Une Iliade

Née dans la Grèce archaïque et attribuée au père des poètes, l’aède Homère, L’Iliade raconte une partie du siège de Troie. Or certaines histoires se moquent des siècles, et l'un des miracles du théâtre est d’ancrer toute chose dans l’ici et le maintenant : imaginons une place de village, à une époque par forcément très éloignée de la nôtre. On s’y côtoie, on échange quelques propos, on colporte les derniers événements. Il est notamment question d’une femme que deux hommes convoitent... Après tout,  le coryphée des Grecs est-il si différent du conteur africain ?


Notre Iliade
Note d’intention

  • Notre Iliade

Certaines histoires se moquent des siècles. A croire que leur force et leurs « leçons » rendent poreux les obstacles dressés par les distances, que celles-ci soient temporelles, culturelles ou géographiques. Nos racines sont incertaines et notre village « global », mais le Mahabharata ou l’épopée de Gilgamesh ou la quête du Graal ou les exploits de Soundjata nous émeuvent toujours.

Née dans la Grèce archaïque et attribuée au père des poètes, l’aède Homère, L’Iliade raconte une partie du siège de Troie ( appelée aussi Ilion, d’où le titre donné à l’oeuvre ). L’origine de la guerre est l’enlèvement par un prince troyen, Pâris, de la femme de Ménélas le Sparte. C’est donc pour ramener chez elle Hélène que des dizaines de milliers d’hommes se battent et meurent pendant une décennie entière.

Si ce récit est immortel – tout au moins à vues humaines – c’est d’abord par la grâce de l’art poétique qui s’y déploie. Mais la matière elle-même, dans son tissage de thèmes archétypaux, semble la préserver des outrages du temps. Quelle sève, quelle vitalité pour évoquer l’horreur des combats ! La guerre impose sa paradoxale beauté. Une voix plus souterraine prône la paix et l’harmonie ( souvent ce sont les femmes qui la font entendre, Hélène bien sûr, mais aussi Andromaque ou Hécube ). Les ressorts enfouis de l’action humaine semblent mis à vif.

L’épopée tout entière est placée sous le signe de l’honneur et de la loyauté, du pouvoir et de l’obéissance, de l’amour et de l’amitié – litanie de mots si pleins qu’ils nous paraissent aujourd’hui trop lourds à porter. Et notre époque a beau être inféodée à l’extase du progrès, se disperser au vent de l’accessoire ou produire à jets continus la poudre aux yeux consumériste, il n’empêche qu’en chacun de nous veille un archaïque fond « premier » qui nous fait tendre l’oreille et vibrer aux actions de héros qui n’ont d’obsolète que leur armement.

Nous aimerions, partant de cette source ancienne, raconter l’histoire à notre tour et à notre matière. Le texte sera organisé en plusieurs niveaux, qui entreront en résonance les uns avec les autres : récit pris en charge par un ou plusieurs conteurs ( le coryphée des Grecs n’est-il pas un proche cousin du conteur africain ? ), chants auxquels participe l’ensemble des interprètes, parties dialoguées où les acteurs incarnent les personnages et déploient l’action sur scène.

Imaginons une place de village, à une époque par forcément très éloignée de la nôtre. On s’y côtoie, on échange quelques propos, on colporte les derniers événements. Il est notamment question d’une femme que deux hommes convoitent.

Et progressivement, une autre histoire vient se greffer sur le quotidien. Elle se raconte comme si elle se réinventait dans l’instant. Des gens endossent les défroques de héros glorieux. Des femmes et des hommes se retrouvent face à leurs destins, sommés de faire des choix, des batailles éclatent où le motif est englouti sous le fracas des armes. Certains gestes deviennent inoubliables. On s’aime, on se déchire. On rêve d’un monde meilleur, de lois différentes. Un des miracles du théâtre, c’est d’ancrer toute chose dans l’ici et le maintenant.
René Zahnd, Avril 2008.

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  • Note d’intention

L’Iliade chante cinquante et un jours de la dernière année d’une guerre de dix ans qui prend fin avec la conquête et la destruction de Troie. Elle chante des Dieux, des hommes et des héros, inoubliables dans la colère et l’ambition, l’audace et l’ingéniosité, la vengeance et la pitié, prisonniers des frontières d’un éternel champ de bataille. Les Dieux orientent les événements et confirment l’issue de la guerre. Ceci est loin de la sensibilité moderne.

Ce qui m’intéresse, c’est de minimiser le rôle des Dieux afin de rendre cette histoire plus contemporaine et laïque. Les hommes se cachent derrière les Dieux. Pourtant ils sont artisans ultimes de tous les événements. Ils sont les maîtres de leur propre destin. Je constate que, dernière le geste des Dieux, il y a toujours un geste humain qui redouble le geste divin et le ramène sur terre.

Mon propos est de rendre l’identification des héros plus facile par les spectateurs en supprimant le narrateur extérieur homérique. En effet, les personnages racontent eux-mêmes leur histoire. Je me suis régulièrement demandé : si ce sont les femmes qui nous racontent les épopées, est-ce qu'elles auront la même version, la même tonalité ? Je crois que non.

Dans mon travail je ferai appel à des acteurs, conteurs, chanteurs et musiciens de différentes cultures et races, car je voudrais mettre l’accent sur la dimension universelle de cette histoire, par son souffle épique, mais surtout donner plus la parole aux femmes qui ne sont souvent que des faire-valoir de ces hommes qui ne trouvent l’essence de leur existence qu’en battant le record du nombre de personnes qu’ils ont tué.

La scénographie minimaliste, appuyée par des accessoires, laissera la place à l’interprétation des comédiens qui seront tour à tour narrateurs, chanteurs, accessoiristes et choryphées. Ce spectacle sera dit, chanté et dansé. La tristesse est notre destin, mais c’est pour cela que nos vies seront chantées à jamais par tous les hommes qui viendront.
Hassane Kassi Kouyate

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Informations pratiques

Chapiteau d'Adrienne - ancienne localisation

62, rue René Binet 75018 Paris

Spectacle terminé depuis le samedi 31 octobre 2009

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