Bargfeld N°37

Ce spectacle nous plonge dans l’oeuvre et l’intimité de celui qui se considérait comme le dernier des poètes, Arno Schmidt, auteur allemand mythique qui enfanta des milliers de pages et de mots.

Bargfeld n°37 est la dernière adresse où vécurent Arno Schmidt et son épouse Alice, dans une petite maison de la Lande de Lunebourg. C’est là que son écriture prend un tournant majeur pour devenir l’une des aventures les plus importantes de la littérature contemporaine. Bargfeld n°37 permet de découvrir la dernière période d’Arno Schmidt, non pas dans sa vie d’homme, mais dans la fulgurance de sa langue et dans son immersion sans concession dans la littérature et l’écriture. Issu d’un long travail de recherche, Bargfeld n°37 est nourri d’enregistrements privés, de lettres, de photos, de croquis, d’essais théoriques, ainsi que des dernières oeuvres narratives de l’auteur, notamment Soir bordé d’or conçu comme un grand dactylogramme.

La mise en scène de Natascha Rudolf s’inspire de la grande page A3 de ces tapuscrits pour faire de la scène l’endroit où vont cohabiter des univers, des juxtapositions d’images, de sons et de textes. Par la présence des acteurs, le bruissement des voix, le glissement des objets, apparaissent ces instantanés qui font une existence et qui marquent la rétine et la mémoire. Au centre névralgique de ce quasi-monologue, il y a « la chambre de travail », où l’auteur vit reclus. Interprété par Hubertus Biermann, il parle, murmure et doute. Les frontières entre le réel et l’imaginaire semblent se dissoudre, tout comme celles entre le passé, le présent et le futur.