Un jour

Un jour parle des et avec les morts pour ne pas les enfermer, pour leur laisser des gestes et des mouvements qui disent la séparation, la souffrance, les larmes et le désir de l'autre.
Un jour parle des et avec les morts pour ne pas les enfermer, pour leur laisser des gestes et des mouvements qui disent la séparation, la souffrance, les larmes et le désir de l'autre. Une pièce de Massimo Furlan et Claire de Ribaupierre.
  • Un spectacle de fantômes

Un jour parle des et avec les morts pour ne pas les enfermer, pour leur laisser des gestes et des mouvements qui disent la séparation, la souffrance, les larmes et le désir de l'autre.

Un Jour est un spectacle de fantômes parce que les fantômes, comme les morts, existent et n’existent pas. Un jour est une histoire de revenants qui reviennent à leur façon hanter les vivants, c’est-à-dire au fond revivre avec eux. En rêve ou en pleine lumière, par fragments ou en entier, à travers leurs gestes, leurs voix ou leurs corps, à la fois pour de vrai et pour de faux. Un Jour s’avance sur la frontière où les vivants ont peur de ce qui va arriver et pleurent à cause de ce qui n’arrivera plus.

  • Entretien avec Claire de Ribaupierre

Un jour est un spectacle sur ou autour de la mort. Qu’est-ce qui vous a poussé à aborder ce thème, bien sûr universel, aujourd’hui ?
Un jour est plutôt une proposition autour de la mort que sur la mort, mais avant tout elle parle des morts. Ce qui nous intéresse c’est ce que font les morts, où ils sont et comment ils communiquent avec les vivants. Cette question des morts, nous y avions réfléchi dans nos travaux respectifs il y a longtemps, Massimo dans son travail de peinture et dessin et moi dans une thèse de doctorat qui portait sur les morts et les fantômes dans les textes de Claude Simon et de Georges Perec. Et ce projet est né lors d’une rencontre avec Jane Birkin, d’une série de discussions autour des disparus, et de leurs fantômes. Des relations que nous continuons de construire avec eux. Elle a commencé ce travail avec nous mais n’a pas pu le poursuivre suite à un deuil trop soudain et douloureux. Le projet a pris alors une dimension nouvelle, plus violente sans doute et plus sombre.

Dans L’Homme en trop, livre sur le théâtre contemporain, Michel Corvin propose la notion d’« abhumanisme » et dit que c’est le propre du théâtre contemporain de se tenir à la lisière de l’homme (à la frontière de l’animal, du fantôme, du mort, du robot, de la marionnette etc.). Cette lisière est-elle un endroit qui vous intéresse ?
Oui, la question des limites nous intéresse beaucoup et elle est au coeur de plusieurs de nos projets. Déjà dans Love story Superman, cette limite entre l’homme et le super héros était posée, dans You can speak... nous nous intéressions à la figure de l’animal, et dans Giacomo à celle de la machine. Ici, ce sont les limites entre le sujet et son double, entre le vivant et le mort, le fantôme et le revenant, le spectre et l’ancêtre, que nous explorons. Questionner les frontières permet d’ouvrir le regard, de remettre en question certaines séparations qui semblent définitives ou indépassables alors qu’elles peuvent s’avérer fragiles et poreuses, ce qui les rend nettement plus intéressantes.

Votre travail est traversé par l’anthropologie. Est-ce une façon pour vous, comme l’ont fait Artaud ou Bataille, de repenser ou de revivifier le spectacle ?
L’anthropologie cherche à comprendre comment chaque culture pense et représente le monde, comment elle agit sur lui, comment elle l’organise et comment elle le raconte. L’anthropologie rend visible ce qui apparaît comme une série d’évidences alors que nos choix sont des choix parmi d’autres. Elle nous fait prendre conscience des possibles et de la multitude. C’est un territoire de pensée exigeante, construit sur la base de l’observation et de l’expérimentation, dans l’immersion et l’échange. Cette réflexion ouvre un espace de liberté à partir duquel nous pouvons construire des idées, des images. Elle donne naissance à des impulsions, elle nourrit des intuitions que nous avons et permet de les creuser, de les rendre plus solides. Et l’anthropologie qui étudie les rituels, la possession et la transe travaille sur les mêmes questions que pose le théâtre. C’est pourquoi en effet Artaud, Bataille ou Barba s’y sont plongés.

Pouvez-vous nous donner un avant-goût des éléments scéniques que vous utiliserez pour représenter les morts : la lumière ? le son ? le texte ?
La lumière bien sûr mais aussi l’image vidéo. Le son est, comme toujours dans notre travail extrêmement présent, il permet de créer un état particulier pour les acteurs et les spectateurs, proche de la transe. Nous utilisons aussi un matériau très simple, le drap, qui évoque le sommeil, mais aussi le linceul et le fantôme. Et nous travaillons sur une série de masques très réalistes qui provoquent un trouble dans la perception des identités des acteurs.

Partez-vous d’un récit classique ou plutôt de bribes ? Comment avez-vous construit la dramaturgie de ce spectacle ?
Nous partons d’un récit très simple que nous avons élaboré en amont, qui met en scène une situation et une suite d’actions. Puis nous déconstruisons cette suite, nous y introduisons un désordre volontaire en cassant la chronologie des actions. Chaque acteur suit sa propre partition qui, à certains moments précis, rejoint celle des autres pour former une scène du récit. Puis cela se défait à nouveau. Les acteurs construisent leur jeu sur la base du récit initial mais ils ont pour contrainte d’anticiper et de rétrocéder sur la trajectoire de leur personnage. Sans cesse, dans un mouvement d’aller et retour : du vivant vers le mort, du mort vers le vivant, de l’acteur vers le personnage et vice versa.

Propos recueillis par Stéphane Bouquet, septembre 2014.

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Spectacle terminé depuis le samedi 18 octobre 2014

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