The exchange

du 4 au 27 mai 2009

The exchange

Comment survivre après le mensonge, l’abandon et la manipulation ? Dans l’affrontement et le duel, Lydia s’impose des épreuves pour se rappeler qu’elle est vivante.
  • Note du metteur en scène

J’ai rencontré Cynthia Mitchell, l’auteur américaine de ce texte à Paris, en 2005. Elle n’avait pas encore écrit la pièce. Notre entente fut immédiate, sincère, vraie et drôle. Peu de temps après, elle est repartie à New-York, nous nous sommes écrit et puis un jour, j’ai reçu The Exchange.

Après la lecture de la pièce, j’ai tout de suite éprouvé le besoin d’en faire quelque chose, j’ai donc commencé par traduire le texte en restant très fidèle à l’écriture de Cynthia. J’étais secouée par la musique sauvage et primitive du texte, celle qui entraîne chaque scène dans un défi, celui de ne pas porter les mots au-delà de ce qu’ils disent, au-delà de leur sens premier. Il y a souvent derrière les mots qu’on entend l’histoire qu’on se raconte, alors très vite l’incompréhension et le désordre s’emparent des situations. C’est le chaos.

The Exchange cristallise selon moi tout ce qu’on peut imaginer et vivre dans la passion amoureuse, c’est-à-dire la folie, l’enfermement, l’isolement, le jeu, l’incompréhension, la manipulation. Tout y est. Une jeune femme blessée et humiliée par le comportement manipulateur de son amant, décide de faire face à la perversité de la situation en contraignant ceux qu’elle affronte à l’honnêteté, la gentillesse et l’amour ! Ce qui pourrait ressembler à un conte moralisateur pour certains ou un vaudeville pour d’autres, n’en a pourtant ni la forme ni l’âme…

Le personnage de Lydia porte cette volonté absolue de clarté, d’être au plus près de chacun des mots qu’elle dit, d’être au plus juste de ce qu’elle est dans sa relation aux autres, au-delà de tout conformisme social. Lydia ne cache rien et traverse chaque situation dans une totale mise à nu et pour cela, elle n’a aucune limite.

La mise en scène se veut dépouillée pour qu’elle n’entrave pas l’essentiel. Une table, quelques chaises, des livres, des papiers éparses, des cendriers pleins, une couverture, et des bouteilles vides jonchent le sol, alors les mots percutent le spectateur. Pour souligner le désordre intérieur de ce personnage, j’ai souhaité que l’ensemble de la pièce ne tienne que dans un seul et même espace, que le rythme du spectacle coïncide avec le rythme de sa vie. Lydia, qui oscille entre fantasme et réalité, se trouve emprisonnée par un traçage au sol, rose fushia, qui délimite les espaces contre lesquels elle vient se cogner. Lydia ne peut sortir de son cadre sous peine de disparaître. Elle provoque et affronte les deux autres personnages en les enfermant avec elle dans cette tourmente amoureuse.

J’ai utilisé " la grammaire cinématographique " dans la mise en scène de The Exchange et comme dans des plans de cinéma, il y a des " cut ", des " fondus au noir ", des " plans séquences ". Tout au long de mon travail, j’ai pensé aux vieux films américains, où le drame humain flirte avec l’humour et la comédie cache les sujets les plus lourds. Billy Wilder, Douglas Sirk, Ford ou encore Cassavetes chacun d’eux m’ont guidé, par leur style, leur spécificité, dans l’aboutissement de ce projet. C’est aussi dans cet esprit que j’ai puisé mon inspiration dans les textes d’auteurs tels que Richard Brautigan, Jack Kerouac, Nick Tosches…

La musique tient une place essentielle dans ma vie. Elle a donc évidemment ponctué cette mise en scène et nourri ma recherche pour rappeler d’où vient l’auteur, notre histoire commune, l’univers post-punk. C’est pour cela que j’ai demandé aux comédiens de travailler leur voix, donner une tonalité, une couleur à leurs cordes vocales, pour trouver une musicalité rappelant la langue américaine.

Il y a dans The Exchange quelque chose de profondément charnel, de viscéralement inscrit dans l’instinct de survie. On peut sentir le battement chaotique de ce coeur brisé dans la violence incontrôlable de Lydia, happée, détruite, autant que sa folie régénérante, son imagination diabolique, paradoxalement lumineuse. Derrière la dérision parfois se cache le drame d’une vie, derrière la souffrance, la poésie… La pièce a été crée au " Théâtre de la Condition des Soies " pour le festival off d’Avignon 2008 où elle a été fortement remarquée.

Audrey Krief-Dunelle

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Spectacle terminé depuis le mercredi 27 mai 2009

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