Je m’interroge aujourd’hui sur la capacité que nous avons de regarder un individu sans entrer dans des problématiques identitaires. Cela nous est-il encore possible ? Dans un contexte social où la volonté d’affirmer sa différence individuelle ou communautaire n’a jamais été aussi grande, mon regard sur l’autre peut-il s’attacher au « que me dit-il ? » plutôt qu’au « qui est-il ? ». Pouvons-nous échapper à ces problématiques identitaires qui bien souvent font le jeu de systèmes de pensées sectaires et qui procèdent par exclusion ? Sans nier, sans refuser de voir la réalité que nous renvoie cette quête identitaire et sa culture de la différence, est-il juste possible de la relativiser pour ne pas uniquement la subir ?
C’est à partir de ces interrogations que j’ai eu l’envie de proposer à Pascal Rambert une forme solitaire dans laquelle nous tenterons de « faire paysage ». Élaborer une série de sentiments paysagés à partir de lui et tenter de neutraliser toutes lectures analytiques ou fonctionnelles d’un individu pour amener à un regard contemplatif sur sa présence. Provoquer un glissement dans le regard du spectateur et négocier par cet intermédiaire du paysage un autre rapport à l’individu qui se trouve en face de soi.
« Faire paysage », car c’est dans l’abîme d’un jeu d’échelle d’images vidéographiques d’Aldo Lee et de mouvements sonores du guitariste Alexandre Meyer que se construira la temporalité qui invite le spectateur à l’élaboration de paysages.
Rachid Ouramdane
De ce terrible paysage,
Tel que jamais mortel n’en vit,
Charles Baudelaire
Exister jusqu'à l'incandescence
David Le Breton
12, rue Léchevin 75011 Paris