Cet animal étrange

• Comédie humaine d'après Tchékhov

La nuit. Un homme ivre rentre dans sa cour. Il est interrompu dans son soliloque par les grondements d’un chien. Décidé à montrer à l’animal la grandeur de l’humanité, il lui présente des fragments de mémoire et de rêves ; surgissent alors des scènes dont les personnages - maris jaloux, veuves émerveillées, femmes trompées, amants couards, fiancées en fleur…- tentent de parler d’amour en dépit de leur maladresse et de leurs vices.

La pièce, déjà classique dans les cours de théâtre mais mal connue du grand public, a été écrite d’après douze nouvelles de Tchékhov. Partant de l’univers à la fois drôle et désespéré, poétique et satyrique de l’écrivain russe, Gabriel Arout s’est amusé à retrouver le ton mordant de ces nouvelles tout en réinventant et actualisant le langage des personnages, allant jusqu’à confronter des hommes et des femmes de récits différents dans une seule et même situation. Servi par une écriture toujours subtile, pleine d’humour et de vie, le résultat est un tableau à la fois tendre et grinçant de la comédie humaine. Le chien sera-t-il convaincu ?

Avec la voix off de Laurent Terzieff.

• Note de mise en scène

Quand j’ai lu pour la première fois Cet Animal Etrange j’ai été emportée par son rythme effréné et la succession de ses scènes comiques. En décomposant le texte, il m’est apparu que ces fragments de vie naissaient dans l’esprit du personnage récurrent, un homme, convaincu de la supériorité humaine, aux prises avec un chien hermétique à ses propos.

Dans le monde où nous vivons, où l’avancée technologique permet à l’homme de rendre ses rêves et les conséquences de ses rêves réels et tangibles, les questions de ce personnage sont aussi les miennes : doit-on assumer la dualité humaine ? Le peut-on ? Doit-on refuser de tendre vers le bas ? Doit-on se laisser dévorer par son chien intérieur ? Peut-on échapper, même en rêve, à la tyrannie de la réalité ?

Pour que ces questions trouvent écho en chacun de nous, j’ai pris le parti d’une mise en scène épurée, où le son et les lumières habillent chaque scène de son climat propre, et surtout axée sur les acteurs et la direction d’acteur, point de départ d'une exploration toujours plus riche et profonde de l'être humain, instrument incontournable pour faire résonner l'inconscient collectif.

Ce spectacle a donc été conçu de telle sorte qu’on puisse le transporter partout, sur la lune, une plage, un radeau et, pourquoi pas, un théâtre ?

Marie Sauvaneix