Animal

du 16 mars au 17 avril 2005

Animal

C’est le retour du « grand » Kalonec. Parti malade, revenu tout neuf de Paris. Retour du grand chasseur dans sa concession, ancien commerce de peaux, bois, animaux. La mort est partout, dans ce coin d’Afrique où plus rien ne semble possible. Tuée par son maître un peu plus tôt, mais pas rancunière, la chienne revenante de Kalonec apparaît et songe au sort de l’agneau sacrifié d’Abraham. Dans ce temps qui piétine, les personnages ne trouvent plus la sortie. Alors Kalonec les emmène tous, dans son pick-up, direction Roissy

Résumé
L’odyssée d’une famille

Une aventure qui a pris son temps

Une anecdote

La parole est malade

La vitalité de la langue

C’est le retour du « grand » Kalonec. Parti malade, revenu tout neuf de Paris. Retour du grand chasseur dans sa concession, ancien commerce de peaux, bois, animaux. La mort est partout, dans ce coin d’Afrique où plus rien ne semble possible. Tuée par son maître un peu plus tôt, mais pas rancunière, la chienne revenante de Kalonec apparaît et songe au sort de l’agneau sacrifié d’Abraham. Dans ce temps qui piétine, les personnages ne trouvent plus la sortie. Alors Kalonec les emmène tous, dans son pick-up, direction Roissy.

Animal, écrit entre 2000 et 2001, paraîtra aux Éditions Théâtrales en janvier 2005.

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Dans Animal, les personnages sont à la fin de leur parcours, dans le dernier voyage qui va les mener de la vieille concession coloniale, située au cœur de la forêt, à l’aéroport Charles de Gaulle, où ils mourront doucement, essayant de téléphoner et de jouir d’une dernière extase improbable.
Que le fils meure avec le père et la femme avec la jeune fille ! Le désir de vivre brûle, le désir se manifeste, se fait entendre jusqu’au dernier souffle !

Le père, le « responsable », l’increvable, que le fils n’arrivera pas à tuer.
Le fils raté, qui vit dans l’ombre du père, revanchard et puceau.
Fricaine, la femme, l’amante, la mère qui n’a pas pu se déprendre de cet homme, qui a tout renié pour lui. Il ne lui reste plus qu’à aller au bout de la logique coloniale : tout détruire, tuer tous les animaux, pour rien, et construire un mur.
Iche, la jeune femme, elle aussi amante du père, l’idiote, la perdue.
Will, l’élu invisible, le fils que le père se choisit, le nègre albinos, le chant, celui que le père rêve de ramener en France pour en faire une star des plateaux télé et décrocher le gros lot.

L’élan est donné, ils s’embarquent, et en route vers « l’élu » qui habite au milieu des eaux, une terre d’après le déluge, une renaissance possible ? Ratage ! C’est pas pour cette fois ! D’où va-t-on repartir alors ? Arrivés au pays de cocagne où, d’emblée, on perd le peu qui reste, il n’y a plus qu’à… dormir, mourir peut-être ?

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Il y a plus de deux ans maintenant, Roland Fichet m’a lu une pièce : Ça va. Il y eut trois autres lectures qui ont vu la pièce changer de titre, de lieu, gagner un personnage (Chienne) et, surtout, affirmer son caractère épique, amplifié par l’apparition d’un récit qui devient la toile où les dialogues se prennent.

L’apparition de l’Afrique - non seulement d’un territoire, mais aussi de l’Autre - n’a fait que renforcer mon désir de mettre en scène le texte. Il n’y a que l’Autre, l’étranger à soi, qui puisse faire avancer. L’Autre, pas pour le piller, ni pour s’en servir, mais pour apprendre.

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Nous étions, avec Roland Fichet et des acteurs africains, dans une camionnette entre Saint-Brieuc et Binic. Les acteurs se sont mis à chanter les chansons qu’ils avaient apprises, petits, à l’école. Pendant vingt minutes, ils ont enchaîné les chansonnettes ou les poèmes, qu’ils concluaient toujours en mentionnant le nom et l’adresse parisienne de l’éditeur du manuel scolaire, éclatant de rire entre chaque texte.

Pourtant originaires de quatre pays différents, ils connaissaient tous ces chants qu’un instituteur français leur avait appris. Ils riaient, derrière, et moi j’essayais tant bien que mal de dissimuler mes larmes. Mieux que par n’importe quel discours politique ou historique, j’étais en prise avec l’Histoire, celle de mon pays et de son empire.

Ils riaient, je pleurais, et il me semblait qu’ils savaient quelque chose de la vie que j’ignorais. Une vitalité, malgré tout, une vitalité tant qu’on n’est pas mort, même si la vie est précaire, dangereuse.

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À une époque, on s’accordait à penser que la parole était malade. Aujourd’hui, cette évidence semble oubliée et l’entretien de la parole est abandonné par ceux-là mêmes qui en ont la charge : elle gît dans le langage mort des communicants.

Les personnages de Animal savent qu’ils sont malades ; ils parlent comme des malades mais leur parole est captive d’une autre, civilisée, policée, lessivée. Après la colonisation, la mort de la nature, ces hommes qui ne pensent plus que par eux-mêmes, pour eux-mêmes, en dehors et au mépris du vivant.

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Pourtant, la pièce de Roland Fichet ne renonce pas à essayer de penser un monde possible au risque de l’incompréhension. Ce n’est pas une parole communicante, mais une parole d’homme qui ne se simplifie ni ne se résume. Une vitalité - je ne dis pas : un espoir - gît dans la langue.

Oralité : non pas le retour à un langage brûlé du quotidien, mais la volonté d’exalter le plaisir de dire. Seul le rapport sensible et incertain aux mots peut nous aider à fonder notre existence.

Frédéric Fisbach

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La Colline (Théâtre National)
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Spectacle terminé depuis le dimanche 17 avril 2005

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