Anticlimax

Bobigny (93)
du 20 mars au 12 avril 2002

Anticlimax

"Ce qui est dégoûtant, c'est la réalité. Pas ce qu'on invente" Werner Schwab

La langue de ce qui n’a pas de langue
Mettre en scène Anticlimax

" Donner la teneur de la pièce de Werner Schwab revient à dire qu’elle ne passe pas uniquement par sa compréhension mais surtout par le ressenti et la sensation. " Hauke Lanz

Anticlimax décrit en quatorze scènes un individu, Marie, qui évolue dans un monde pulsionnel et défaillant, à travers la cellule familiale, puis sociale. L’action du drame est construite comme un cycle où la fonction sexuelle et l’expérience traumatique dialoguent.

Une par une apparaissent puis disparaissent les figures : Marie, puis le frère, le père, la mère, un médecin, un policier, un curé arrivent comme des signes, imposent leur fonction et se définissent par rapport à Marie comme des vecteurs pulsionnels, ils abusent de Marie, puis disparaissent ou meurent pour que Marie puisse se retrouver dans ce "rendez-vous qu’elle a pris avec elle-même". Ces figures ont cessé d’être des personnages avec un vécu. Comme dans les Moralités ou les Auto Sacramentales, ils symbolisent - dans toute leur ambiguïté - des fantasmes devenus réalités théâtrales.

Marie tuera ce monde violateur qui l’a pourtant conditionnée, et elle transgressera sa condition en déjouant les valeurs que celle-ci impose. Elle vaincra dans une naïveté troublante sans pour autant résorber la blessure, énorme.

La dynamique que thématise Anticlimax, entre organicité et abstraction poussées au paroxysme, part de l’image d’une pièce sanglante que l’auteur suggère comme décor : symétrie et construction en contrepoint avec les humeurs physiques, la blessure. C’est un drame sans "héros", moderne, parce qu’il parle la langue d’un vécu refoulé, sexué ; il parle la langue de ce qui n’a pas de langue.

Hauke Lanz

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"Je ne m’intéresse pas aux thèmes, mes personnages se définissent à travers la langue. Je considère la langue comme un sculpteur. Ça m’est égal s’il s’agit d’or ou de crasse, j’examine le matériau avec lequel je joue." Hauke Lanz

Monter Anticlimax n’est pas uniquement la suite logique de mon expérience du théâtre de Werner Schwab. Ce texte testamentaire atteint au travers du personnage de Marie, des sommets d’abstraction, de dissection des fonctions de famille, de société et de langage, sans rien omettre de la sauvagerie des premiers textes.

Un univers poétique où les fantasmes des personnages sont autant présents que leurs réalités Mon travail consistera entre autres en la création d’une "partition parallèle" au texte, qui se veut être un moyen de pousser le public à s’identifier pleinement, à dépasser les barrières de l’abstraction pour percevoir dans le drame les vestiges de son vécu, même involontairement.

Émouvoir le public à contrecœur, le toucher malgré lui, lui faire vivre l’expérience jouissive de rentrer dans le crâne de l’auteur, sans conciliation ni compromis, tel est mon but. Le théâtre de Werner Schwab souvent considéré outre-Rhin comme un théâtre “nouveau, populaire et radical” trouve ses origines en dehors du champ théâtral : dans la sculpture, la subculture des années quatre-vingt et surtout dans un vécu dense et bref. Ce théâtre est unique, parce qu’il ne vient pas du théâtre.

(...) Ce qui est fascinant à la lecture de ces pièces, c’est cette sensation de plonger dans un univers poétique où les fantasmes des personnages sont autant présents que leurs réalités. De même, la construction des pièces reflète de façon brute et drôle l’incohérence apparente de l’inconscient : sacré et putride se retrouvent sur le même plan, les hiérarchies sont abolies.

Dérision et barbarie, inextricablement mêlées.
Il s’agira d’approcher cette brutalité et cette violence qui frappent et peuvent choquer au premier abord, avec toute la finesse et la rigueur nécessaires pour en faire percevoir le moteur profond. Ici, la violence se nie toujours. Elle a quelque chose de très fragile, ce qui la rend d’autant plus troublante. Troublante aussi car la plupart du temps sexuelle. À l’intérieur de ces textes, elle a pour compagnons la naïveté et le burlesque. Ces aspects sont à traiter en contre-point : sans pour autant occulter la violence ils ne doivent en aucun cas être sous-estimés.

Prendre très au sérieux ce qui semble ridicule. Dérision et barbarie sont en effet ici inextricables, et ce serait piétiner la pensée de l’auteur que de pencher pour l’un ou pour l’autre.

La dimension sonore, un instrument pour reproduire le processus même d’écriture de Werner Schwab
De son vivant Werner Schwab collaborait avec le groupe de musique d’avant-garde Einstürzende Neubauten, et manifestait dans ses mises en scène le désir de faire de la production du son une action indissociable de l’action du texte. Dans Anticlimax, le son permettra de reproduire à l’intérieur même du spectacle le processus d’écriture de Werner Schwab : faire dévier le sens de la musique et des sons, par l’emploi de boucles, de samples ou de scratchs qui dénaturent l’essence musicale mais la laissent perceptible, tout comme Schwab avait usage de faire avec les mots.

La langue de Schwab est subversive, parce qu’elle est ludique ; elle joue avec les désirs refoulés que nous reconnaissons, mène le lecteur dans des zones troubles de l’imaginaire. La mise en scène devrait être l’écho de cette réalité. Werner Schwab savait que jouer avec les matières négatives est bien plus bénéfique au corps et à l’esprit que de les refouler.

Les déchets et les ordures qu’il employait dans ses sculptures se retrouvent dans tous ses textes, sous forme d’idées, de personnages, de comportements sociaux ou sexuels. Ici, la sexualité est subie, elle dégoûte et ne mène jamais au plaisir. Cette facette obscure de la sexualité qui perce dans Anticlimax se présente comme un obstacle à la mise en scène, d’autant plus que Schwab fait appel à la pornographie pour l’exprimer dans le texte. Mais là encore, c’est un rapport ludique au texte qui seul peut permettre de transcrire masturbations et sodomies qui ponctuent le texte. Il faut passer par l’abstraction la plus totale, et non simplement esquisser ou mimer ces gestes que l’on refuse de commettre sur scène. Avant tout transmettre le mouvement, la tension, la sensation, donner à voir sous forme de “climat” ce qui doit rester intime au spectateur pour le faire vibrer. Pour ouvrir sa conscience sur ce que nous sommes, y compris dans les aspects les plus cachés. Et là encore, pour l’émouvoir.

Hauke Lanz

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Spectacle terminé depuis le vendredi 12 avril 2002

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