Xerxès

Pour la création de Serse (Xerxès) en 1738 au King’s Theatre de Haymarket, Haendel fit à nouveau appel au castrat soprano Caffarelli pour le rôle-titre, à la soprano Francesina (Elisabeth Duparc) et à la basse Montagnana : équipe qui avait déjà séduit le public londonien à maintes reprises.

Mais l’œuvre était nouvelle dans le parcours haendélien, allant dans le goût du temps, alternant tragique et comique, pour tenter de retrouver la passion d’un public que Haendel était par ailleurs en train de conquérir avec ses oratorios en langue anglaise. C’est d’ailleurs le dernier grand chef-d’œuvre d’opéra italien de Haendel :l a suite se fera en oratorios.

Les aventures amoureuses de Xerxès, Roi de Perse, sont le fil conducteur d’une intrigue à rebondissements politiques et drolatiques (travestissement compris) pour laquelle Haendel a composé nombre de ses plus beaux airs, dans une grande variété d’affects, en servant fortement le rôle-titre. L’impressionnante Malena Ernman incarne le rôle éblouissant de Xerxès avec la force qu’elle sait déployer (la version concert de 2012 à Versailles était mémorable   !).

C’est cet opéra pétri de contrastes qu’a choisi Jean-Christophe Spinosi pour incarner Haendel à Versailles, avec la fougue et l’engagement qui sont ses atouts dans le cœur des mélomanes. Le côté tragi-comique et très moderne de l’œuvre convient parfaitement à l’esprit piquant et narquois avec lequel Spinosi et son Ensemble Matheus ont déjà ravivé les grandes partitions baroques : voici Haendel rendu avec panache, mis en scène avec brio par Lars Rudolfsson pour l’Opéra de Stockholm.