Les larmes amères de Petra von Kant

• La femme face à l’amour et au pouvoir

Pétra Von Kant, styliste de mode très cotée, vient de divorcer d’un second mari qui ne supportait pas sa réussite professionnelle. Elle vit seule avec Marlène, son " factotum "  : secrétaire, dessinatrice, domestique, elle lui est totalement dévouée. Autour de Pétra, trois générations de femmes : sa mère, sa fille et son amie d’enfance. Pétra va tomber follement amoureuse de Karine, une jeune fille de la classe populaire. Elle lui propose de vivre avec elle et en fait son égérie. Devenue top model et ne supportant plus la possessivité de Pétra, Karine s’en va. Passion, jalousie, soumission, crise familiale…sans quitter l’appartement de Pétra.

Par la Cie L'Air du Verseau. Mise en scène en collaboration avec Jack Garfein.

• Notes de mise en scène

La scène sera le huis clos des passions humaines, en particulier la passion amoureuse, représentées dans leurs moindres contradictions. Le spectateur, comme derrière une glace sans tain donnant sur l'appartement de Pétra, assistera tel un voyeur à l'intimité de ces femmes, corps et âmes, du lever aux coucher, du coup de foudre à la décadence de leur amour. Le décor, représentera l'intérieur de Pétra, son univers. Meublé des objets qu'elle rapporte de ses voyages, il reflètera sa culture et ses goûts. Son appartement étant aussi son atelier de travail, des croquis, des robes accrochées au mur et un mannequin trônant au centre figureront l’importance de son métier de styliste.

Les costumes parleront à la fois de l'origine sociale des personnages et de l’inspiration artistique. Les créations de Pétra reflèteront son évolution dans la pièce : costume androgyne et épuré au début, rayonnement exubérant des étoffes et des formes lors du premier rendezvous amoureux, l’énigmatique robe de mariée de la nouvelle collection de Pétra, puis plus rien. Un mannequin vide à la fin quand Pétra s’effondre après que Karine l’ait quittée. Au fur et à mesure de la dégradation de cette passion, Les vêtements exposés sur le buste changeront, les objets d’art seront éclipsés par le bar, l'alcool et le désordre qui prendront de plus en plus de place dans son intérieur.

Les musiques, intemporelles, seront choisies par Pétra, évoquant son énergie ou son émotion du moment.

Afin d’éviter l’aspect symbolique voire manichéen dans lequel on peut facilement tomber en montant cette oeuvre complexe, nous avons longuement travaillé en amont la création du personnage avec Jack Garfein, de l’Actor Studio. Cette méthode d’appropriation et d’approfondissement des émotions permet d’exprimer plus précisément les contradictions de l’âme humaine, subtilement écrites par Fassbinder.

Le choix d’ancrer les protagonistes dans une réalité palpable mettra d’autant plus en valeur les états extrêmes vécus par Pétra dans la pièce et aidera le spectateur à ressentir le caractère universel de cette histoire d’amour.

C. Hatey