Abigail's party

Reine de sa soirée, Beverly pousse à son paroxysme les lois de l’hospitalité, désireuse de laisser dans la mémoire de ses invités une trace exceptionnelle. À ce dangereux jeu social de l’être et du paraître, combien de masques tomberont ? Et jusqu’où la vérité sera-t-elle mise à mal ?
Dans la banlieue de Londres, au cœur des années 1970, Beverly et son mari Peter reçoivent Angela et Tony, un jeune couple qui vient d’emménager dans le quartier. Susan, en voisine, se joint à cette soirée pour trouver refuge loin de la « party » organisée par sa fille Abigail. À ce dangereux jeu social de l’être et du paraître, combien de masques tomberont ? Et jusqu’où la vérité sera-t-elle mise à mal ?
  • Le jeu du social de l'être et du paraître

Dans la banlieue de Londres, au cœur des années 1970. Ce soir Beverly reçoit avec son mari Peter, qui ne partage pas son excitation à l’approche de cet exercice de courtoisie. Les invités sont au nombre de trois, Tony et Angela, jeune couple qui vient d’emménager, et Susan, la maman d’Abigail, évincée par sa fille qui donne une party entre jeunes dans un pavillon voisin.

Reine de sa soirée, Beverly pousse à son paroxysme les lois de l’hospitalité, désireuse de laisser dans la mémoire de ses invités une trace exceptionnelle. À ce dangereux jeu social de l’être et du paraître, combien de masques tomberont ? Et jusqu’où la vérité sera-t-elle mise à mal ?

Mike Leigh le grand cinéaste aux Palmes d’Or et autres Oscars est aussi un auteur de théâtre plus méconnu en France. Abigail’s Party, ici traduite par le brillant Gérald Sibleyras a été créé en 1977 et la pièce a toute la folie de ces années-là, la liberté, ce mélange très anglais de la farce liée à la tragédie, un plaisir pour les cinq comédiens qui s’emparent avec bonheur de ce challenge.

Sur une musique qui va de Demis Roussos à Earth Wind and Fire, l’esprit party est de rigueur, alcool à l’appui, les langues se délient, les couples partagent peut être trop en public leur intimité. À travers le prisme de Beverley, formidable hôtesse haute en couleur, le monde d’une certaine banlieue et de ses aspirations à être dans le coup se délite pour notre plus grande joie.

Le défi de metteur en scène est de rester sur ce fil tendu et prêt à craquer qui, dans un rythme effréné, vacille entre rires et larmes, les différentes personnalités poussées à bout d’un jeu dangereux. Qui pouvait penser qu’une invitation à un cocktail vrillerait à ce point ?

Thierry Harcourt

  • La presse

« Seuls les Anglais savent écrire des pièces aussi cruelles - et touchantes. (...) un spectacle rapide, aussi vivant qu'il est méchant. » Jean-Luc Porquet, Le Canard enchaîné, 8 février 2017

« La mise en scène nerveuse et retenue de Thierry Harcourt respectent le cadre de cette peinture cruelle d’une petite bourgeoisie aux aguets. On sourit, on frémit. L’angoisse monte jusqu’à l’implosion finale. » Bertrand de Saint Vincen, Figaro

« Thierry Harcourt joue à fond la carte du vaudeville grinçant et kitsch dans un décor « seventies » à souhait. On rit aux énormités assénées par les protagonistes, on entend tout du texte et du sous-texte, le rythme est enlevé. (...) On sort ragaillardi et amusé de cette « compil » d'humour vache « British », délivrée à un train d'enfer. » Philippe Chevilley, Les Echos

« L’interprétation appuyée qu’en donne Lara Suyeux contraste avec la sobriété de jeu de Dimitri Rataud (Peter) et de Séverine Vincent (Susan), qui insinuent une brèche dans la façade des faux-semblants et une inquiétude existentielle. » Annie Chénieux, JDD

  • Entretien avec Thierry Harcourt, metteur en scène

Après The Servant, vous revenez au Poche-Montparnasse avec une nouvelle comédie britannique, Abigail’s Party. D’où vous vient cet attrait pour le théâtre anglo-saxon ?
La vie m’a amené à Londres en 1988, et j’y suis resté jusqu’en 2010, m’essayant à de nombreux métiers. À mon arrivée, j’étais un jeune acteur frais sorti du cours Florent, et j’ai commencé comme ouvreur dans un théâtre où se jouait une pièce d’Alan Bennett, que j’ai alors rencontré. Londres est une ville excitante, où l’on se sent capable de tout. Quand un projet est séduisant tout le monde peut mettre de côté ses ambitions financières et s’impliquer pleinement pour connaitre un succès. J’ai joué dans des comédies musicales, fait des stages, mis en scène des spectacles, dont Ce qui arrive et ce qu’on attend de Jean-Marie Besset, qui a été un beau succès, et petit à petit je me suis fait connaître. Au bout d’un moment le travail m’a rappelé en France, et je suis rentré, fort de cette expérience qui me sert aujourd’hui dans tous mes projets.

Y a-t-il de grandes différences entre la France et l’Angleterre dans la façon d’aborder le théâtre ?
Énormes ! Leur proximité géographique n’empêche pas les deux pays d’être aux antipodes dans leurs comportements. Par exemple, l’acteur anglais fait et il réfléchit après, alors que l’acteur français réfléchit toujours avant de faire… Autre exemple, on a en France un respect absolu pour l’auteur (qui se manifeste d’ailleurs dans la répartition des droits) alors qu’en Angleterre, on retraduit, on adapte, on intervient sans cesse sur le texte en cours de répétitions. Et tout artiste participant à la création reçoit un pourcentage sur les recettes du spectacle. Le théâtre représente une véritable économie en Angleterre, et il doit être rentable, ce qui génère une sélection naturelle sur la qualité du travail : ne restent que les meilleurs.

Comment vous est venue l’idée de monter Abigail’s Party ?
Cette pièce est culte en Angleterre, où elle est jouée depuis sa création en 1977. Quand Lara Suyeux (comédienne qui joue Beverly dans la mise en scène présentée au Poche-Montparnasse) me l’a proposée, j’ai immédiatement accepté. Gérald Sibleyras en avait fait une traduction, qui a été ravivée durant nos premières lectures. Mike Leigh travaille beaucoup avec ses acteurs, au plateau. C’est lui qui a fait la première mise en scène de la pièce, avec sa femme dans le rôle de Beverly. D’où cette écriture organique, vivante, toujours à brûle pourpoint, ce style très parlé, que Sibleyras a retrouvé dans sa traduction et qui s’est affûté pour nous au gré des répétitions.

La pièce est-elle encore d’actualité malgré ses 40 ans d’existence ?
Plus que jamais ! Elle prend pour cible la société matérialiste des années 1970, mais l’on voit à quel point rien n’a changé dans notre rapport au monde ! Du matérialisme on est passé au virtuel, et cependant l’enjeu est le même : il s’agit toujours de prouver aux autres qu’on existe. Seul l’outil a changé. Les réseaux sociaux ont remplacé la consommation à outrance, mais l’aspect compulsif de ce comportement collectif est le même. Nous sommes dans le triomphe du paraître, dans une grande hystérie collective d’exhibitionnisme fondé sur le vide. On a comparé Mike Leigh à un Beckett à l’envers : tous les deux expriment la vanité du monde à travers le langage. La seule chose qui changerait aujourd’hui serait peut-être le sujet des conversations, qui prendraient un tour plus politique.

Avez-vous choisi de transposer le contexte de la pièce à notre époque ?
Non, j’ai préféré garder le jus des années 1970. D’une part parce que nous en sommes encore proches, et puis parce qu’il y a de la joie à cette époque, de la couleur, une esthétique de la gaieté, qui donne à cette tragédie son goût de comédie. Aujourd’hui tout serait plus noir. Nous avons donc recréé une société de l’ennui, habillée de couleurs criardes et où le kitch fait loi.

En France a-t-on des auteurs qui vous évoquent l’univers de Mike Leigh ?
Je pense à Jean-Michel Ribes, qui n’est pas loin dans son inspiration ; lui aussi fait l’apologie de la parole qui ne veut rien dire. On a dans son œuvre la même image d’un grand clown morbide. L’idée brillante de Mike Leigh, c’est que le principal sujet de conversation du petit groupe réuni chez les Moss est ce qui se passe à côté. On s’acharne sur les autres pour éviter de se connaître soi-même. J’ai toujours en tête cette phrase d’Oscar Wilde « L’homme n’est jamais honnête lorsqu’il parle à visage découvert ; donnez-lui un masque et il vous dira la vérité ».

  • Entretien avec Lara Suyeux, comédienne

Lara Suyeux, vous êtes à l’origine du projet d’Abigail’s Party, qu’est-ce qui vous a poussée à vouloir faire connaître cette pièce ?
Je m’intéresse depuis longtemps à l’œuvre de Mike Leigh, ses films autant que ses pièces. C’est un auteur qui écrit pour et à partir des acteurs, et ça se ressent très fort pour nous, interprètes. Le personnage de Beverly, qu’il a imaginé pour sa femme, m’a totalement séduite, et j’ai eu très envie de le jouer. Cette ancienne esthéticienne, qui veut être un modèle pour son entourage, qui tente désespérément de combler un vide intérieur par une surabondance de mots, d’objets, déployant une énergie abusive pour rien et essayant par tous les moyens de cacher ce qu’elle est, me bouleverse. Sa solitude camouflée, son insatiabilité, son rapport pathologique à la consommation traduisent bien le mal de notre époque. Elle repousse le silence, la réfl exion intérieure, tout ce qui mène à la pensée de la mort. Elle représente nos peurs. Et l’importance que revêt pour elle cette soirée qui doit être la plus réussie possible, mais qui va être altérée par la fête voisine, spectre de sa jeunesse révolue, donne à cette situation toute sa saveur…

Propos recueillis par Stephanie Tesson

Sélection d’avis du public

abigail'party Par Bernard B. - 7 mai 2017 à 13h51

Nous n'avons pas du tout aimé ce spectacle qui manque de finesse et où les personnages sont outrés sans être vraiment drôle mis à part les mimiques d'Angela. Brigitte

Par Lionel C. - 11 avril 2017 à 09h29

excellent jeu des acteurs rendant bien le décalage des personnages;mention spéciale à la diction d'Alexie Ribes situation intéressante,mais peu d'évolution dans la durée;on aurait souhaité plus de développements des intrigues qui se dessinent a peine.finalement spectacle devant plus aux acteurs qu'au texte

Abigail's party Le 24 mars 2017 à 10h28

J'ai trouvé que les acteurs surjouaient (ce qui est probablement lié aux indications du metteur en scène) et cela gommait la subtilité de cette pièce anglaise. Ils criaient trop et trop souvent. J'ai été très déçue dans l'ensemble

Abigail's party Par Christophe B. - 13 mars 2017 à 15h04

D'accord avec Yves J. : les acteurs rendent magnifiquement l'hétérogénéité des personnages mais ... on reste sur sa faim. Le message de Mike Leigh est clair : montrer que malgré tous leurs efforts, des caractères si différents ne peuvent arriver à communiquer. A chaque fois qu'on s'attendrirait un peu pour l'un d'entre eux, l'auteur lui colle un défaut fait pour casser le charme. L'équilibre y gagne, on rit même souvent. Mais la démonstration qu'il ne peut rien se passer est cruellement réussie : il ne se passe rien et, bien que le message théâtral soit admirablement écrit et servi, le spectateur ne peut s'empêcher d'en éprouver un léger ennui. Il n'y a pas à proprement parler de fin : le tour de la démonstration ayant été fait, on coupe. Pour terminer sur une note positive : j'aurais quand même aimé que ça continue un peu ...

Synthèse des avis du public

2,4 / 5

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12%
12%
12%
25%
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abigail'party Par Bernard B. (1 avis) - 7 mai 2017 à 13h51

Nous n'avons pas du tout aimé ce spectacle qui manque de finesse et où les personnages sont outrés sans être vraiment drôle mis à part les mimiques d'Angela. Brigitte

Par Lionel C. (1 avis) - 11 avril 2017 à 09h29

excellent jeu des acteurs rendant bien le décalage des personnages;mention spéciale à la diction d'Alexie Ribes situation intéressante,mais peu d'évolution dans la durée;on aurait souhaité plus de développements des intrigues qui se dessinent a peine.finalement spectacle devant plus aux acteurs qu'au texte

Abigail's party Le 24 mars 2017 à 10h28

J'ai trouvé que les acteurs surjouaient (ce qui est probablement lié aux indications du metteur en scène) et cela gommait la subtilité de cette pièce anglaise. Ils criaient trop et trop souvent. J'ai été très déçue dans l'ensemble

Abigail's party Par Christophe B. (6 avis) - 13 mars 2017 à 15h04

D'accord avec Yves J. : les acteurs rendent magnifiquement l'hétérogénéité des personnages mais ... on reste sur sa faim. Le message de Mike Leigh est clair : montrer que malgré tous leurs efforts, des caractères si différents ne peuvent arriver à communiquer. A chaque fois qu'on s'attendrirait un peu pour l'un d'entre eux, l'auteur lui colle un défaut fait pour casser le charme. L'équilibre y gagne, on rit même souvent. Mais la démonstration qu'il ne peut rien se passer est cruellement réussie : il ne se passe rien et, bien que le message théâtral soit admirablement écrit et servi, le spectateur ne peut s'empêcher d'en éprouver un léger ennui. Il n'y a pas à proprement parler de fin : le tour de la démonstration ayant été fait, on coupe. Pour terminer sur une note positive : j'aurais quand même aimé que ça continue un peu ...

Adaptation moyenne moyenne Par Dhdgd D. (1 avis) - 26 février 2017 à 17h45

Il ne se passe rien.. L'adaptation en français fait perdre énormément à cette pièce anglaise qui tient l'affiche depuis quand même 30 ans à Londres. Ça aurait pu être une pièce déjantée à la "Carnage" de Woody Allen mais ça ne décolle jamais sauf dans les trois dernières minutes et puis c'est fini. Dommage. Mention spéciale à Angela et sa super combinaison moulante seventies!

un portrait de société Par ClaudeM (24 avis) - 26 février 2017 à 08h31

une unité de lieu et de temps pour un morceau de vie sociale éclatant de vérité, parfaitement emmené

Peut mieux faire Par Yves J. (2 avis) - 20 février 2017 à 12h06

Un plébiscite pour les acteurs qui sont parfaitement bien campés et excellents! L'intrigue,quant à elle,est poussive et lourde. Le scenario aurait gagné avec des dialogues plus raffinés,mordants et caustiques

A voir du toute urgence ! Par GILLES L. (38 avis) - 3 février 2017 à 17h34

A voir du toute urgence !

Informations pratiques

Théâtre de Poche-Montparnasse

75, boulevard du Montparnasse 75006 Paris

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Plan d’accès

Théâtre de Poche-Montparnasse
75, boulevard du Montparnasse 75006 Paris
Spectacle terminé depuis le samedi 6 mai 2017

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