Catherine Diverrès - Cantieri

du 10 au 13 octobre 2002

Catherine Diverrès - Cantieri

Depuis déjà presque vingt ans, Catherine Diverrès tisse un à un les fils de son univers, danse charnelle, abstraction poétique, théâtre des corps. Loin de toute mode surtout. Philippe Noisette

(Ne pas) Oublier Palerme
Un mot de la Chorégraphe
Traverser -Résidence italienne
Explorer - Projet de création

Depuis déjà presque vingt ans, Catherine Diverrès tisse un à un les fils de son univers, danse charnelle, abstraction poétique, théâtre des corps. Loin de toute mode surtout. D’"Instance", première pièce co-signée Diverrès/Montet et sous influence d’une rencontre avec le maître du butô Kazuo Ohno, jusqu’à "4+1(little song)", opus à la fragilité retenue, ce sont autant de voyages singuliers et subjectifs avec comme fil conducteur cette intériorité revendiquée. Il était alors attendu que Catherine Diverrès ouvre la porte du Sud pour élaborer "Cantieri"(chantier) entre Rennes, où son Centre Chorégraphique National est implanté, et la fière et métissée Sicile. C’est d’ailleurs au cœur même de Palerme dans des "Cantieri", genre de gigantesque Cartoucherie, anciens ateliers transformés en espaces de création, que l’équipe a trouvé résidence au printemps 2002. La chorégraphe affirme dans ce projet son désir de rencontrer et de rejoindre cette Europe du Sud "qui fait partie de notre histoire commune, passée, présente, à venir".

Douze danseurs - d’une grande variété de nationalités comme autant d’horizons nouveaux - auxquels devraient se joindre des intervenants siciliens, peut-être même une fanfare, donneront des "visages, des corps, des voix à cette Europe culturelle, non pas seulement à partir des idées mais des liens et lieux physiques, concrets, sensibles". Une pièce italienne d’une certaine façon, mais marquée des influences digérées par cette artiste passeur de sens. Compagnon de route, le scénographe Laurent Peduzzi, devrait donner à Catherine Diverrès les moyens de donner forme à cet "essai" vers le monde de l’illusion théâtrale, sur un mode ludique mais loin du spectaculaire. "Cantieri" est également pour Catherine Diverrès et les artistes engagés dans cette aventure trans-frontalière, la plus belle façon de reprendre langue avec un pays qui a commencé à vivre, avant nous, un moment politique délicat. La danse comme acte de résistance en quelque sorte. 

Philippe Noisette

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Cantieri veut dire chantier en italien. C'est aussi un lieu en Sicile à Palerme, comme un village dans la ville, constitué de vastes entrepôts silencieux, propices au travail, à la recherche, ouverts aux artistes. C'est là que commence le processus de création pour nous.

Cantieri la pièce, Cantieri le chantier. Ce chantier qui nous porte depuis un an vers la Sicile, vers cette fin de l'Europe du Sud, cette île silencieuse, violente, par son histoire, par le tourment de son soleil, de sa terre, ses volcans, ses vents. Tragique Sicile rayonnante et fière, sombre, rebelle. Au fond d'elle-même remuent les chants grecs des philosophes, les inventions du génial Archimède et suintent des traces des occupations arabes, normandes, espagnoles.

Avec cette création, le chantier qui s'ouvre, c'est aussi notre désir de rencontrer et de rejoindre cette Europe du Sud qui fait partie de notre histoire commune, passée, présente, à venir. Je souhaite que cette Sicile d'hier qui a abrité et inspiré parmi les plus grands penseurs de notre culture, soit ressentie, fouillée, tout autant dans son présent, son actualité, par chacun d'entre nous. Huit nouveaux danseurs nous rejoignent. Ce nouveau groupe comprend des nationalités diverses, italienne, espagnole, portugaise, finlandaise, coréenne, américaine et française, auxquels se joindront des « intervenants » siciliens.

Si j'imagine sombre et brûlante, l'influence de la Sicile pour la pièce, elle pourrait être apaisée par la douceur et l'exubérante sensualité italienne, le plaisir ludique de la machinerie du théâtre. 

À la rigueur de la géométrie et de la loi des nombres, répondra le souffle des éléments, chuchoté par la pensée d'Empédocle, à la violence tragique des hommes, le clin d’œil malicieux des anges et les masques de la représentation. Opposition des mondes subtils et terrestres que l'alchimie du mouvement unit. La scénographie devrait rendre l'espace mobile à notre imaginaire, dont l'abstraction ne réfrènera ni le rêve, ni la proximité, cette douce et étrange présence des corps que l'on peut toucher.

Avec ce temps de travail en Sicile, se tissent aussi patiemment des liens avec l'Italie continentale pour qu'un dialogue s'engage non seulement autour de la pièce à venir, mais avec des artistes, des critiques à partir d'ateliers et de débats. Dans ce moment politique difficile en Italie pour la culture et la création artistique, il nous semble important d'engager nos énergies dans la réflexion et la pratique à partir des singularités, des différences et la profonde cohérence qui unit ceux et celles qui travaillent la matière artistique. Donner des visages, des corps, des voix à cette Europe culturelle, non pas seulement à partir des idées mais des liens et lieux physiques, concrets, sensibles.

Ainsi porter soi, et cet ici ailleurs, non pas sur la toile, mais dans cette réalité bien incarnée et chaleureuse de l'espace humain. Voix à voix, visage à visage.

Catherine Diverrès
février 2002

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Hormis une première pièce Instance, créée au Japon il y a 18 ans, Catherine Diverrès a toujours créé en France. Pour la création 2002, le projet est de déplacer la compagnie pour une résidence en Italie.

« Il me semble très important aujourd’hui de traverser avec la compagnie une autre expérience de travail en nous déplaçant. Se déplacer physiquement, c’est aussi un déplacement mental. 

(...) En Italie, les fonds imaginaire et historique sont inépuisables. Il n’y aura pas d’hommage, il y aura certainement du conflit pour construire quelque chose à la fois de beaucoup plus simple et plus complexe que ce que je tente de dire avec une troupe qui va se constituer.

Des auteurs vont accompagner ce voyage sur notre table de chevet, mais la vie, le présent, vont les télescoper obligatoirement. Et c’est bien cela qui importe, qui compte.

(...) Ne pourrait-on rêver que l’Europe pourrait, par cette itinérance des artistes, retrouver ce siècle de l’humanisme où les artistes arpentaient l’Europe pour concevoir et construire partout des œuvres ?»

La résidence a eu lieu à Palerme (Sicile) sur une période de deux mois de création, en Avril et Mai 2002 en Sicile, puis à Rennes en juin et septembre 2002 .

La création à l’issue des résidences aura lieu à Paris en Octobre 2002, à Rennes et en Italie en Novembre 2002 et à Palerme en octobre 2003.

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« Je souhaite explorer avec la création 2002, le monde qui peut être féerique de la machinerie théâtrale. En regard d’un travail exigeant, sophistiqué et quelque peu “ascétique” sur les lumières et les scénographies épurées qui ont habité ces dernières années, je souhaite tenter un « essai » vers le monde de l’illusion théâtrale, sur un mode ludique sans pour autant sacrifier l’abstraction d’une écriture chorégraphique, la tension merveilleuse qu’elle est capable de soutenir et l’émotion qui s’en dégage.

(…) Travailler d’autres mécanismes dans l’espace, d’autres préhensions. Quelque chose qui aurait à voir avec cet impossible, au théâtre, possible au cinéma, déplacement des lieux. C’est aussi jouer avec les dimensions, et aussi bien sûr son contraire, la pauvreté, c’est-à-dire la simplicité sublime du poids des corps incarnés là, dans cet espace-temps unique, la scène (notre labeur quotidien). Mais il est toujours encore un peu tôt pour exprimer plus avant. Ce que je sens c’est que travailler le ludisme et la machinerie théâtrale ne nous renvoie pas forcément à des formes spectaculaires. »

La prochaine pièce réunira une douzaine de danseurs, auxquels pourront s’ajouter d’autres artistes, des acteurs, des musiciens, comme une fanfare sicilienne.

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Spectacle terminé depuis le dimanche 13 octobre 2002

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