Les visionnaires

du 17 au 21 janvier 2001

Les visionnaires

CLASSIQUE Terminé

C'est l'histoire de trois soeurs, trois filles à marier. De leur quatre prétendants, et de leur père, qui les offre à qui les veut.

Présentation
La langue des Visionnaires, entretien avec Christian Schiaretti

Présentation

C'est l'histoire de trois soeurs, trois filles à marier. De leur quatre prétendants, et de leur père, qui les offre à qui les veut. Personnages tous plus cinglés les uns que les autres, avec des manies, des phobies, avec un sens certain du burlesque. Lointain ancêtre des Monty Python, leur créateur, Desmarets de Saint-Sorlin était ami intime de Louis XIII, conseiller de Richelieu, et aussi danseur - entre autres. Christian Schiaretti s'est laissé séduire par l'exotisme, par l'élégance insolente de son langage pré-classique. Par une liberté que seuls les surréalistes, bien plus tard, on retrouvée.

Cette comédie représente plusieurs sortes d’esprits chimériques ou visionnaires : le capitan qui veut paraître vaillant alors qu’il est poltron, le poète bizarre qui s’est fixé des règles à sa mode rendant ainsi ses textes incompréhensibles, l’amoureux en idées qui aime ce qu’il n’a ni vu, ni entendu, le riche imaginaire qui n’est riche que par la pensée. Puis, il y a les filles : celle qui d’avoir trop lu de romans est amoureuse d’Alexandre le Grand et méprise les vivants, sa sœur qui se croit aimée de tous ceux qui la regardent, et l’autre sœur amoureuse maniaque de la Comédie. Et puis, il y a le père, guère plus sage que ses filles, il est d’humeur si facile qu’il dit oui à tous les prétendants. Quatre hommes pour trois filles !

Que faire surtout si chacun, comme le conclut le seul raisonnable de la pièce, reste " amoureux de lui-même "  ? Ce sont là, dit Saint-Sorlin, des folies pour lesquelles on n’enferme pas et nous croisons tous les jours des personnes qui pensent pour le moins d’aussi grandes extravagances, s’ils ne les disent pas.

La langue des Visionnaires, entretien avec Christian Schiaretti

En 1998, vous avez créé le diptyque cornélien Polyeucte, martyr et La Place royale. Comment s’inscrit la pièce Les Visionnaires au sein de votre travail sur la langue du XVII ème siècle ?
C’est une continuation, un prolongement de mon travail sur l’alexandrin. En terme de répertoire XVII ème, on connaît principalement trois auteurs : Racine, Molière, Corneille. Déjà, avec La Place royale et Polyeucte, martyr, je choisissais l’auteur le moins pratiqué. En fait, j’avais envie de travailler sur le répertoire baroque qui précède l’organisation classique de la langue. On ne trouve déjà plus cet aspect baroque chez Racine ni chez Molière, du moins dans ses comédies littéraires comme L’Ecole des femmes, Le Tartuffe ou Le Misanthrope. J’avais la volonté d’aller chercher un répertoire antérieur qui fait sonner la langue bizarrement et pas forcément de façon " élégante " , comme on peut la connaître dans la période la plus mûre de ce siècle.

Quelle est la nécessité de faire entendre ce texte aujourd’hui ?
Le fait d’entendre sa langue autrement. Comme c’est une langue qui est antérieure à la codification classique du XVII ème siècle, elle nous paraît à la fois étrangère et extrêmement proche. Il est important de connaître ses cousins pour comprendre ce que l’on est dans sa famille. De la même façon, il s’agit d’entendre une langue qui est un peu dissonante pour mieux entendre la nôtre. On s’aperçoit également qu’il y a une liberté dans ce type de comédie qu’on ne retrouvera quasiment plus dans la littérature française. Cette pièce est exemplaire d’un rapport au théâtre que la codification du théâtre du XVII ème siècle tardif nous fera oublier : un type de comédie dans laquelle l’histoire n’est pas le fond du support spectaculaire.
Cela, en soi, c’est étonnant. A la limite, il faudra attendre le XX ème siècle, les surréalistes, Roger Vitrac par exemple, pour commencer à retrouver des dramaturgies qui fonctionnent sur ce mode. La pièce de Desmarets de Saint-Sorlin a des dimensions surréalistes à force de folie. Rien que le titre ! Le titre est sublime : Les Visionnaires... Au premier degré, ce nom désigne des gens qui voient, des imaginaires, des loufoques qui ont des visions. Il faudra longtemps pour qu’on rencontre de nouveau ce type d’audace dans l’écriture. Et puis cette pièce a vraiment des vertus et des ressorts comiques. Pour les acteurs, c’est un travail à jouer qui est vraiment extraordinaire. Il y a un aspect récréatif. Je pense qu’inévitablement quand les acteurs ont plaisir à porter un texte, les spectateurs ont plaisir à l’entendre.

Vous travaillez avec les Comédiens de la Comédie de Reims depuis 7 ans, est-ce qu’il y a une progression dans votre travail avec cette troupe ?
Avec une équipe, on ne pense pas en terme de production mais plutôt en terme d’aventure. Une pièce en amène une autre. Une démarche va avoir un écho dans une autre démarche. Le parcours n’est pas discontinu : de Badiou à Corneille, de Péguy à Badiou, de Péguy à Polyeucte, un lien existe. Je crois que l’audace avec laquelle on a pu s’amuser à jouer une satire contemporaine - Ahmed le subtil ou Scapin 84 - trouve son prolongement dans Les Visionnaires. Cela est constitutif d’un désir collectif. Nous retrouvons dans cette pièce là une justification de notre propre existence au nom de notre histoire bien sûr, non sanctionné par une autorité extérieure professionnelle ou médiatique. Notre démarche est logique. Lorsque nous travaillons, nous sommes en référence constante à notre propre histoire collective. En aucun cas, je ne suis comme une sorte de transcendance extérieure et super intellectuelle qui saurait où il faut aller. Je n’en sais strictement rien. Je vais où je me trouve... Les acteurs par leur langue et leurs muscles sont des outils avec lesquels je travaille. Nous voyageons de pièces en pièces, des parcours de comédiens se dessinent, des palettes se développent.

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Spectacle terminé depuis le dimanche 21 janvier 2001

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