Muerte y reencarnación en un cowboy

du 11 au 19 janvier 2013
1h45

Muerte y reencarnación en un cowboy

Avec une énergie hallucinante, Rodrigo García nous entraîne dans la ronde infernale de deux futurs cowboys qui une fois réincarnés, débattent ensemble plutôt sérieusement sur le thème du rire, les yeux protégés par des verres miroir. Spectacle en espagnol surtitré en français.

Spectacle en espagnol surtitré en français.

Une ronde infernale
Note d'intention
Entretien de la Gazette de Berlin avec Rodrigo García (2010)
La presse

  • Une ronde infernale

C’est une pièce sur les cowboys.
Mais non, avec des cowboys. Il n’y en a que deux à ce qu’on m’a dit, et encore, ils sont à pied.
Il n’y a pas de chevaux sur scène ?
Pas de chevaux. Juste un carton rempli de poussins. Ah ça, des poussins il y en a, mais de chevaux, aucun.
Des poussins ?
Absolument. Non mais en fait il y a une sorte de cheval mais ce n’est pas un vrai. C’est une machine qui tourne sur elle-même et sur laquelle on peut grimper comme si on faisait du rodéo.
Et donc, les cowboys ?
Eh bien en fait au début ils n’ont pas encore leurs chapeaux ni leurs lunettes miroir, au contraire, ils sont nus ou presque et ils se roulent dans un corps à corps sur le sol comme s’ils allaient mourir, ils se contorsionnent de douleur ou d’ivresse et ils ont sur la tête des cagoules noires qui font de la musique parce qu’il y a des grelots cousus dessus. Ils ont l’air assez désespérés et déjantés. Prêts à tout, à toutes les expériences. Mais à la fin ils discutent sérieusement, comme s’ils s’étaient assagis, et en fait ils parlent du rire comme quelque chose qui n’est plus spontané et qui est devenu le signe d’une crispation.

Hum. Et en fait ça parle de quoi au juste ?
Ah écoute, de beaucoup de choses… ce n’est pas présenté comme ça de toute façon.
Mais quel est le message ?
Mais enfin, tu ne comprends rien ? Ce n’est pas comme une publicité où on t’assène un slogan à la fin ! Et puis tu verras bien.

Avec une énergie hallucinante, Rodrigo García nous entraîne dans la ronde infernale de deux futurs cowboys qui une fois réincarnés, débattent ensemble plutôt sérieusement sur le thème du rire, les yeux protégés par des verres miroir.

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  • Note d'intention

Le rire a subi une transformation épouvantable au long des millions dʼannées dʼexistence des êtres qui rient. Jʼignore à quelle étape de son évolution le rire a cessé dʼêtre un attribut rare, un trésor perturbateur, pour se transformer en une réitération banale.

Je ne pense pas que lʼhomme primitif ait passé son temps à rire (pas plus quʼà grogner), ni quʼil ait ri de tout. Je ne pense pas non plus quʼil ait ri en groupe.

Je suppose que le rire était un don spirituel, quelque chose de magique, que personne au sein de la communauté ne comprenait vraiment, et qui, jʼinsiste, faisait irruption très rarement et sans raison apparente.

Aujourdʼhui, le rire est pour nous le pire des outils sociaux : un rire qui sépare au lieu de nous rapprocher, et qui est tout sauf un geste captivant. Les rires sont tellement faux et artificiels quʼils finissent par éloigner les rieurs, quand bien même ces derniers seraient physiquement proches les uns des autres, dans une fête, dans un bar ou dans un jardin.

Disons que lorsque tout le monde rit, on peut apprécier la façon dont les corps deviennent transparents, perdent de leur consistance, de leur poids, de leur odeur. Cʼest probablement quand les adultes rient face aux bébés que lʼon atteint le plus haut degré de pathétique.

Bourré de signifiés externes et vide de contenu énigmatique, voilà comment le rire se présente à nous aujourdʼhui. Le rire a perdu, semble-t-il, son caractère tellurique. Tout lien avec les entrailles.

À présent le rire est un mur couronné de fil de fer barbelé et de tessons de bouteilles, cʼest une arme que les peureux portent sur eux pour sortir ; on peut même sʼentraîner au rire chez soi, avant de sortir, et même en voiture.

La place du rire des entrailles est occupée par le rire qui fuse comme un ressort, une grimace sociale qui atteint son climax quand on a consommé un tant soit peu de drogue ou des litres de bière. La musique dans un lieu y contribue aussi, et le rire alors dessine sur les bouches et les yeux des rieurs des paysages embroussaillés, des visages tendus que jʼévite de regarder trop attentivement.

Si nous rions de la façon dont nous rions, cʼest à lʼévidence parce que nous ne sommes pas heureux.

Rodrigo García (traduction de Christilla Vasserot)

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  • Entretien de la Gazette de Berlin avec Rodrigo García (2010)

La Gazette : Quelles ont été les difficultés rencontrées pour votre dernière création Muerte y reencarnación en un cowboy ?
Rodrigo Garcia : Pour chaque pièce on se confronte à la difficulté du renouvellement. Pour ne pas se répéter, il faut inventer à chaque fois, explorer des domaines nouveaux et pour cela, le point essentiel pour Muerte y reencarnación en un cowboy, est que je connais bien les comédiens et les techniciens avec lesquels je travaille.

La Gazette : Qu'est-ce qui importe le plus dans votre démarche de création ? Mettez-vous plus en avant le textuel ou le corporel ?
R. Garcia : Lorsque j'ai commencé à mettre en scène, il y a 20 ans, le plus important pour moi était au niveau de l'écriture, puis mon attention s'est déplacée au fur et à mesure vers le corporel. Je travaille normalement, sans texte avec les acteurs, et j'écris la pièce en même temps que je travaille avec eux. Pendant le processus d'écriture et de travail, le moment de création, il me plaît de ne pas savoir vers où je me dirige sans une certaine appréhension. Pour ce type de travail, il est très important de progresser avec les comédiens dans un climat de confiance très intense et essentiel. Je connais chaque comédien depuis plus de dix ans, ainsi que le technicien lumières.

La Gazette : Quel est le rôle de votre technicien lumières ? Pouvez-vous parler de création collective ?
R. Garcia : La lumière a un rôle extrêmement important, pour poser une atmosphère. Mon technicien travaille de son côté avec les comédiens. C'est une somme de travail de plusieurs personnalités, et forcément, elles ressortent d'une manière ou d'une autre. Il n'y a pas d'histoire s'il n'y a pas de Personnes, je travaille avec les sentiments et le vécu des personnes. Dans cette pièce, il y va du mouvement corporel. Je propose une situation et les comédiens proposent de leur côté, ils montrent leurs expressions personnelles, ensuite je m'adapte. Je donne à la fois beaucoup de liberté aux acteurs et au technicien, mais je donne tout de même les idées directrices. On ne peut pas parler de travail de groupe, même si ensuite, il y a rencontre collective autour de mes idées directrices.

La Gazette : Cela va faire une dizaine d'années que vous travaillez souvent en France, quel est votre rapport avec ce pays ?
R. Garcia : J'ai commencé à travailler en 1989 en Espagne, jusqu'à l'an 2000 où au cours d'une des représentations, des professionnels du théâtre français étaient dans le public, et ont apprécié mon travail. C'est la période où je n'avais aucun financement, pas de moyens, et cela faisait vingt ans que je travaillais sans avoir de financement pour monter mes pièces, et je créais quand même. Ces gens du TNB (Théâtre National de Bretagne, à Rennes) ont proposé que je devienne artiste en résidence, et je me suis dit pourquoi pas. Dès lors, j'ai de plus en plus souvent produit en France, mais j'ai conservé mes comédiens espagnols. On ne peut pas parler d'exil.

[…]

La Gazette : En quoi Muerte y reencarnación en un cowboy se démarque-t-elle de vos créations précédentes, dont Et balancez mes cendres sur Mickey  ?
R.Garcia : La nouvelle pièce est très originale dans la structure, et par là, complètement différente des créations précédentes. Dans Muerte y reencarnación en un cowboy, le côté littéraire est à la fin de la représentation, elle-même en grande partie très abstraite et violente. La poésie surgit de plusieurs champs, elle vient tout autant de l'expression des corps que de celle du texte, parfois, il n'y a pas besoin de mots. J'essaie de laisser un mystère, je ne peux pas commenter le contenu pour laisser place à la réflexion du public, sinon ce serait le rendre passif.

La Gazette : Une partie du public français a émis des critiques négatives après avoir vu votre pièce. Qu'en pensez-vous ?
R. Garcia : Cette pièce est particulièrement difficile, en terme de réception pour le public, à cause de son côté très abstrait. Le début est en effet très bruyant , douloureux, peut amener à la souffrance, et la fin, est essentiellement composée de texte, et au final, pas tant de texte qu'on pourrait le croire, si on compare la quantité de texte par rapport à d'autres pièces contemporaines. Seulement ici, je propose une structure radicale, nouvelle, à laquelle le public n'est pas habitué ; sa réaction, quelle qu'elle soit, est normale.

La Gazette : Peut-on alors dire que la pièce se présente sous deux volets, dont le premier serait symboliquement semblable à la mort, avec son caractère indicible et le second montrerait un retour à la vie avec l'usage de la parole, la présence du verbe ?
R. Garcia : La première partie est centrée sur la mort. Et en effet, on peut dire que les paroles de la fin redonnent vie en quelque sorte. Ce sont deux univers très différents qui se retrouvent confrontés et mêlés. Les deux comédiens évoluent au sein de ces deux univers, dans un cadre violent et poétique.

La Gazette : Vous écrivez dans Et balancez mes cendres sur Mickey, que la poésie et le feu sont sous contrôle dans un théâtre, qu'entendez-vous par là ?
R. Garcia : La normalité de la vie manque de poésie. La société ne permet pas d'introduire cette poésie que le théâtre lui restitue. L'art permet de donner une nouvelle perspective de ce monde quotidien, grâce à l'oeil de l'artiste. Quand je parle de l'enfermement du théâtre (art) dans un théâtre (lieu), c'est d'une certaine manière une critique sur les artistes, plus que sur la société. On pense être libre, mais dans un théâtre, cette liberté est physiquement limitée. Un de mes moteurs de création, est d'avoir éprouvé cette envie de liberté en voyant des pièces de Kantor, de Jan Fabre entre autres. Ils font partie des metteurs en scène qui ont réussi à proposer un théâtre radical, sans pudeur, excessif, exprimant un tel dénuement qu'il montre la réalité sous un autre angle. Et là, j'ai voulu agir.

Propos recueillis par Cécilia Coulon – 16/03/2010

  • La presse

« Un pur échantillon de cette fureur arty dont Rodrigo García aime garnir ses shows.[...] Rodrigo García s’est fait une spécialité de transformer les plateaux de théâtre en champs de bataille. » Patrick Sourd, Les Inrocks

« Dans la famille des doux délirants, Rodrigo García n’est pas le dernier. [...] C’est simple, c’est juste et ça fait mal. Rodrigo García touche, sa langue devient pointue comme une lame, mais apaisée, comme attendrie. » Bruno Tackels, Mouvement

« Une œuvre troublante, interprétée avec une intensité extraordinaire et soutenue par une écriture d’une extrême lucidité. » Fernando Castro Florez, cité par Agnès Santi La Terrasse

« Rodrigo García retrouve sa révolte légendaire dans « Mort et réincarnation en cow-boy ». Il met en scène deux types sous haute-tension qui s'autodétruisent à coups de bières, de guitares électriques jetées à terre et de sons saturés. Avant de revenir, harnachés en cow-boys, devisant avec humour sur le monde, le couple… » Jean-Luc Martinez, La Dépêche

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Spectacle terminé depuis le samedi 19 janvier 2013

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