décharges

du 30 mars au 4 avril 2006
2 heures

décharges

"D'un côté des chants écrits qui percent l'âme de leur beauté musicale, de l'autre des cris déchirants qui percent l'âme de leur crudité : "ars amatoria" et "ars moriendi" sont bien les deux côtés d'une seule et même montagne, celle qui s'est sédimentée autour des crânes et des os de l'humanité - torture et compassion sont les deux versants d'un même volcan né de l'irruption du sang à la surface la vie, lave qui consolide la croûte déjà existante." Frédéric Aspisi

Eros et thanatos
Note d'intention
Qu'est ce qui ce passe (what's happening) sur le plateau ?
La manière de procéder

  • Eros et thanatos

décharges est une seule et unique oeuvre théâtrale qui se divise en deux parties. décharges est un diptyque. décharges est une danse macabre.

1ère partie : "ars amatoria" (l'art d'aimer) 1h 15min
2ème partie : "ars moriendi" (l'art de mourir) 45 min

Il semble nécessaire qu'"ars amatoria" et "ars moriendi" soient présentées l'une à la suite de l'autre dans un temps continu. Un entracte permettrait à l'équipe de modifier l'espace scénique. Néanmoins, il est envisageable d’imaginer que les deux parties soient collées, c'est à essayer, ce qui réduirait le temps de présentation : deux heures.

Par ex-cie gospel.

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  • Note d'intention

Depuis longtemps, je voulais placer la mort au centre de mon dispositif théâtral, tout en cherchant à faire entendre l'importance de cette étape de la vie et en quoi elle doit nécessairement modifier le comportement de l'Homme durant son existence. Souvent simple ressort dramatique, la mort, en tant que sujet, est rarement utilisée. En parlant de la mort, et surtout de la mort pandémique, on touche tous les humains. Je voudrais ainsi parler au plus grand nombre. La compassion, l'amour du prochain, n'est pas un sentiment "naturel", il est provoqué par des secousses subies par l'âme. L'âme de l'homme a une histoire : elle a une histoire historique et une histoire organique. Le sentiment général de compassion naît sur les charniers du XIVème siècle. De même, les danses macabres naissent des ravages des pestes médiévales. L'image de la pietà, le symbole de la pietà, apparaît alors sur les fresques murales médiévales. Avant cette période, Marie et Jésus ne sont jamais représentés comme ayant des sentiments tendres l'un pour l'autre.

Avant la Peste Noire, les dieux sont des figures, qui ont l'aspect humain, mais qui ne sont pas douées de sentiments - ils sont hiératiques. La Peste et la perte de proches en grand nombre, provoquent en Occident au Moyen-Âge, le sentiment amoureux, le sentiment de pitié. Mais la conscience de la mort ne provoque pas exclusivement le sentiment amoureux, la conscience d'appartenir à une et unique"humanité". Le désir violent rôde aussi au-dessus des charniers, il est parent de la corruption. La mort peut tout au contraire conduireà des comportements crus et/ou dénués de tous sentiments tendres. La violence, réaction à notre mort annoncée, est aussi un aspect que je veux traiter pour tresser la pitié et la torture comme les résultantes d'un même mouvement d'âme : c'est l'expression qui diffère et non l'émotion...

D'un côté des chants écrits qui percent l'âme de leur beauté musicale, de l'autre des cris déchirants qui percent l'âme de leur crudité : "ars amatoria" et "ars moriendi" sont bien les deux côtés d'une seule et même montagne, celle qui s'est sédimentée autour des crânes et des os de l'humanité - torture et compassion sont les deux versants d'un même volcan né de l'irruption.

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  • Qu'est ce qui ce passe (what's happening) sur le plateau ?

"ars amatoria" (1)
Le théâtre est nu et l’action utilise tout l’espace scénique. Les murs d’origine, noirs, sont gardés tels quels. Les spectateurs rentrent par le plateau ou sur les côtés du plateau. Une femme (L’Ange) accueille les spectateurs dans une puanteur atroce. Des ouvriers, en combinaisons blanches, semblent dégager des corps d’un charnier. L’Ange demande d’éteindre les portables. L’Ange est appareillé d’un micro et quitte l’avant-scène pour aller dessiner, à la craie, une fresque sur le lointain. Les ouvriers arrêtent leur travail macabre. Les ouvriers fument des cigarettes. L’Ange qui est appareillé fredonne. Du groupe d’ouvriers se détache un choeur maigre et squelettique (deux ouvriers-chanteurs). Un jeune homme et une jeune femme jouent une scène d’amour dialoguée. La jeune femme découvre une armure dans la décharge. L’Armure est habitée par un guerrier du Moyen-Âge - c’est obligatoirement le metteur en scène qui joue ce rôle. Une fois réveillé d'entre les morts, L’Armure veut se saisir de la jeune femme. Le Jeune Homme s’interpose. Le Jeune Homme et L’Armure se battent : combat d’épée à deux mains.

L’Armure tue Le Jeune Homme. La jeune femme pleure le jeune homme sur ses genoux. 1ère pietà : pietà d’amour. Le choeur rejoint L’Ange sur l’échafaudage au lointain : chants polyphoniques début renaissance, il y en aura ainsi, par intermittence, tout au long du déroulement de l’action théâtrale. L’Ange peint la danse macabre en temps réel. L’Armure remonte un peu plus haut sur le tas de cadavre, en s’emparant de La Vénus Anatomique (la jeune femme) sans défense. Il la déshabille et la caresse, émerveillé, alors que La Vénus Anatomique est allongée sur ses genoux. 2ème pietà : pietà de désir. Il la déchire et en sort ses organes sanglants : morbidesse. L’Armure parle et devient démente. Fatiguée, elle tombe au pied de L’Ange, sur le bord de l’échafaud. La danse macabre a été achevée à l’arrière-plan. 3ème pietà : pentecôte, scène d’amour entre L’Ange et L’Armure qui est le pendant de la 1ère pietà d’amour. Une fois mort, L’Ange enferme L’Armure dans un sac plastique noir et la renvoie dans le charnier-décharge. L’Ange badigeonne la fresque (la danse macabre) de chaux (ainsi l’efface-t-il en la couvrant). L’Ange traverse le charnier en saupoudrant de la chaux sur les corps en décomposition. Il chante. Il vient au public et dit : "C’est fini."

Je crois que le théâtre se meurt alors je voudrais mettre en scène un théâtre des morts en plaçant la mort au centre de mon dispositif théâtral - comment, nous, artistes dramatiques et simples mortels tressons-nous notre mort organique avec la mort historique du théâtre sacré ?

"ars moriendi" (2)
Très important, "ars moriendi" est la décharge artistique d’"ars amatoria", et aussi son négatif, c’est-à-dire que le noir devient blanc et la compassion devient haine et cruauté. Les murs du théâtre sont pendrionés de blanc. Une femme rentre avec deux chiens. Elle dit qu’elle est le metteur en scène. C’est la femme qui jouait L’Ange dans "ars amatoria". Elle s’assied. Une femme (Le Bourreau) rentre et met à la torture une femme blonde (La Victime). C’est la seule action théâtrale. Le Bourreau est celle qui jouait La Vénus Anatomique dans "ars amatoria". Le Bourreau extirpe des cris, des plaintes de La Victime. La femme qui joue le metteur, retranscrit les plaintes de la femme blonde en un texte qui est en fait le même texte que dit L’Armure dans "ars amatoria". La femme blonde meurt sans compassion aucune de la part des deux autres femmes. La femme qui joue le metteur vient au public et dit : "C’est fini."

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  • La manière de procéder

D’abord, écrire une dramaturgie exhaustive qui inclue les enchaînements pour le plateau, les motivations de plateau, l’univers scénique, les motivations dramaturgiques, et les documents et/ou leurs références. Les enchaînements écrits pour le plateau sont utilisés, sous forme de livret (en deux dimensions), pour aborder le travail tridimensionnel (l’espace scénique). Ces derniers comportent des descriptions d’images théâtrales (pas de vidéos - pas de photos) et des textes qui, pour décharges, devraient être écrits par Frédéric Aspisi.

Par la suite, il y a un long travail de plateau, surtout que "ars amatoria" demande la multiplication de modules de travail : les scènes d'amour, le chant, le combat d’épée, la peinture murale, le décorum.

Et aussi multiplier les résidences pour se permettre de travailler en profondeur, ce qui met en mouvement l’acteur dans ces divers compartiments de jeux. Par la suite, il faut additionner tous ces modules de travail pour les fondre en un seul univers scénique. Les déchets de ce travail viendront alors se sédimenter autour du canevas d’"ars moriendi". Ainsi les deux parties du spectacle sont travaillées de pair.

Je voudrais rendre effectifs les sentiments bigarrés qui se lient devant la mort d’un être aimé, qu’il meure de mort naturelle ou qu’il meurt sous nos coups - j’ai décidé de faire intervenir un cataclysme dans mon théâtre, un cataclysme nécessaire qui magnifie le théâtre moribond : la Peste.

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Spectacle terminé depuis le mardi 4 avril 2006

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