Staline mélodie

du 14 novembre 2000 au 6 janvier 2001

Staline mélodie

CLASSIQUE Terminé

En pleine réunion de l’Union des Musiciens, un soir de janvier 1948 au Kremlin, Staline et Jdanov convoquent Prokofiev et Chostakovitch. Ils vont passer la nuit à essayer de composer à quatre, un " objet musical " qui doit, aux yeux de tous, être la référence de la "  Vraie Mu

En guise d'avant propos…  
Notes historiques
Notes d'intentions
La Presse

En pleine réunion de l’Union des Musiciens, un soir de janvier 1948 au Kremlin, Staline et Jdanov convoquent Prokofiev et Chostakovitch. Ils vont passer la nuit à essayer de composer à quatre, un " objet musical " qui doit, aux yeux de tous, être la référence de la " Vraie Musique Soviétique ".

La rencontre est historiquement possible mais peu probable, même si Staline s’est toujours montré très déconcertant dans ses relations personnelles avec les artistes ( familières et provocatrices comme s’il revendiquait pour lui-même un statut d’artiste ).

" … Dans les premières années d’après guerre, le parti communiste renforça de manière patente son emprise sur la vie artistique et culturelle de l’Union Soviétique. Cette offensive avait pour principal instigateur le Secrétaire du Comité Central, Andreï Jdanov… Il s’agissait de lutter contre les cosmopolites et les formalistes et de condamner toutes les déviations par rapport aux principes de politique culturelle du Parti ( les dîtes déviations étaient interprétées avec le plus complet arbitraire en fonction des nécessités du jour )… En janvier 1948, Staline ordonna la convocation d’une réunion de l’Union des Compositeurs. Il s’agissait de dresser la liste des compositeurs coupables de tendance  formaliste… Jdanov fit si bien les choses que les compositeurs établirent eux-mêmes cette liste noire… On inscrivait, on raturait, on inscrivait encore… Mais deux noms demeuraient immuablement sur cette liste où ils avaient été notés d’emblée : Chostakovitch et Prokofiev. La jalousie, longtemps contenue, de nombreux musiciens devant la célébrité mondiale de ces deux artistes éclata alors de manière particulièrement abjecte… " Krzysztof Meyer, Biographie de Chostakovitch"

Pouvoir et Art constituent un attelage bien curieux, l’un finance l’autre et même si cela se fait avec l’argent des citoyens, le Pouvoir n’accepte jamais qu’en échange de ce financement l’artiste ne soit pas à sa … discrétion.

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David Pownall a choisi de mettre en scène Joseph Staline, parce qu’il est pour tous les artistes le symbole du pouvoir autoritaire et dictatorial au 20ème siècle - sans comme Hitler, susciter un total rejet devant l’horreur absolue. Pourtant si l’on fait une analyse comparée des crimes de chacun … mais c’est ainsi – malgré tout Staline garde un je ne sais quoi de " présentable intellectuellement " qui lui permet de figurer dans le genre comédie sur une scène de théâtre. Donc, dans " Staline Melodie ", l’auteur en a fait l’archétype de l’Homme de Pouvoir affrontant les Artistes, en l’occurrence 2 musiciens, monuments de la musique du 20ème siècle, Prokofiev et Chostakovitch.

La pièce est historique, et même si la rencontre n’a pas eu lieu, elle est presque plausible. L’action se passe en janvier 1948, au Kremlin, une nuit, pendant la réunion de la section moscovite de l’Union des Compositeurs, réunion présidée par Jdanov (le curieux Ministre de la Culture de Staline) et voulue par Staline. Elle avait pour but de dresser la liste des compositeurs incarnant les " tendances formalistes et antinationales " et de les dénoncer, ce qui sera fait dès le 10 février suivant ; Boris Assafiev ( grand critique musical et ami depuis le conservatoire de Prokofiev ) sera charger sur ordre de Jdanov de rédiger la résolution du PCUS. Je cite Assafiev dans le texte :

" …Les créations dans le domaine de la musique symphonique et de l’opéra sont toujours aussi médiocres. Cela vaut surtout pour les compositeurs qui incarnent le courant formaliste et antinational. Cette tendance est particulièrement marquée dans les œuvres des camarades D.D Chostakovitch, S.S Prokofiev, A.I Khatchatourian, N.I Miaskovski et d’autres, dont la musique trahit de manière particulièrement nette des aspirations formalistes et des tendances antidémocratiques, étrangères au peuple soviétique et à son goût artistique. Cette musique se caractérise notamment par le rejet des principes fondamentaux du classicisme, par l’apologie de l’atonalité, de la dissonance et de l’absence d’harmonie, par l’abandon d’éléments musicaux aussi essentiels que la mélodie, et par une prédilection, en revanche, pour les combinaisons sonores chaotiques et névrotiques, qui transforment la musique en cacophonie… "

Et plus loin :

" … Le Comité central du PCUS prend la résolution  :

De déclarer que l’orientation formaliste de la musique soviétique est une tendance antinationale, qui conduit à la destruction de la musique.

De soumettre à la section de propagande et d’agitation du Comité central ainsi qu’au Comité de l’art des directives visant à remédier aux défauts mentionnés dans cette résolution, afin de conduire la musique soviétique sur la voie du réalisme.

D’appeler les compositeurs à assumer les tâches honorables que le peuple soviétique confie à la création musicale, et d’écarter de soi tout ce qui affaiblit notre musique et entrave son progrès… "

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Staline, convoque Prokofiev et Chostakovitch, et leur impose une leçon de musique un peu spéciale. La pièce, articulée autour d’une " master class " singulière annonce la prise du pouvoir politique sur l’art.

Staline Mélodie est une pièce importante qui peut se lire à plusieurs niveaux :

Comment le pouvoir pèse sur l’Art et principalement un pouvoir autoritaire ?… Comment Joseph Staline, autocrate s’il en fût, veut asservir les artistes, quitte à " s’étonner " quand il arrive à ses fins de voir l’artiste ainsi domestiqué perdre toute richesse créatrice.

Mais au-delà du pouvoir " Stalinien " caricaturalement répressif, c’est bien de tous les pouvoirs dont il est question, et plus précisément de l’attelage " gouvernement-créateur ". Même dans nos démocraties, le Politique a du mal à admettre la liberté créatrice sous toutes ses formes et partant du principe qu’il le " paye ", il aimerait en retour un peu moins d’esprit contestataire chez l’artiste et un peu plus de considération pour saluer son action. Et si nous sommes loin des contraintes physiques staliniennes, la contrainte économique " à plus ou moins long terme " est un argument déterminant.

Et puis cette pièce pose l’interrogation fondamentale que tout artiste ou toute personne concernée par l’art se pose un jour : Pour qui ? Pour qui ce travail, ces vies consacrées à la création ?… Si l’on considère tous ces musiciens, peintres, écrivains, morts d’épuisement et de détresse de ne pas avoir été écouté, regardé ou compris, on sait que l’œuvre d’art s’adresse d’abord aux Autres. Alors se pose la question de l’échange, de la nécessité pour être audible, regardable, compréhensible du " compromis ". Alors certaines questions, je dis bien certaines seulement que David Pownall fait poser à ces deux musiciens par Joseph Staline, nous interpellent fortement : Pour qui créez-vous ? Existeriez-vous si personne n’écoutait vos œuvres ? et nous tous acteurs ou spectateurs qui sommes forcément concernés par la création artistique, découvrons que les réponses simplistes que nous avions préparées, ne suffisent pas…

Régis Santon

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Une farce noire conduite avec efficacité par Régis Santon entre le rire et l’effroi. Le Figaro

Victor Lanoux a la moustache assez ressemblante et sa bonhommie équivoque, entre compréhension et menace, est subtilement inquiétante. Les Echos

François Lalande se glisse dans la peau de Prokofiev avec une étonnante virtuosité. Il est excellent, comme toujours. Pariscope

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Spectacle terminé depuis le samedi 6 janvier 2001

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