Trainspotting

Paris 13e
du 7 janvier au 1 février 2008
1h15

Trainspotting

Mark, jeune toxico d’Edimbourg, aussi paumé qu’attachant, nous fait assister, dans un va-et-vient permanent entre passé et présent, au spectacle de sa vie. Vie de solitude, s’égrenant au rythme du manque, des tentatives de sevrage, du désir, du plaisir, du dégoût, de l’argent, du vide et des coups bas. Le film culte de Danny Boyle, dans son adaptation à la scène, nous fait entrer dans le monde intérieur de Mark.

"Choisir la vie. Mais pourquoi je ferais une chose pareille ? J’ai choisi de ne pas choisir la vie. J’ai choisi autre chose. Et les motifs ? Il n’y a pas de motif. A quoi bon les motifs quand on a l’héroïne ?"

  • Chronique de vie de toxicomanes

Mark, jeune toxico d’Edimbourg, aussi paumé qu’attachant, nous fait assister, dans un va-et-vient permanent entre passé et présent, au spectacle de sa vie. Vie de solitude, s’égrenant au rythme du manque, des tentatives de sevrage, du désir, du plaisir, du dégoût, de l’argent, du vide et des coups bas.

Le film de Danny Boyle, après avoir choqué, est devenu culte. L’adaptation de Gauthier Jurgensen, tirée du scénario de John Hodge, est, sans en édulcorer ses aspects les plus sulfureux, beaucoup plus intimiste et se focalise sur les questionnements de Mark et les relations qu’il entretient avec ses « amis » et ex-compagnons de shoot.

Baignant dans une atmosphère fantasque et les rythmes pop des années 90, la mise en scène s’éloigne du pathos pour s’intéresser à un moment paradoxal de la vie de Mark : ce moment où, l’adolescence terminée, l’avancée vers l’âge adulte est rendue impossible par le refus de se propulser dans un avenir, quel qu’il soit. Sans sombrer dans un discours moralisateur, mais en faisant entendre le vertige du propos, sa dureté et son humour cynique, nous entrerons là où tout n’est que silence, interrogation et angoisse : le monde intérieur de Mark.

D’après le scénario de John Hodge, adaptation de Gauthier Jurgensen. Par la Compagnie Me voici.

  • Note de mise en scène

" Il est en toute phrase une case secrète assez propre à loger un mystère." Jean Paulhan

Voyeurisme, complaisance, plaisir morbide : nombreuses tentations autour de Trainspotting… Pourquoi me suis-je intéressée à cette adaptation, ai-je pensé que la scène pouvait lui apporter quelque chose ? Sans doute parce que ce texte, de même que l’art à mon sens, interroge la « réalité », notre propre rapport au monde et aux autres. Il fait finalement apparaître la réalité comme une vision intérieure, une chose que chacun construit. Le regard de l’artiste nous aide à entrer dans un monde intérieur et déplace notre vision des choses : ainsi un tableau, une sculpture, un film de Bergman ou de Kubrick, et le théâtre, quand il remplit sa vocation.

Un regard décalé
Trainspotting offre ce regard décalé qui va nous permettre de sortir du documentaire, du pseudo réalisme ou du didactisme pour entrer dans un mystère humain, à interroger sans cesse, sans réponse fabriquée. Quand je rencontre un texte qui accepte de côtoyer le mystère même de notre existence, le désir de le mettre en scène ou de le jouer se fait pressant. Je ne vois pas dans Trainspotting une simple chronique de toxicomanes, mais bien plus que cela : il s’agit de personnages qui tentent désespérément d’interroger leur existence, ne parviennent pas à lui donner un sens, et personne autour d’eux ne les aide à investir cette question. Ce thème nous concerne tous et la pièce permet d’interroger chacun sur ses propres fragilités et ce qu’il désire faire de sa vie.

Humour, dureté, férocité du propos
Nous avons cherché la justesse du propos dans le texte plutôt qu’en référence par rapport au fi lm. Nous sommes sortis du réalisme documentaire pour trouver où ces paroles résonnent en nous, au-delà des clichés qu’on peut avoir sur la toxicomanie. Sortir du pathos, entrer dans une distance de jeu qui permette de faire entendre le caractère vertigineux du propos, sa dureté et son humour féroce sans le circonscrire à l’anecdotique.

Dire le moins possible
Aussi curieux que cela puisse paraître avec une source cinématographique et une écriture très « parlée », nous nous sommes surpris à aborder le travail comme je l’aurais fait avec la langue de Claudel, Koltès ou Shakespeare : en nous appuyant sur la syntaxe, le phrasé, en utilisant par moment des conventions théâtrales pures comme la pantomime ou des codes apportés par le théâtre baroque. Cette confi ance dans le texte et sa capacité à susciter la théâtralité adéquate ont fait apparaître à quel point celui-ci était remarquablement bien construit : l’adaptation de Gauthier Jurgensen est un exemple de densité dramatique. Aucun personnage ne se raconte. Tout est dit « le moins possible », pour reprendre les termes du poète Guennadi Aïgui.

Brouiller les frontières entre rêve et réalité
Nous avons voulu rendre cet univers étrange, mais non pas étranger. Nous sommes donc allés à rebours du caractère narratif du texte : Mark ne s’adresse que très rarement au public et les personnages auxquels il fait appel surgissent de son imagination, tels des fantômes. Les comédiens évoluent dans un espace dépouillé, traversé d’ombres et de lumières qui brouillent les frontières entre rêve et réalité, passé et présent, vérité ou mensonge… Nous avons quitté l’illustration pour retranscrire symboliquement la défonce, le plaisir, le manque, le long d’un mur dans lequel les personnages sont absorbés : cet écran, qui sert à la projection du bad trip, opère son attraction sur les personnages, les engloutit, les absorbe, est le lieu de toutes leurs projections fantasmatiques, leur miroir d’Alice en quelque sorte. Les images projetées interviennent de manière ponctuelle dans le dispositif et seulement lorsqu’elles nous paraissent indispensables, lorsqu’elles expriment quelque chose sur le rapport de Mark à la « réalité ».

Il ne s’agit pas tant de sortir du réalisme pour faire montre de créativité mais plutôt de proposer au spectateur d’entrer dans le monde intérieur de Mark, là où tout n’est que silence, interrogation, désarroi face à la vie et la mort. J’admire chez Ingmar Bergman le génie avec lequel il sait se montrer à la fois d’une lucidité implacable (luciférienne !) et d’une compassion absolue dans son propos, et l’humour qui en découle. Il côtoie un mystère terrifiant et joyeux à la fois : le mystère humain. Avec Trainspotting, j’ai tenté d’aborder ces rivages.

Armelle de Vismes, 21 novembre 2007

  • La presse

"Dans un décor minimaliste, six acteurs se défoncent. Ils se donnent à fond pour faire vivre le scénario de John Hodge qui nous parle de drogue et d’amitié. (...) Pas évident de revenir sur une production culte, qui bouleversa toute une génération. Mais la petite troupe s’en sort à merveille." France Soir, 11 janvier 2008

"Mêlant jeu d’acteur et projection vidéo, la pièce, déclinée en treize saynètes, offre une chronique plus intimiste de la vie du jeune toxicomane. Entre plaisir et manque, dégoût et désir, aux côtés de ses compagnons de shoot, Mark s’interroge : « Choisir la vie, mais pourquoi je ferais une chose pareille ? »" Matin Plus, 1 janvier 2008

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Spectacle terminé depuis le vendredi 1er février 2008

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