October 13th

Caen (14)
du 3 au 4 mai 2001

October 13th

  • De : Sam Louwick
  • Mise en scène : Sam Louwick
  • Avec : Lizi Estaras, Anne Mousselet, Rasmus Olme, Josué Febles, Necati Koylu, Sam Louwyck, François Brice
Lieu : Théâtre d'Hérouville
Le fourmisme, c’est un mot grammaticalement incorrect qui fait référence à une foule de petits gestes qui émaillent la pièce. Je le compare avec une expérience que l’on peut vivre en se promenant dans les bois. Soudainement, on voit que les feuilles

Sam Louwyck, bad boy au cœur tendre
Une humidité menaçante contre la quête d’un horizon
Une angoisse de la maturité qui vire au sentiment tragique
October 13th

Sam Louwyck, bad boy au cœur tendre

[...] Sam Louwyck a appris dans l’équipage d’Alain Platel la navigation chorégraphique par temps de forte houle. Il était déjà dans le légendaire Bonjour madame, comment allez-vous, il fait beau, il va sans doute pleuvoir, etc.

Plutôt inquiétant en gaillard patibulaire à bottes de fourrure, déplaçant au sol le corps d’un enfant inanimé. Récidivant quelques années plus tard dans Iets op Bach en sordide voyeur limite pédophile. C’est donc sous des allures pas très fréquentables que Sam Louwyck a prêté aux spectacles d’Alain Platel sa silhouette de danseur classique mal dégrossi. " Bad boy " au cœur tendre, il est aujourd’hui l’un de ceux sur qui les ballets C. de la B. peuvent compter pour cultiver dans l’après-Platel les pousses d’une danse âpre, faussement désinvolte et vraiment coriace. De la prochaine création (pour six interprètes) de Sam Louwyck, October 13th, peu de signes avant-coureurs : le souvenir personnel de l’explosion d’un pavillon de banlieue et d’un dérisoire radiateur de style victorien resté accroché à un pan de mur. " Les bâtiments ne sont pas construits pour durer " , a dit un jour l’architecte Franck Lloyd Wright. Ce à quoi Sam Louwyck fait remarquer : " Mais ça n’élimine pas la douleur quand ils disparaissent " . October 13th serait alors : danser à la source de l’explosion pour agrandir l’espace de la douleur et garder un peu de chaleur dans les décombres.

Jean-Marc Adolphe
brochure saison 2000/2001 du Théâtre de la Ville, juin

Une humidité menaçante contre la quête d’un horizon

En plantant sept personnages dans October 13th, Sam Louwyck provoque d’entrée de jeu un climat conflictuel : celui d’une humidité menaçante contre la quête d’un horizon. Le rideau se lève sur l’obscurité, celle d’un huis clos démantelé, en guise d’appartement. Dans cette opacité prégnante, des clapotis chatouillent nos oreilles. La pénombre se dissipe, et le fil de l’eau se transforme en objet, visible désormais. Il s’écoule, goutte-à-goutte, d’un lavabo suintant suspendu au plafond. La poétique du désordre porte en son sein l’élément aqueux, scansion d’un temps qui nous oppresse, et paradoxalement, laisse ouvertes à l’infini les portes de l’imaginaire. On est là proche de l’univers décrit par Bachelard dans l’Eau et les rêves, où chacun possède à la maison une fontaine de Jouvence en sa cuvette d’eau froide, en un énergique matin.

.../...

Et sans cette expérience triviale, le complexe de poétique fontaine de Jouvence ne pourrait peut-être pas se nouer. L’eau fraîche réveille et rajeunit le visage, le visage où l’homme se voit vieillir où il voudrait tant qu’on ne le voie pas vieillir ! Mais l’eau

fraîche ne rajeunit pas tant le visage pour les autres que pour nous-mêmes. " 

C’est en cette eau que Sam Louwyck se prend soudain à nous émouvoir, demeurant comme figé, sous le filet qui suinte du lavabo sur son visage de môme halluciné. [ ...] C’est l’eau qui rythme la pièce, donne un corps glissant de baroquisme à la recherche de sens qui noue l’angoisse des danseurs. Inexorablement, le flux de l’eau s’écoule, liquéfiant peu à peu tout espoir d’envoi salvateur pour les personnages, englués dans la temporalité tragique de leur maison de fortune.

La complicité féminine en rébellion contre l’ordre du temps.

Deux femmes habitent cet univers désenchanté. Moins rivales que semblables, c’est en elles la complicité féminine en rébellion contre l’ordre du temps qui se joue. Lizi Estaras incarne un versant fort de la féminité, par l’aplomb de sa danse et la virulence de ses propos. En vain, elle lutte contre le temps qui fait plier sa chair de condamnée à mort. " Je n’en peux plus, toujours vivre la même histoire " , crie-t-elle en espagnol au début de la pièce, dont la fin l’emportera en une aliénation lugubre. " J’ai tout oublié, jusqu’au mot français pour dire télévision, jusqu’à ce que je devienne laide, et complètement stupide. " 

Anne Mousselet, reflet déviant de Lizi, lui répond en écho par une hystérie flamboyante. Juchée sur des talons compensés, accoutrée de guêtres, d’une minijupe et d’un T-shirt dignes de la Lolita des bidonvilles qu’elle campe, sa vie n’est que prétexte aux pâmoisons les plus diverses. Accrochée, comme à une bouée de sauvetage, à un sac à main regorgeant de médicaments, elle s’adonne à un delirium tremens loufoque. Elle se balade, chute, gît sur le sol, se fait ramasser par les hommes. C’est la proie idéale à laquelle s’attaque Sam Louwyck, dans un théâtre de la cruauté, où, chorégraphe vivant par la danse, il ne pouvait finalement s’empêcher de participer. Toute la virilité déjantée de la torpille qu’est l’interprète de Platel s’abat sur la poupée foliesque, jette son corps à la dérive en la faisant valser, attachée par les jambes telle une patineuse, " C’est pas les poumons, c’est la tête qui va pas chez toi ! " , hurle-t-il. Puis, revenant à lui après son carnage gestuel, il répète, comme absent : " J’ai fait quelque chose de mal, ou quoi ? " Exténués par l’absurdité, ses comparses laisseront son angoissante rémanence de conscience sans réponse.

.../...

Une angoisse de la maturité qui vire au sentiment tragique

Orchestrée par l’ouverture magistrale que donne Louwyck en délivrant l’histoire d’une famille disséminée par une explosion, une angoisse de la maturité qui vire au sentiment tragique envahit progressivement la pièce, étape par étape, dans une construction montant en puissance. Du solo de Rasmus Olme, émane la candeur mélancolique des rêves d’adolescence brisés. La gestuelle fluide de son bras paraît protéger un enfant blessé, un espoir trop fragile. L’absence d’enfant finit dans sa casquette, qu’il secoue, puis, revenant à la réalité, remet sur sa chevelure hirsute de gamin des bas-fonds. Une berceuse lui succède, laissant osciller la pièce entre onirisme et réalisme, sens du tragique et humour burlesque. " Je ne sais pourquoi je suis si effrayé de changer " , chantent des voix d’enfants. Tous ces êtres agrippés à leurs rites, objets, fantasmes, vivent côte à côte dans un parfait autisme. C’est encore une intersubjectivité sans regard qui les réunit, lorsqu’ils se retrouvent entraînés par les emballements mélodiques de la guitare de Josué Febles. Mais leur communauté est friable et, si la musique en est le ciment, avec le silence renaît la solitude. Au chant des Kinesthèse communes, liées par le même mouvement, succèdent les désirs d’évasion de chacun. Les filles voudront partir, " à Moscou " , sur un coup de tête, un jeu de mots. Sans raison. Sans succès. Le destin de perdants colle à la peau des personnages, entravant toute échappée. C’est le lyrisme écorché vif des illusions perdues qui transpire de leurs corps d’exilés, de victimes. Exclusion sociale, ou prise au piège de leur propre folie ?

October 13th ne prétend nous donner d’autre réponse que celle de l’émotion.

Un partage efficace : la compassion est si rare !

Bérengère Alfort

October 13th

Le décor

Il sera créé par Stefan Achtergael. Ce graphiste, ami d’enfance de Sam Louwyck a nourri sa créativité et son talent exceptionnels en parcourant le monde pendant cinq ans. Il a travaillé en Belgique, au Japon et en Australie.

La Mascotte

Une mascotte sera utilisée afin que le public puisse s’identifier à elle. Elle sera inspirée d’une divinité chinoise.

Design Stefan Achtergael

Réalisation Liesbeth Louwyck : elle fait ses études à l’Académie de mode d’Anvers puis a travaillé pour Van Beiremdonk et actuellement pour Chanel.

La musique

Elle réunira une création musicale originale et de la musique existante. Guitare et claviers Elko Blyweerdt qui a travaillé avec Sam Louwyck pour son spectacle Flippers. Trompette et bugle Bart Maris : il est considéré comme l’un des plus grands musiciens de Jazz et rock.

Chaos

Le chaos est créé en utilisant des éléments trop grands pour l’espace théâtral. Par exemple, Igor effectue un service de volley sur scène. Le volley, comme la plupart des sports, est trop grand pour la scène.

Le fourmisme

C’est un mot, grammaticalement incorrect, qui fait référence à une foule de petits gestes qui émaillent la pièce. Je le compare avec une expérience que l’on peut vivre en se promenant dans les bois. Soudainement, on voit que les feuilles au sol bougent. Quand on regarde de plus près, on constate qu’il s’agit d’une colonie de fourmis qui se déplace.

Le sourisme

Il s’agit de faire référence à l’instinct d’un animal de proie comme l’être humain tout en dépassant cet instinct. En effet, l’intellect de l’être humain se refuse à être pas plus qu’un animal de proie. Avec son intellect, l’homme essaie d’être un prédateur. A cet instant se crée un schisme à l’intérieur de soi-même. De plus, dans la plupart des cas, l’intellect crée un besoin de religion car l’homme prend conscience de la légèreté et de l’absurdité de la vie. Ainsi, en prenant la religion et en y ajoutant le schisme, la voie vers la cruauté et l’histoire des guerres devient évidente.

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Informations pratiques

Comédie de Caen

32, rue des Cordes 14000 Caen

Spectacle terminé depuis le vendredi 4 mai 2001

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