Les Tolstoï, journal intime

du 15 février au 10 mars 2007
2h40, avec entracte

Les Tolstoï, journal intime

Près d'un demi-siècle de journaux intimes et de vie commune entre Sonia et son époux Léon Tolstoï adaptés au théâtre. Une oeuvre intense pour un couple passionné.

Un demi-siècle de journaux intimes
Note du metteur en scène
Sonia Behrs
Le Comte Léon Tolstoï
La presse

  • Un demi-siècle de journaux intimes

Près d'un demi-siècle de journaux intimes et de vie commune entre Sonia et son époux Léon Tolstoï adaptés au théâtre. Une oeuvre intense pour un couple passionné. Léon et Sonia Tolstoï, deux écrivains qui prennent le parti de s’échanger et de lire, chaque soir, le journal intime de l’autre : amour total, refusant toute part d’ombre, de doute, de mensonge qui pourrait entacher au fil des années la parole donnée. La traversée sans concession de toute leur humanité, le défi permanent d’une vie à deux ouverte et déchirée par les grandes questions de leur temps, donnent aux Tolstoï une dimension universelle et surtout, puissamment contemporaine.

"Il m’est difficile d’écrire à propos du Journal des Tolstoï. Je me sens trop concernée ; d’une certaine manière, Tolstoï et Sonia sont devenus une part de moi-même. Je fus si étonnée par la première biographie que j’ai lue. Tant de vie ! Tant de vitalité ! Comment était-il possible de vivre avec autant de passion, l’un et l’autre, toute une vie, avec les épreuves et les défis d’un mariage qui a traversé près d’un demi siècle ?

Plus je lisais, plus il fallait que je lise. Je me mettais à parler d’eux, à penser continuellement à eux. Pourquoi ne les avais-je pas connus plus tôt ? Pourquoi n’avais-je pas su que Tolstoï avait inspiré et nourri profondément Gandhi et son action non violente, que Sonia avait veillé des nuits entières pour copier à la lueur de la chandelle Guerre et Paix ? Plus je les découvrais, plus j’avais le désir de faire partager leur vie. J’étais si remuée. Pourquoi leurs vies n’avaient-elles jamais été portées au théâtre ?

Un jour, un ami me dit « Et pourquoi ne le ferais-tu pas ? », mais comment réussirais-je ? Cependant, Léon et Sonia me prirent la main et me guidèrent au plus intime de leurs coeurs ; j’y retrouvais le coeur de chaque homme, de chaque femme. Les conflits étaient fréquents, mais leurs liens n’en étaient que plus profonds et plus forts. Je m’aperçus que leur mariage embrassait toutes les couleurs et les facettes de la vie, que bien souvent, dans les moments les plus douloureux, l’humour était présent, et dans les souffrances les plus grandes, une élévation.

Quand Sonia tomba amoureuse de Tolstoï, elle avait juste 18 ans, si jolie, si douée, profonde et inspirée comme l’étaient les personnages de Juliette chez Shakespeare ou de Natasha dans Guerre et Paix. Lui était déjà un auteur célèbre et un héros de la guerre de Crimée. Lorsqu’ils se marièrent, ils s’engagèrent à être toujours vrais et francs l’un envers l’autre quelqu’en soit le prix. Chacun rédigeait son journal intime dans lequel tout était retransmis, les angoisses, les colères, les jalousies, sans rien restreindre de ce qu’ils vivaient intérieurement en toute vérité avec soi-même et avec l’autre.

Avec quelle intensité luttèrent-ils sur les questions de l’amour et du désir, de la tranquillité et de l’éternité, chacun poussant l’autre à s’interroger plus profondément. Sonia, affrontant constamment les contradictions de Tolstoï, n’accepta jamais d’être la femme soumise de son temps. Tolstoï se débarrassa de ses privilèges et lutta avec acharnement contre les injustices et l’hypocrisie de la société. Portant des vêtements de moujik, il s’identifia aux moujiks à la désolation de Sonia, s’opposant ainsi au Tsar, risquant l’emprisonnement pour lui et sa famille. Maintenant, il me faut me retirer pour les convier à vous parler intimement, aussi intensément et authentiquement que possible."

Alexandra Devon

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  • Note du metteur en scène

« Tolstoï », « journal intime », ces deux titres résonnent en moi comme une dichotomie, un contraste abyssal entre le personnage d’icône qu’est Tolstoï, si populaire, somptueux, idéalisé, imagé, tel une grande fresque cinématographique, et son quotidien, celui de sa femme, Sonia, à travers leur journal intime. Comment faire pour rejoindre sur scène ces deux réalités opposées afin d’atteindre l’intimité d’un homme et d’une femme, de Tolstoï et de Sonia, débarrassés de toute image d’Epinal ?

La première lecture que nous avons faite avec les comédiens sur un plateau de théâtre nu, une table, deux chaises, libres de se lever et d’agir à leur gré, nous a convaincus de la nécessité d’un travail de simplicité et de vérité où le « jeu d’acteur » n’est plus. Les Tolstoï, en écho à nos propres vies, nous parlent d’amour, mais surtout nous questionnent sur l’Amour ensemble, l’amour à vie, l’amour au quotidien, traversé par la passion, fécond, créatif, mais aussi douloureux, infecté par la jalousie ou l’indifférence, déstabilisé par la maladie, la mort...et la folie.

La pièce glisse profondément en nos coeurs une salvatrice aiguille jusqu’à notre pensée et réveille cette léthargie de l’amour banalisé, de la promesse légèrement sacrée, du divorce mathématique et de la vie en couple sous cellophane ! Pourtant, combien de découvertes, peut-être gigantesques et merveilleuses, reste-t-il à faire sur nous-même et quelle beauté d’âme atteindrons-nous si nous avons ce courage des sages, de grandir en vie et de mourir en Vie grâce à l’Autre ?

Pourquoi sommes-nous sur cette terre ? Qu’y faisons-nous ? À quoi tout cela sert-il ?… Voilà ce qui m’appelle, voilà ce qui pour moi résume avec le plus de force la raison d’être de cette pièce aujourd’hui. Résonance qui ébranlera, j’espère, la fuite en avant, la violence, le non-questionnement individuel, « l’insoutenable légèreté de l’être »…

Jean-Denis Monory

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  • Sonia Behrs

La cadette de trois soeurs, Sofia Andreïevna grandit dans une famille chaleureuse, affectueuse et pleine de gaîté. Son père, le Docteur Behrs (d’origine allemande), était le médecin officiel de la cour. La famille vivait au Kremlin dans un appartement du gouvernement, et possédait une maison de campagne. Tolstoï avait l’habitude de faire à pied les 13 kilomètres qui la séparait de Moscou pour leur rendre visite.

Il avait connu la mère de Sonia alors qu’il était encore un petit garçon et appréciait beaucoup sa joyeuse famille. Les trois soeurs étaient particulièrement charmantes et attirantes. On pensait qu’il épouserait l’aînée, mais c’est Sonia qui conquit son coeur. Elle était décrite comme gracieuse, avec des cheveux bruns, de grands yeux lumineux, un sourire rayonnant, volontaire et très vive. Elle aimait la littérature et l’écriture, était douée pour la musique (elle jouait du piano, et jouait souvent des duos avec Tolstoï) ainsi que pour la peinture. A 17 ans, elle décrochait son diplôme d’institutrice. L’écriture manuscrite de Tolstoï était absolument impossible à déchiffrer. Il en restait parfois lui-même perplexe, mais Sonia avait le don impressionnant de pouvoir le transcrire. Elle a recopié Guerre et Paix au moins cinq fois.

Au cours de leurs premières années à lasnaïa Poliana, Sonia et Léon plantèrent une forêt bouleaux ainsi qu’une cerisaie, repeuplèrent la ferme avec du bétail de qualité, installèrent une laiterie, une distillerie, des ruches et élevèrent des cochons. Sonia suivait les comptes, virevoltait et venait dans tout le domaine, supervisait la traite des vaches, vérifiait les ruches « avec la joie spontanée d’un oiseau qui construit son nid, tout en chantant » écrivait Tolstoï.

Dans la deuxième partie de sa vie, Sonia s’est plongée dans la peinture et le piano ainsi que dans la photographie (elle tirait et développait elle-même ses photographies). Elle traduisit en français l’essai de Tolstoï, A propos de la vie et publia une nouvelle, Le trésor de Grand-Mère... puis un recueil de neuf poèmes. Elle publia également une anthologie d’histoires pour enfants et écrivit une autobiographie.

« Je suis incapable de décrire précisément l’atmosphère paisible et pourtant exaltée de lasnaïa Poliana, vibrante de vie, grouillante d’invités... quelle énergie ! Je la trouvais plus stimulante, plus apaisante que n’importe quel autre cercle » écrivait un biographe, visiteur fidèle des vingt dernières années de leur mariage.

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  • Le Comte Léon Tolstoï

« Un homme écartelé entre toutes les contractions de son être. » Jacques Madaule

Né sur le domaine de Iasnaïa Poliana, à 200 kilomètres au sud de Moscou, benjamin de quatre fils, il descendait d’une longue lignée de la noblesse russe. Bien que sa mère mourût alors qu’il n’avait que deux ans (en couche pour la naissance de son unique soeur), il garda toujours le souvenir d’une enfance heureuse. Sa tante Tatiana, surnommée Tantine, eut une extraordinaire influence sur lui. Il écrivait « elle m’enseigna la joie spirituelle de l’amour... pas avec des mots, mais avec tout son être. Elle était l’amour pur... et me couvrait d’amour ».

Son gentil précepteur allemand le toucha également beaucoup et très tôt il parla couramment français et allemand. « Il était comme un rayon de soleil, disait sa soeur, courant dans la pièce avec un grand sourire, comme s’il venait juste de faire une grande découverte qu’il voulait annoncer à tout le monde ». A huit ans, son père mourut subitement. I létait incapable de le croire et pendant longtemps il continua à le chercher. A 16 ans, ses frères l’amenèrent dans une maison close. Plus tard, il dirait, « la première fois que mes frères m’ont traîné dans une maison close et que je suis passé à l’acte, je me suis ensuite assis par terre, au pied du lit de la femme et j’ai pleuré ».

Jeune homme, il vécut comme la plupart des aristocrates de cette époque. Il chassait, se perdait dans le jeu, couchait avec des gitanes, et montrait un courage à la limite de l’inconscience en tant que soldat. Il faisait tout avec une extrême intensité, mais souffrait souvent d’un sens moral aigu. Toute sa vie durant il fut un athlète puissant, en profonde affinité avec les chevaux et tous les animaux. Il aimait la nature et la musique ; elle eut souvent un effet extraordinaire sur lui, le faisant parfois éclater en sanglots.

Il se trouvait laid, à cause de ses traits rudes et marqués, et de la grande taille de ses pieds et de ses mains. Il n’avait pas conscience de la beauté inhabituelle de ses yeux, puissants et expressifs... « des yeux qui pouvaient pénétrer jusqu’au plus profond de l’âme d’un être ». Excessivement observateur de tout et de tous, il avait toujours sur lui un petit carnet, dans lequel il notait toutes ses observations. Dans ses dernières années il se prit de passion pour les fleurs. Il n’était pas rare de le voir avec une fleur à la ceinture ou d’en tenir une près de son nez, avec l’expression d’un enfant sur le visage.

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  • La presse

"Un texte magnifique, intense, où les questions de l’amour ensemble, l’amour à vie, l’amour au quotidien, mais aussi sa douleur et sa peine quand l’autre semble s’éloigner ou ne plus comprendre, résonnent comme en écho à chacune de nos vies. Le texte de Sonia et Léon Tolstoï est admirablement servi ici par deux acteurs sobres et humbles qui rendent bien toute la force et la vitalité d’un amour qui nous touche au plus profond." Réforme, Jean Luc Mouton, 1er mars 2007

"La pièce, mise en scène par Jean Denis Monory, jouée par Didier Douet, convaincant Léon, et l’ardente Iris Aguettant dans Sonia, invite à une stimulante réflexion sur le couple, ses épreuves, sa durée. Ce n’est pas un hasard si la famille d’artistes du Théâtre de l‘Arc en Ciel s’est intéressée à ces deux conjoints hors du commun après leurs magnifiques réalisations ces dernières années." La Croix, Pierre Yves le Priol, 23 févreir 2007

"Les Tolstoï met à nu nos spiritualités dans ce qu’elles ont de plus incarné. La mise en scène dépouillée et symbolique atteint une vérité profonde. C’est magistralement joué." France Catholique, Pierre François, 2 mars 2007

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Plan d’accès

Théâtre de l'Opprimé
78, rue du Charolais 75012 Paris
Spectacle terminé depuis le samedi 10 mars 2007

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