On ne badine pas avec l'amour

du 24 janvier au 30 mars 2003

On ne badine pas avec l'amour

CLASSIQUE Terminé

« Dans On ne badine pas avec l’amour, Ladislas Chollat joue à fond la carte de la dichotomie ; celle qui oppose les adultes aux grands enfants, les préoccupations du pouvoir à celles de l’amour, la caricature à l’humain. Il dépoussière la scène traditionnelle et fait évoluer les personnages sur un plateau tournant... » Letizia Dannery, La Marseillaise

L'Histoire
Note d’intention
Le décor
Les costumes
Alfred de Musset et On ne badine pas avec l’amour

· Acte I : deux amis d'enfance se retrouvent.
Un chœur accueille avec ironie le bedonnant précepteur Blazius et l'osseuse dame Pluche qui annoncent la prochaine arrivée au château de Perdican, fils du baron, et de Camille, sa nièce. Le baron révèle à Blazius et à Bridaine le curé du village, son projet de marier les jeunes gens. Mais dès leur première rencontre, un désaccord apparaît entre eux ; et un peu plus tard Camille reste insensible lorsque son cousin évoque pour elle leur communs souvenirs d'enfance. Dépité, Perdican emmène souper au château la jeune paysanne Rosette, sœur de lait de Camille ; et le baron est stupéfait en apprenant que son fils fait la cour à l'une de ses vassales.

· Acte II : Ils badinent avec l'amour
Camille annonce à Perdican son prochain départ ; mais elle charge dame Pluche de lui faire parvenir un billet pour le convier à un rendez-vous. Perdican continue son jeu avec Rosette ; toutefois, il se rend à l'invitation de sa cousine. Camille lui révèle qu'une amie de couvent l'a éclairée sur l'égoïsme des hommes et l'a décidée à renoncer au monde. Perdican réplique en attaquant l'éducation des couvents et exalte la passion qui transfigure les êtres.

· Acte : III Une mort tragique les sépare à jamais
Perdican intercepte une lettre que Camille adresse à son amie religieuse et il constate que la jeune fille se flatte de l'avoir désespéré. Piqué au vif, il s'efforce de la rendre jalouse et Camille entend les paroles d'amours qu'il adresse à Rosette. Elle fait venir son cousin et cache la petite paysanne derrière un rideau. Perdican finit par avouer à sa cousine qu'il l'aime et Rosette s'évanouit. Devant les reproches de Camille il finit par épouser Rosette. Camille souffre prise à son propre piège. Enfin les deux jeunes gens se laissent aller à leur passion et tombent dans les bras l'un de l'autre. Mais ils ne se doutent pas que Rosette assiste à la scène. Tout à coup il la découvre morte par l'émotion.

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Dans On ne badine pas avec l’amour, Musset réunit sur une même scène de théâtre deux types de personnages extrêmement différents.

D’un côté, les grotesques, marionnettes adultes menées par les fils de l’avarice, du pouvoir, de la gloire et de l’intérêt personnel. Sous la couverture de la religion (Pluche, Bridaine, Blazius), de l’éducation (Le Baron, Blazius, Pluche), chacun d’eux ne cherche pas le bonheur de l’autre, mais le sien. Marier Camille et Perdican n’est ainsi pour le Baron qu’une façon de casser sa solitude et de se mettre en valeur. Pour les autres, la religion n’est pas une ouverture, mais un moyen de se rassurer en se cachant derrière des principes fermement pré-établis. Ils sont des caricatures, des hommes à qui la course aux petits plaisirs personnels a fait oublier tout ce qui constituait l’humain.

Des êtres sans sentiments, mécanisés à l’extrême, aux comportements absolument prévisibles. Et donc comiques. Forcément.

Camille, Rosette et Perdican forment la deuxième famille. Leurs contours à eux sont flous, leur caractère pas encore défini, leur place dans le monde pas tout à fait trouvée. Ils oscillent entre un passé rêvé et un avenir déjà décevant, et se trouve au moment douloureux du choix : choix d’un époux, d’un lieu de vie, d’une façon de vivre. Si pour Rosette, ce choix n’est pas difficile (sa condition détermine son avenir), pour Camille et Perdican, dont le rang et la richesse ouvrent toutes les portes, il est crucial : comment préserver ses rêves et ses amours d’enfances dans cette société qui ne croit plus aux sentiments, et qui depuis longtemps semble avoir fini de rêver ?

Perdican oscille entre la nostalgie du passé et l’inévitable compromis qui lui permettra de trouver sa place dans la société. Camille, horrifiée par cet avenir, choisit l’intransigeance : puisque le monde ne correspond pas à ce qu’elle croyait, elle veut s’en retirer. Mais en agissant ainsi, tous deux atteignent le but inverse de celui qu’ils recherchaient. En voulant se protéger d’une société dirigée par l’intérêt personnel, ils oublient leurs propres sentiments, leur humanité et deviennent aussi monstrueux que ceux à qui ils ne voulaient pas ressembler. Au point que Rosette devient un simple jouet, facile à briser entre leurs griffes d’enfants gâtés. 

Narrateur puis spectateur de cette mascarade, le personnage du chœur s’efface quand à lui progressivement comme s’il ne comprenait plus ces êtres peu doués pour le bonheur. « Je m’en vais n’est-ce pas ? » demande-t-il avant de fuir le sombre dénouement. 

Ainsi Musset tire sa révérence nous laissant sa noire vision d’une société dégénérée, qui aurait oublié l’essentiel.

Tout mon travail de mise en scène a été de faire exister, puis cohabiter ces deux familles de personnages. 
Pour les grotesques, j’ai demandé aux comédiens de pousser leur jeu vers la caricature et de créer des personnages de dessins animés aux réactions simples et radicales.
J’ai guidé, au contraire, Camille, Rosette et Perdican vers un jeu naturel, plus « cinématographique » et donc plus complexe et riche en nuances. Plus le spectacle avance, plus Camille et Perdican changent de registre et adoptent un jeu plus proche de celui de leurs aînés.

Je voulais que le spectateur ressente la même différence que lorsqu’il assiste à un film mêlant des acteurs et des personnages de dessins animés. La grande difficulté de ce travail pour les comédiens était de ne pas se faire « contaminer » par le jeu de l’autre. 

Une autre difficulté a été de trouver au personnage du chœur sa place juste, puisqu’il n’appartient vraiment ni à une famille, ni à l’autre. J’ai vu à travers ce personnage, qui est au début le narrateur de l’histoire, mais qui disparaît avant que celle-ci se termine, tout le rapport que Musset a pu entretenir avec son texte : il était obligé pour des raisons financières d’écrire une comédie, mais la relation désastreuse avec Sand, au retour de Venise, infiltre son écriture, et lui fait écrire un drame terrible. Derrière le personnage du chœur insouciant, qui introduit les personnages, puis réalisant la noirceur de l’histoire qu’il est en train de raconter, la quitte avant le sombre dénouement, je vois, peut-être plus qu’ailleurs, Musset lui-même. 

Ladislas Chollat

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Le traitement de l’espace, dans la pièce, pose problème : Musset n’a pas écrit On ne badine pas avec l’amour pour être joué, et il s’est permis, dans l’écriture, de faire se dérouler les scènes dans des lieux multiples, en alternance intérieurs et extérieurs.

Le manège : Avec Jean-François Servigne, qui signe la scénographie du spectacle, nous avons inventé un plateau tournant qui permet de faire évoluer les divers éléments de mobilier, et ainsi de créer rapidement des espaces différents. Sur ce plateau, un mur tourne aussi autour d’un pilier central et permet aussi de modifier rapidement l’espace : pendant qu’une scène se joue, les autres acteurs y accrochent la fontaine, les tableaux du Baron, ou encore un lit, qui apparaîtront à la scène suivante quand le chœur ou les autres personnages tourneront le mur. Ce dernier permet aussi de couper l’espace en deux et de jouer des scènes simultanées. Des portes et une fenêtre y sont découpées et permettent des entrées et sorties.

Le plateau tournant a vite été un moyen ludique d’introduire les scènes, et un moteur de rythme pour le spectacle. Les personnages n’ont pas à entrer sur scène, mais ils y sont amenés par le chœur, auteur de l’histoire : en faisant tourner le plateau, il les fait apparaître selon sa convenance. 

Ce manège nous est apparu par ailleurs l’objet idéal pour symboliser ces lieux marqués par l’enfance. 

Nous avons choisi comme matériau de construction un bois de couleur naturelle, simplement verni, l’absence relative de couleur visant à faire ressortir le jeu de couleur des costumes. Seul le mât, au centre du manège est en acier, peint en noir.

Le mobilier et les accessoires : Tous les éléments de mobilier sont en bois clair . Jean-François Servigne n’a gardé que les lignes essentielles de chaque meuble ou élément, donnant ainsi à l’espace un côté dessiné, peu réaliste. Un univers qui renvoie au souvenir et à l’enfance, dont on ne garde que les principaux traits, parfois déformés (« Comme ce lavoir est petit ! Autrefois il me paraissait immense. » dit Perdican à l’acte I). Un univers à part qui renvoie à la folie du maître des lieux, le Baron.

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Par les costumes, nous avons essayé de créer une rupture nette entre les deux familles de personnages :

· Par un code de couleur 
La couleur de costume nous a semblé un moyen intéressant pour marquer en un premier temps la différence entre les deux générations, puis en un deuxième temps l’amenuisement de ces différences, Camille et Perdican ressemblant de plus en plus à leurs aînés, les dépassant même dans la cruauté.
Nous avons choisi d’habiller les grotesques tout en noir et blanc, et de donner, à Camille, Rosette et Perdican des costumes très colorés au début du spectacle, mais qui perdent leurs teintes au fur et à mesure pour aboutir aussi au noir et blanc : Rosette en robe de mariée, Perdican en costume noir, Camille en longue robe noire.
Le maquillage a été aussi un moyen d’accentuer ce code de couleur, les personnages comiques étant maquillés tout en noir et blanc, et les autres ayant conservé un teint naturel.

· Par des « formes » de mousse 
Pour que les personnages grotesques rappellent des marionnettes, nous avons choisi de leur donner des formes, simplistes et assez vite identifiables : Blazius s’inscrit ainsi dans un cercle, Dame Pluche dans un trapèze et Bridaine dans un long rectangle. 

· Par une différence d’époque 
Nous avons donné à Camille, Perdican et Rosette des costumes aux lignes contemporaines tandis que le Baron, Pluche, Bridaine et Blazius ont été habillés en costumes librement inspirés de la mode du 19e siècle. Ces costumes ne sont pas pour autant historiques : la drôlerie y est prépondérante.

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· On ne badine pas avec l’amour est publié dans le numéro du 1er juillet 1834 de La Revue des Deux Mondes : écrite durant l’une des années les plus fécondes de Musset, qui coïncide avec sa passion tumultueuse pour George Sand, c’est la première des pièces de l’auteur à porter le sous-titre de « Proverbe ». A l’instar des autres textes dramatiques de Musset, c’est une pièce destinées à la lecture et non à la scène dont le jeune auteur s’est détourné depuis l’échec cinglant de la représentation de La Nuit vénitienne en 1830.

· Dans la biographie qu’il a consacrée à son frère, Paul de Musset écrit : « La pièce qui fut appelée On ne badine pas avec l’amour porte en quelques passages les traces de l’état moral où était l’auteur. »

Dans cette même biographie, le frère de l’écrivain raconte que Musset dès 1833, « avait tracé en quelques lignes le plan d’une comédie sous le titre provisoire de Camille et Perdican. Il en avait même écrit l’introduction en vers ».

Ce fragment en vers aurait été composé avant le départ de Musset et de Georges Sand pour l’Italie en décembre 1833, soit à une période de relations passionnées et encore heureuses durant laquelle fut aussi rédigé le drame Lorenzaccio.

La version définitive d’ On ne badine pas avec l’amour aurait été entièrement rédigée au retour de Musset à Paris au printemps 1834, donc après « le drame de Venise ». C’est d’abord pour honorer une commande de Buloz, le directeur de La Revue des Deux mondes, que celui-ci doit se mettre au travail, sans grand enthousiasme à l’origine comme en témoigne l’extrait d’une lettre à George Sand datée du 19 avril 1834 : « Je ne sais comment faire à Buloz une comédie (faire une comédie !) dont je lui dois déjà le prix. »

Après s’être trompés, éreintés en des querelles passionnées, et séparés, les deux amants ont renoué, à distance et par écrit, une relation faite de complicité et de tendresse. Ainsi peut-on entendre ça et là dans la pièce des échos de la correspondance que s’échangèrent régulièrement Musset et Sand.

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Sélection d’avis du public

On ne badine pas avec l'amour Le 27 janvier 2003 à 19h15

Bravo!!! Enfin un peu de fraîcheur dans le classique... un grand moment de divertissement, j'ai bq aimé et vais le conseiller Alice

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On ne badine pas avec l'amour Le 27 janvier 2003 à 19h15

Bravo!!! Enfin un peu de fraîcheur dans le classique... un grand moment de divertissement, j'ai bq aimé et vais le conseiller Alice

Informations pratiques

Théâtre le Ranelagh

5, rue des Vignes 75016 Paris

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Théâtre le Ranelagh
5, rue des Vignes 75016 Paris
Spectacle terminé depuis le dimanche 30 mars 2003

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