Dantons Tod (La Mort de Danton)

du 2 au 4 juin 2006

Dantons Tod (La Mort de Danton)

Spectacle en allemand, surtitré. Danton, ses débauches, ses contradictions et son agonie, le tout vu par Marthaler : une mélancolie inséparable d'une euphorique foi en la vie, au son des chants de toutes les révolutions.

En allemand surtitré.

L’homme qui écrit La Mort de Danton n’a pas vingt-deux ans. Contraint de se tenir tranquille à Darmstadt - il sait que la police le tient à l’œil depuis la publication d’un brûlot révolutionnaire, Le Messager hessois -, il occupe ses loisirs en consultant à la bibliothèque grand-ducale les dix volumes de l’Histoire de la Révolution Française d’Adolphe Thiers. En moins de deux mois, début 1835, Büchner compose un drame d’une nervosité elliptique dont le secret semblait perdu depuis les elisabéthains. Comme indifférent aux conditions de réalisation concrètes d’une mise en scène possible, il alterne intérieurs et extérieurs, scènes de toutes dimensions, langue populaire et rhétorique politique, sans autre loi que celle que lui dicte son sujet : la trajectoire inflexible qui, du 30 mars au 5 avril 1794, conduit Danton et ses amis à la guillotine. Rien de moins, en d’autres termes, qu’un moment crucial de la Révolution Française, et donc de l’histoire du monde.

Büchner n’a pas seulement emprunté à Shakespeare ses procédés de montage. Il s’est aussi inspiré de ses climats. Robespierre haranguant la foule peut faire songer à Ménénius Agrippa calmant les plébéiens insurgés de Coriolan. Danton, qui tantôt consent tantôt se refuse à se laisser aspirer dans cette sorte d’horrible entonnoir qui l’entraîne vers le néant, conserve peut-être un souvenir de Richard II. Büchner va même plus loin, en conférant parfois à son héros une aura discrètement christique : aux dernières heures de sa captivité, Danton reste seul à veiller parmi ses compagnons, comme Jésus au mont des Oliviers. Et comme lui, il aura son Judas. Mais Danton n’est ni un roi, ni un dieu - ces figures éprouvées ne peuvent plus fournir de pose qui lui convienne. Il n’est qu’un homme, d’une éloquence somptueuse, qui un beau jour, peut-être à force de fréquenter des prostituées, à force de les écouter surtout, s’est heurté à la vacuité des grandes phrases. Alors au nom de quoi marche-t-il au supplice ?

« Nous sommes les pauvres musiciens, et nos corps les instruments. Les sons discordants qu’on en tire n’ont-ils d’autre but que de monter, monter toujours, pour enfin, s’évanouissant doucement comme un soupir de volupté, aller mourir aux oreilles célestes ? » Avec cette question, Büchner achève de refermer le siècle des Lumières. S’il y a jamais eu un sens rationnel de l’Histoire, il est désormais si loin de se laisser saisir que même une logique tragique ou sacrificielle ne permet plus d’en rendre compte. Chacun affronte sa mort, qui n’appartient qu’à lui, dans une vacance de sens qui lui incombe seul. Celle de Danton lui appartient comme son mystère.

Dans ce formidable vacillement, c’est la Révolution elle-même qui finit par être ébranlée. Robespierre a-t-il raison de faire condamner Danton ? La Terreur est-elle un des voiles dont se couvre la Raison dans l’Histoire, ou le premier effet panique d’un effondrement de tout sens ? La moindre des surprises que nous réserve Büchner, c’est qu’il ne se prononce pas. Et Marthaler pas davantage, lui qui se tient, comme nous tous, dans le sillage de tant d'autres révolutions, bourgeoises ou socialistes, qui toutes virent leurs idéaux trahis ou dévoyés.

A mesure que le temps ralentit en touchant à sa fin, tandis que s'ouvrent l'histoire et le drame modernes, l'espace se vide, ne laissant plus que Danton et ses amis devant la mort qui offrira un dernier coup à boire avant de baisser le rideau de fer. Marthaler, pour conter à sa façon cette cruelle et véridique histoire, accorde à sa tonalité désabusée une euphorique foi en la vie, au son des chants de toutes les révolutions.

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Spectacle terminé depuis le dimanche 4 juin 2006

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