Ballet du Grand Théâtre de Genève

du 22 au 25 février 2006

Ballet du Grand Théâtre de Genève

Trois spectacles chorégraphiques très différents au même programme : Para-Dice pour 8 danseurs, Selon désir pour 16 danseurs et Loin pour toute la compagnie.

Carte blanche, 3 spectacles chorégraphiques au même programme.

Entrelacs de Genève
Un monde fraternel
Les chorégraphies

  • Entrelacs de Genève

La rumeur a parcouru, comme un vent de fraîcheur, les festivals européens : le Ballet du Grand Théâtre de Genève fait peau neuve sous l'impulsion d’un nouveau directeur, Philippe Cohen. S’appuyant sur l’excellence d’une compagnie assez jeune, Philippe Cohen a décidé de repenser peu à peu le répertoire de la compagnie suisse, s’autorisant quelques escales chorégraphiques vers des eaux moins dormantes.

Ainsi après le coup d’éclat d’une création avec le Suisse Gilles Jobin, le Ballet du Grand Théâtre de Genève invite Sidi Larbi Cherkaoui en ses terres : chorégraphe installé à Gand, dans la mouvance des Ballets C. de la B., Sidi Larbi Cherkaoui avoue une passion pour le mouvement qu’il met en scène avec un sens du théâtre et de la musicalité hors du commun. Son désir de se confronter avec des danseurs aux bases plus classiques devrait faire des étincelles. « Il s’agit toujours de lancer des ponts en direction d’autres interprètes, d’autres pratiques qui me permettent de mon côté d’aller plus haut. Comme une envie partagée de s’ouvrir aux autres », résume Cherkaoui.

Presque un double inversé, le japonais Saburo Teshigawara sera une autre facette de ce programme scintillant : au baroque contemporain de Sidi Larbi Cherkaoui répondra alors le minimalisme poétique de Teshigawara dont Para-Dice fait les délices de Genève. Formé au classique et aux arts plastiques, Teshigawara signe des pièces sensuelles au visuel fort. « Tout vient de l’air à mon avis, c’est en tout cas ce qui est le plus important pour moi. Je compare surtout la danse à la musique : il y a une qualité commune d’élévation spirituelle en fait », dit Saburo Teshigawara.

Enfin, on découvrira Selon désir, une pièce du Grec Andonis Foniadakis, sur les choeurs d’entrée de la Passion selon saint Matthieu et de la Passion selon saint Jean de Bach : le mouvement y est quasi hypnotique avec ces groupes de danseurs qui se font et se défont. Au pays de la précision, la danse met enfin ses pendules à l’heure.

Philippe Noisette

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  • Un monde fraternel

Depuis deux ans, le Ballet du Grand Théâtre de Genève a entamé une refonte de son répertoire sans s’interdire d’explorer des territoires inhabituels pour une compagnie de ce type. Le Ballet de Genève s’est donc engagé avec conviction dans un projet artistique dont l’ambition principale est de participer aux évolutions de la création chorégraphique tout en maintenant un contact avec les fondements de la danse, sa source vivante.

Le programme que nous vous proposons est composé de trois créations mondiales. Ce programme n’est pas une simple addition d’initiatives diverses, hétérogènes, indifférentes les unes des autres, mais concourt à la réalisation d’un projet artistique fédérateur, structurant et dynamique. Enfin, ce programme porte en lui l’esprit d’ouverture et de générosité qui anime les artistes de la compagnie.

Quel lien peut-il y avoir entre l’univers aérien de Saburo Teshigawara, la transe baroque d’Andonis Foniadakis et le métissage culturel de Sidi Larbi Cherkaoui ? Il y a chez ces trois chorégraphes une esthétique où la spiritualité tient une place importante, et tous trois situent l’humain au centre de leur processus de création.

Avec ce programme, danseurs et spectateurs sont transportés dans un tourbillon de virtuosité baroque avec Foniadakis. Teshigawara nous élève vers une spiritualité légère, délicate et suspendue dans les airs. Sidi Larbi Cherkaoui nous livre une réflexion sur l’identité, les préjugés et s’engage dans une voie humaine, chaleureuse et, parfois drôle. Loin, c’est de l’émotion à l’état pur, que dépeint un monde fraternel lointain et pourtant si proche.

En proposant à ces trois créateurs de partager une même soirée, le Ballet de Genève entend prendre la parole sur un mode majeur, pour ce qu’il est et sera dans les années à venir : un foyer d’énergie créatrice essentiel, conscient de son devenir artistique et de la perspective historique dans laquelle il s’inscrit.

Le Ballet du Grand Théâtre de Genève se veut porteur de cette profession de foi et donner de la danse une image forte susceptible de déclencher d’autres imaginaires.

Philippe Cohen, directeur du Ballet

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  • Les chorégraphies

Para-Dice pour 8 danseurs (22 minutes)
Chorégraphie, décors, costumes, lumière de Saburo Teshigawara
Création sonore de Willi Bopp

Selon désir, pour 16 danseurs (22minutes)
Chorégraphie, costumes d'Andonis Foniadakis
Création sonore de Julien Tarride
Musique de Jean-Sébastien Bach

Loin pour toute la compagnie (50 minutes)
Chorégraphie de Sidi Larbi Cherkaoui
Musique d'Heinrich Ignaz Franz von Biber

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  • Para-Dice

Ressens l’air. L’air change de forme sans cesse. Sa transformation n’a pas de fin. Une sensation vaporeuse émerge de la forme de questions sans fin.
Merci et Bonjour s’échappent lentement dans l’air comme un jeu de dés qui se dissolvent. Le rythme intérieur vient d’un futur lointain. C’est le lien entre de fragiles vies.
Et cela donne forme au futur pressenti. Respirez davantage, fragiles vies.

Saburo Teshigawara, A propos de Para-Dice

Para-Dice, création de Saburo Teshigawara pour le Ballet du Grand Théâtre de Genève, donne l’occasion au chorégraphe japonais, véritable virtuose du mouvement, de poursuivre ses explorations sur la dynamique, entre la vitesse effrénée de ses plus fameuses pièces et l’immobilisme absolu de ses récentes créations. Le titre de sa chorégraphie, Para-Dice, repose sur un jeu de mots. Entre les allusions au paradis et à l’idée de hasard («dice» veut dire «dé» en anglais), elle répond à la définition qu’il donne de son art : « La danse est une sculpture, sculpture de l’air, sculpture de l’espace, sculpture du temps. Je danse pour faire disparaître le temps, je danse pour créer le temps. »

Le temps et la danse
La danse existe depuis l’aube de l’humanité. Peu importe comment on essaie de la situer dans l’histoire ; tout ce que je peux dire c’est que la danse vient du «présent». Quand je danse, cela ne peut être que maintenant, sans le poids de l’histoire. Et je danse, tendu vers un temps qui n’est pas encore arrivé. J’ai le sentiment que ce nouveau temps n’est pas encore arrivé. J’ai le sentiment que ce nouveau temps est constamment près de moi, qu’il y a encore plus de temps au-delà de la conscience immédiate. Le temps n’est pas quelque chose qui s’écoule, mais qui jaillit, et c’est tourné vers cette sorte de temps-là que je danse. Danser donne naissance au temps et contient la réalité de la vie.

La notion du temps que possède le corps s’exprime pour moi dans le fait que celui-ci, délimité par des contours nets, absorbe l’air qui l’entoure. Quand je dis corps, je ne me réfère pas seulement à l’entité physique, mais aussi à l’air qui l’environne. En bougeant, le corps dépasse ses propres limites et brouille la frontière entre lui-même et l’air. Ce qui rend la danse intéressante, c’est qu’elle inclut toujours l’air. Cela signifie qu’elle est l’hôte de la conscience.

Il me faut écarter ce que la danse a tenté de faire au corps, par le passé, la perception millénaire d’une enceinte de temps gravitationnelle. Lorsque je songe à la danse, je perçois clairement qu’en diverses circonstances, des corps et des formes invisibles, comparables à de faibles reflets, apparaissent. Ils obéissent au paradoxe en vertu duquel au lieu de constituer un foyer unique et circonscrit au corps, l’endroit où une multitude d’éléments se fondent – corps, air, gravité, légèreté, pression, musique, son, conscience, lettres, langues, formes, nature, nombres, lumière, poids, vitesse, température, humidité, matière, solvants, vapeurs – est parfaitement perceptible. Je vois donc le mouvement se perdre dans le temps. C’est en cela, je le crois, que de plus larges possibilités s’offrent à la danse.

Saburo Teshigawara

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  • Selon désir

" Dans de nombreux tableaux de la Renaissance, on trouve des formes somptueuses pour illustrer la souffrance. On assiste à une certaine volupté dans la douleur. " Andonis Foniadakis

Selon désir, présentée en première mondiale par le Ballet du Grand Théâtre de Genève en février 2004, tente de puiser dans ces grands portiques que sont les choeurs d’entrée des Passion selon Saint Matthieu etselon Saint Jean l’inspiration pour des mouvements et des échanges entre les corps. L’idée du ciel et de la terre, ainsi que les représentations picturales de la foi, du martyre, leur volupté dans la douleur, amènent Andonis Foniadakis à opposer l’élévation vers l’esprit céleste, synonyme de légèreté et de glissement, à l’énergie terrienne, représentée par des corps entremêlés les uns aux autres.

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  • Loin

Loin, création mondiale de Sidi Larbi Cherkaoui pour le Ballet du Grand Théâtre, s’interroge sur la distance entre les êtres, les époques et les cultures. Cherkaoui place ainsi sa danse dans un univers visuel et sonore composé d’éléments qui sont (apparemment) loin de nous.

Pourtant, on peut aisément imaginer, connaissant le plaisir qu’a le chorégraphe à «frotter» les cultures dans un même espace-temps, que les décors arabisants constitués de moucharabiehs et de voiles, les costumes orientaux évoquant les arts martiaux et la musique instrumentale européenne du XVIIe siècle vont former un tout disparate, mais que de ce métissage va émerger un appel au rapprochement. Les mains et les bras des danseurs s’entrecroisent, et de ces mouvements surgissent de nouvelles formes, de nouveaux corps.

Les limites de chaque corps se fondent et les danseurs eux-mêmes perdent leurs repères. Par le travail de transposition, le chorégraphe met aussi en lumière les points de convergence et de divergence, tout en nous permettant de les relativiser ; selon les variations d’intonations employées pour dire une même phrase, l’impression ressentie par l’interlocuteur sera différente. De la même façon, un même mouvement réalisé par différentes parties du corps va provoquer pour le danseur comme pour le spectateur une sensation très différente. En demandant aux danseurs de raconter une histoire, puis d’isoler les mouvements de mains et de bras qui illustrent leur propos, et de réaliser ces mouvements à plusieurs, le chorégraphe, là encore, frotte les individus aux récits d’autres individus et laisse émerger la rencontre qui naît des variations entre les uns et les autres.

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Spectacle terminé depuis le samedi 25 février 2006

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