fit d’excellentes études, qu’il était renommé pour ses connaissances musicales, son sens de l’humour et son talent à un jeu à la mode, proche du football. Membre très actif de la corporation du livre Yu-Ching fondée dans la capitale (Ta-Tou, aujourd’hui Pékin) par quelques écrivains célèbres, il était aussi directeur de troupe et même à l’occasion acteur. Auteur très prolifique, il a écrit soixante-dix pièces dont il ne reste malheureusement que dix-huit ; la plupart datent de la seconde moitié du siècle, surtout des deux dernières décades.

L’époque à laquelle il vit est l’une des plus sombres de l’histoire de la Chine. Les châtiments prévus à l’encontre de qui ose formuler une critique et braver l’occupant sont terribles. Pourtant, il n’hésite pas à peindre sans la farder la société de son temps, si vive paraît être sa conscience de sa mission et de ses responsabilités. Il est en ceci très représentatif de l’attitude générale du peuple et des intellectuels face à la conquête, puis à l’occupation.

Sa lutte contre les injustices et exactions de toute sorte commises par les Mongols, s’accompagne d’une critique non moins vive de certains aspects de la société chinoise traditionnelle, en particulier de la condition des femmes. Guan Hanqing n’est d’ailleurs pas seul dans ce cas. Dans le Théâtre des Yuan, le personnage principal est le plus souvent féminin (dans la période précédente, c’était un homme). A ceci une première raison : dans une oeuvre de résistance, de contrebande, la femme, faible parmi les faibles, humiliée parmi les humiliés permet de désigner le peuple. On a vu les raisons pour lesquelles l’intellectuel chinois, à la différence de l’intellectuel occidental, était proche du peuple ; son déclassement a joué comme raison supplémentaire pour les rapprocher davantage. Il lui a aussi permis de découvrir plus offensé encore.

Placé socialement par les Mongols entre les mendiants et les prostituées, l’intellectuel chinois est entré par le théâtre en relation plus étroite avec les « chanteuses », les parias de cette société. En même temps que les techniques d’un art populaire, il a appris d’elles la haine des riches et des puissants. Il a appris aussi à respecter le courage et la vraie noblesse de ces femmes vendues pour la plupart par des parents ruinés ou parce que leur famille s’était opposée au gouvernement. On sait que Guan Hanqing est resté en contact avec elles durant toute sa carrière. Il a raconté ce qu’était leur vie et su deviner derrière le sort de la courtisane, celui de la femme chinoise et de tous les opprimés.

Ainsi a-t-il lié intimement dans son théâtre le combat du peuple et celui des femmes, désigné leurs oppresseurs et réclamé la reconnaissance de leurs droits. Replacé dans un contexte historique et social, le théâtre de Guan Hanqing est un théâtre politique : il vise à provoquer une prise de conscience et à susciter une action sur le monde. Il est certain qu’il a contribué avec d’autres oeuvres au renversement de la dynastie mongole et à la libération du pays. Sa portée politique est confirmée par le fait qu’après l’instauration d’une nouvelle dynastie chinoise, celle des Ming, il a été systématiquement dévalorisé. C’est d’ailleurs pourquoi beaucoup de pièces ont été perdues. Le monde féodal et la caste des privilégiés craignaient les effets de sa critique. *
*Kuan Han Chin, à propos du pavillon au bord de la rivière Michèle Raoul-Davis, Théâtre/Public, octobre 1975

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  • La compagnie

La compagnie Les Dissemblables a été créée en septembre 2006 à Lausanne, par les étudiants de la promotion 2003-2006 de l’Ecole du Théâtre des Teintureries. Nourris par ces trois années de vie communautaire, les dix jeunes comédiennes et comédiens souhaitent poursuivre l’aventure ensemble. Groupe hétérogène aux multiples facettes, à la fois complémentaires et singulières, ils réalisent très vite que leurs différentes personnalités représentent un atout de taille pour la création artistique.

Durant leurs trois ans de formation, les dix comédiens auront eu l’occasion de travailler avec Pip Simmons (Gert Hoffmann), Christian Colin (Botho Strauss), Jean-Philippe Guerlais (Tragédie grecque), Gustavo Frigerio (Eschyle), Claude Degliame (Novarina), Jean-Michel Rabeux (Novarina), Jean Liermier et Jacques Vincey (Wedekind), Nicolas Rossier et Geneviève Pasquier (Marivaux), Anne-Cécile Mose (Racine), la Cie des Lucioles (Pierre Maillet, Bruno Geslin, Jean-François Auguste, sur Lars Noren), Francis Reusser (court-métrage Une femme blessée).

En juin 2006, encore élèves de l’Ecole du Théâtre des Teintureries, la promotion est invitée à l’occasion du Festival Trans, organisé par Jean-Michel Rabeux à la Cartoucherie /Théâtre du Chaudron à Paris, où elle présente un florilège de textes extraits des Lettres pour Louis de Funès de Novarina. C’est sous la direction de Bernard Sobel que s’achève leur formation, avec la création des deux pièces de Guan Hanqing.

Présenté en juin 2006 au Théâtre de l’Arsenic à Lausanne et en juillet au Théâtre de L’Arbanel à Treyvaux (Fribourg), ce spectacle marque non seulement l’aboutissement de leur parcours en tant qu’élèves mais également, et grâce à l’invitation de Pascal Rambert, le premier projet de la troupe comme compagnie en tant que telle.

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Théâtre de Gennevilliers (T2G)

41, avenue des Grésillons 92230 Gennevilliers

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Spectacle terminé depuis le dimanche 1er avril 2007

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