Médée

• Tragédie, 1634

Après cinq comédies et une tragi-comédie, Corneille s’attaque au genre noble par excellence sans lequel, en ces années-là, aucun auteur dramatique ne saurait être reconnu : la tragédie. Personnage excessif entre tous, Médée, mère infanticide ne pouvait manquer de l’inspirer.

C’est dans Sénèque plus que dans Euripide qu’il trouva la matière de son œuvre. Une œuvre qui ne recule pas devant le surnaturel — Médée s’échappe sur des dragons de feu — n’édulcore pas la violence des crimes, et se permet malgré les règles, de représenter la mort sur la scène.

Sans racheter la criminelle, Corneille lui reconnaît un courage héroïque. Seule, abandonnée de tous, bouc émissaire d’une civilisation qui craint de lire en elle l’image de sa propre violence, Médée oppose à ses ennemis une volonté, une fermeté hors du commun. Calculateur et opportuniste, Jason, accablé par ses coups, ne saurait cependant attirer sur lui la compassion du spectateur.