Argument

du 22 janvier au 13 février 2016
2 heures environ

Argument

La langue de Pascal Rambert est lyrique et musicale, l’ambiance vénéneuse et fantastique, et en toile de fond, les événements de la Commune. Avec Laurent Poitrenaux et Marie-Sophie Ferdane.
Quatre tableaux pour raconter une lutte amoureuse entre dépendance passionnelle et jalousie meurtrière, sous le regard d'un enfant, mi-ange, mi-démon. La langue de Pascal Rambert est lyrique et musicale, l’ambiance vénéneuse et fantastique, et en toile de fond, les événements de la Commune. Avec Laurent Poitrenaux et Marie-Sophie Ferdane.
  • Une scène tragique et magique

Après Clôture de l’amour qui connaît un succès mondial depuis sa création en 2011 au Festival d’Avignon, l’auteur et metteur en scène Pascal Rambert s’attache à nouveau au couple.

Cette nouvelle pièce, il l’a écrite pour les acteurs Laurent Poitrenaux et Marie-Sophie Ferdane. Dans une langue lyrique et musicale, à la fois ancienne et moderne, il nous raconte l’histoire de Louis, Annabelle et l’enfant Ignace.

En quatre tableaux, dans une ambiance à la fois vénéneuse et fantastique, on suit l’affrontement d’un homme et d’une femme, leur relation amoureuse faite de dépendance passionnelle et de jalousie meurtrière. En toile de fond, les événements de la Commune et une Normandie fantasmée à la Balzac ou à la Flaubert. Leur lutte se fait sous le regard de l’enfant, mi-ange, mi-démon, muet, mais chantant et dansant...

Entre chaque partie, la salle est plongée dans le noir, on entend une voix enregistrée qui nous raconte ces événements que l’on ne verra pas, comme une pause poétique pour passer d’une scène à l’autre.

Un véritable voyage sensible, dans un univers fantasmé et une langue particulière.

  • La presse

« Le pari est gonflé. Réussir une sorte de pastiche — à la manière de La Révolte, de Villiers de l'Isle-Adam, ou autre duo furieux et gothique de la fin du XIXe — tout en gardant une modernité fascinante... Pascal Rambert excelle dans les dialogues-fleuves et monologues-éructations. Son écriture, barbare et sentimentale à la fois, se prête à la passion comme à la détresse. » Fabienne Pascaud, Télérama

« Et soudain à chaque page, à chaque tableau, on meurt et puis on revient, on se porte des coups, on se rappelle ses serments, ses promesses ; on sort d’outre-tombe pour palpiter encore un peu et espérer s’envoler comme un papillon. On ne meurt jamais parce que l’on est au théâtre, et cette pièce devrait offrir sur scène non pas simplement le spectacle des passions, mais la passion elle-même avec tout son sang et toutes ses vapeurs. » Alchimieduverbe.com

  • Entretien avec Pascal Rambert

Quʼest-ce qui est à lʼorigine de lʼécriture dʼArgument auquel vous pensez depuis 2 ans ?
Pascal Rambert : Pour des raisons qui ne mʼont pas été données, la base ce sont les corps : la bouche de Marie Sophie Ferdane et la façon de bouger de Laurent Poitrenaux. Leurs corps mʼont envoyé des messages ; m'ont renvoyé à une autre époque : en 1871. Aux préraphaélites anglais, par exemple, près du peintre et poète Dante Gabriel Rossetti et l'histoire avec son épouse et muse, l'artiste Elisabeth Siddal, modèle pour tous les peintres de cette époque. Elle en est morte d'ailleurs. À sa mort, il a enterré ses poèmes dans sa tombe puis, à court d'argent il les a déterrés pour les publier. Cʼest lʼépoque aussi de Mallarmé que jʼaime beaucoup. D'une certaine invention de la langue.

Cʼest la France de la Restauration, de la Commune. Ce nʼest pas dans vos habitudes.
Oui, cʼest un monde que je ne connais peu et que je nʼavais jamais abordé dans mes pièces contemporaines. Mais, cʼest une France qui me plaît et m'effraie : cette France étouffante, aux appartements avec de grosses tentures, sous la lumière au gaz, où des vies se fanent - qui me repousse quant à ses valeurs conservatrices. Jʼai surtout un goût pour le XIXe siècle et ce court moment que fut la Commune. À la Goutte dʼOr je passe souvent devant la plaque dédiée à Louise Michel. Cela me ramène régulièrement à cette époque qui mʼinterroge, me charme.

Pourtant vos trois personnages nʼont rien de très charmant, ce couple qui se déchire jusquʼà la mort avec ce pauvre Ignace, lʼenfant ballotté.
Je ne fais évidemment pas ici une pièce historique. Le couple, comme beaucoup a quitté Paris pour la province au début de la Commune, lui, Louis, avec des convictions de bourgeois réactionnaire, un chef de famille avec des valeurs. Elle, Annabelle, plus rebelle, lit, écrit : ce qui fait peur aux hommes. Quant à lʼenfant, il me touche. Il est lʼexpression de la façon dont les enfants sont manipulés, dirigés par nos propres affects. Quʼest-ce que lʼon inscrit dans la chair de nos enfants ? Jʼai eu la chance dʼavoir une enfance sans problème. Mais si le manque d'amour est une torture parfois l'inverse tue plus sûrement.

Alors Ignace s'envole et Annabelle sort de la tombe pour prendre la parole.
Oui, Ignace, il ne sait que faire devant l'affrontement dur et violent de ses parents. On le voit souvent dans la vie : les enfants au milieu dʼune querelle ne savent pas comment réagir mais, en silence, ils enregistrent tout. Alors oui, Ignace s'envole et Annabelle sort de sa tombe, après avoir été victime des paroles et des coups de la jalousie de son époux qui se déchaîne parce qu'il a trouvé un médaillon. Le théâtre permet de faire ce que rien d'autre ne permet : faire voler un enfant, ressusciter une femme. Et toute ma vie, je ferai revivre sans doute ces femmes mortes pour quʼelles parlent. Je donnerai si possible et le mieux possible une forme à ce désir fou qui nous habite : vivre toujours, ne jamais mourir. Le théâtre lʼautorise. Donner aussi une forme au désir cannibale de l'espèce humaine. Clôture de lʼamour était la forme visible d'une rupture à travers le langage. Répétition l'explosion à fragmentation d'un groupe. Argument ce sont les flèches empoisonnées, silencieuses, que adultes, nous enfonçons dans le corps de nos enfants. Nous nous entre-dévorons.

Vous avez la foi ?
Non. Mais la présence insupportable de la religion en ce moment m'oblige à y réfléchir. Mais ce sera plus présent dans ma prochaine pièce Actrice que j'écris pour les acteurs russes du Théâtre d'Art de Moscou. Ceci dit « la foi » est un vrai sujet.

Cʼest lié aux années qui passent ?
Ce que je ressens aujourdʼhui est un moment déceptif, un retour à une forme de restauration, malheureusement. Dans ma génération, on défendait des idées révolutionnaires, assez belles, on défendait lʼavortement, le droit d'aimer qui on voulait, on nʼétait pas obligé dʼêtre attaché à un territoire. Il y avait une sorte d'énergie humaniste. Aujourd'hui quelque chose sʼest retourné que je ressens avec beaucoup de chagrin. Quelque chose s'est fermé. Les êtres se sont fermés. Jʼai mis fin à mes délices de jeunesse liés à la recherche romantique de la mort. J'ai des centaines de projets partout dans le monde. Par exemple avec l'auteur et metteur en scène Japonais Oriza Hirata on s'est juré quʼon ferait ensemble un projet en 2042, quand on aura 80 ans. Je nʼai pas vu le temps passer. Des jeunes gens me parlent de mes mises en scènes, de mes textes, les montent et moi je ne mʼattendais pas à mourir et tout à coup, j'ai 50 ans. Et ça me plaît de vieillir. Écrire à lʼimparfait, cʼest le bonheur.

Propos recueillis par Marie-Christine Vernay, 2014.

Sélection d’avis du public

Pascal Rambert vise trop haut ! Par Marcel V. - 24 mars 2016 à 23h32

Je précise que c'est le premier spectacle du T2G auquel j'assiste depuis que Pascal Rambert en est le directeur. J’étais surtout venu pour l'actrice, Marie-Sophie Ferdane, que j'aime beaucoup. Laurent Poitrenaux, que je découvrais, est lui aussi très bon ; même si celui qui m'a le plus convaincu est finalement celui qui ne parle pas : l'enfant, rôle muet joué en alternance (et avec talent) par Anas Adibar et Nathan Aznar (je ne sais pas lequel des deux j'ai vu, mais je lui tire respectueusement mon chapeau). Quoiqu'assez bien écrit, tout cela demeure un peu froid ; on sent que Pascal Rambert veut nous entraîner sur les hauteurs et qu'il ne regarde jamais derrière lui pour vérifier que nous le suivons. J'avais l'impression durant tout le spectacle qu'un écran invisible était placé entre les comédiens et les spectateurs. Un moment pourtant a réussi à ébrécher légèrement ce mur, instant vraiment théâtral et intensif, qui se ressentait dans toute la salle : celui où le mari aide sa femme à se relever et où, durant quelques secondes, celle-ci semble flotter sur le sol. D'autres moments sont de cette trempe (le mari qui se fait tuer « à répétitions », la chanson paillarde chantée par le fils, l'apparition puis le dévoilement du fantôme de la mère...) et ne manquent pas de charme, mais ils sont trop éloignés et disparates pour m’attendrir comme je l'aurai souhaité. De la naît ma frustration devant cette succession de dialogues, que vient seule couper la voix apaisante de Denis Podalydès, le tout soutenu par aucun fil conducteur ; ou plutôt je sentais, plus frustrant encore, qu'il y en avait un, mais c'est comme si l'auteur s’était refusé a nous le donner. Est-ce donc cela qu'on appelle le théâtre contemporain ? Un théâtre ou le public n'aurait pas sa place ? Où l'auteur n’écrirait pas (au moins en partie) pour les spectateurs qu'il va jeter en plein dans l’arène de son histoire ?...

Argument Par Marcel V. - 24 mars 2016 à 17h33

Pas excellent

Argument Par Noël B. - 29 janvier 2016 à 18h44

Poussiéreux, ampoulé, ringard et prétentieux malgré des acteurs très pénétrés de leur rôle et de leur texte trop souvent" surdéclamé". Bienvenus sont les entre-actes à l'écoute du "choeur"interprété par Podalydés dans le noir absolu de la salle...

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Pascal Rambert vise trop haut ! Par Marcel V. (8 avis) - 24 mars 2016 à 23h32

Je précise que c'est le premier spectacle du T2G auquel j'assiste depuis que Pascal Rambert en est le directeur. J’étais surtout venu pour l'actrice, Marie-Sophie Ferdane, que j'aime beaucoup. Laurent Poitrenaux, que je découvrais, est lui aussi très bon ; même si celui qui m'a le plus convaincu est finalement celui qui ne parle pas : l'enfant, rôle muet joué en alternance (et avec talent) par Anas Adibar et Nathan Aznar (je ne sais pas lequel des deux j'ai vu, mais je lui tire respectueusement mon chapeau). Quoiqu'assez bien écrit, tout cela demeure un peu froid ; on sent que Pascal Rambert veut nous entraîner sur les hauteurs et qu'il ne regarde jamais derrière lui pour vérifier que nous le suivons. J'avais l'impression durant tout le spectacle qu'un écran invisible était placé entre les comédiens et les spectateurs. Un moment pourtant a réussi à ébrécher légèrement ce mur, instant vraiment théâtral et intensif, qui se ressentait dans toute la salle : celui où le mari aide sa femme à se relever et où, durant quelques secondes, celle-ci semble flotter sur le sol. D'autres moments sont de cette trempe (le mari qui se fait tuer « à répétitions », la chanson paillarde chantée par le fils, l'apparition puis le dévoilement du fantôme de la mère...) et ne manquent pas de charme, mais ils sont trop éloignés et disparates pour m’attendrir comme je l'aurai souhaité. De la naît ma frustration devant cette succession de dialogues, que vient seule couper la voix apaisante de Denis Podalydès, le tout soutenu par aucun fil conducteur ; ou plutôt je sentais, plus frustrant encore, qu'il y en avait un, mais c'est comme si l'auteur s’était refusé a nous le donner. Est-ce donc cela qu'on appelle le théâtre contemporain ? Un théâtre ou le public n'aurait pas sa place ? Où l'auteur n’écrirait pas (au moins en partie) pour les spectateurs qu'il va jeter en plein dans l’arène de son histoire ?...

Argument Par Marcel V. (8 avis) - 24 mars 2016 à 17h33

Pas excellent

Argument Par Noël B. (2 avis) - 29 janvier 2016 à 18h44

Poussiéreux, ampoulé, ringard et prétentieux malgré des acteurs très pénétrés de leur rôle et de leur texte trop souvent" surdéclamé". Bienvenus sont les entre-actes à l'écoute du "choeur"interprété par Podalydés dans le noir absolu de la salle...

Informations pratiques

Théâtre de Gennevilliers (T2G)

41, avenue des Grésillons 92230 Gennevilliers

Accès handicapé (sous conditions) Bar Grand Paris Hauts-de-Seine Librairie/boutique Restaurant
  • Métro : Gabriel Péri à 464 m
  • RER : Les Grésillons à 1 km
  • Bus : Marché de Gennevilliers à 15 m, Place Voltaire à 293 m, Gabriel Péri - Métro à 371 m
  • Transilien : Asnières-sur-Seine à 2 km
  • Voiture : Porte de Clichy, direction Clichy-centre. Tout de suite à gauche après le Pont de Clichy, direction Asnières-centre.
    A 86 Sortie Paris Porte Pouchet. Au premier feu tourner à droite, avenue des Grésillons.

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Plan d’accès

Théâtre de Gennevilliers (T2G)
41, avenue des Grésillons 92230 Gennevilliers
Spectacle terminé depuis le samedi 13 février 2016

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