Les Justes

du 3 au 6 juin 2009
1h40

Les Justes

Albert Camus a écrit une tragédie moderne d’une rare intensité et d’une humanité bouleversante. Ces terroristes déchirés entre vie et mort, amour et révolution, espérance et nihilisme, semblent un singulier écho aux déflagrations de notre temps.

Echo à notre temps
Les doutes de l'homme révolté

Note d'intentions
Extraits de presse

  • Echo à notre temps

Guy-Pierre Couleau aime à faire entendre les voix qui luttent pour la liberté. En lisant Les Justes, il a ressenti la nécessité de faire résonner celle de Camus, écrivain dont on connaît trop peu l’œuvre dramatique.

En 1905 à Moscou, un groupe de terroristes organisait un attentat à la bombe contre l'oncle du Tsar. Les circonstances qui ont précédé et suivi ce complot sont le sujet de la pièce.

Habités par leur conception du monde, les protagonistes ne reculent devant rien pour atteindre leur but. Ils tuent pour que d'autres vivent ; ils se tuent pour que naissent des temps meilleurs qu'ils ne verront peut être jamais. Là est leur désespérance : dans cet éternel combat humain qui oppose idéal et réel… Les Justes font écho à notre temps, aux déflagrations de nos villes et de nos quotidiens ; ils font un détour par hier pour nous faire entrevoir demain.

  • Les doutes de l’homme révolté

"En février 1905, à Moscou, un groupe de terroristes appartenant au parti socialiste révolutionnaire organisait un attentat à la bombe contre le grand-duc Serge, oncle du tsar. Cet attentat et les circonstances singulières qui l’ont précédé et suivi font le sujet des Justes. Si extraordinaires que puissent paraître, en effet, certaines des situations de cette pièce, elles sont pourtant historiques. Ceci ne veut pas dire que Les Justes soient une pièce historique. Mais tous mes personnages ont réellement existé et se sont conduits comme je le dis. J’ai seulement tâché à rendre vraisemblable ce qui était déjà vrai." Albert Camus, préface à la pièce, 1949

On retrouvera avec bonheur sur le plateau Camus homme de théâtre, qui met en scène magistralement la résistance et la révolte dans tous leurs paradoxes.

En effet, rêvant d’un monde meilleur et juste, ces "meurtriers délicats" n’inventent que le meurtre et le sacrifice pour atteindre leur idéal. Ils tuent et se tuent pour que d’autres vivent… dans une noire désespérance.

Camus, avec une écriture d’une pureté incomparable, y explore la complexité de ce combat, les doutes de l’"homme révolté", ses oscillations entre dévouement et honneur, et donc les limites de la justice.

Même s’il ne faut pas confondre les combats d’hier et d’aujourd’hui, Les Justes semblent éminemment une pièce "nécessaire", un singulier écho aux déflagrations de notre temps.

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  • Note d’intentions

"Quand un travailleur, quelque part au monde, dresse ses poings nus devant un tank et crie qu’il n’est pas un esclave, que sommes-nous donc si nous restons indifférents ?" Albert Camus, allocution à la Mutualité, 7 juin 1953, au moment des émeutes à Berlin Est

"La générosité en lutte avec le désespoir"

"Kaliayev et les autres, croient à l’équivalence des vies. C’est la preuve qu’ils ne mettent aucune idée au-dessus de la vie humaine, bien qu’ils tuent pour l’idée. Exactement, ils vivent à la hauteur de l’idée. Ils la justifient, pour finir, en l’incarnant jusqu’à la mort. D’autres hommes viendront, après ceux-là, qui, animés de la même foi dévorante, jugeront cependant ces méthodes sentimentales et refuseront l’opinion que n’importe quelle vie est équivalente à n’importe quelle autre." Albert Camus, Les Meurtriers délicats

J’ai lu Les Justes d’Albert Camus, l’automne dernier, et la nécessité d’en faire une aventure de théâtre s’est immédiatement emparée de moi.

Je suis tombé amoureux de son écriture, stylée, limpide, profonde. Je n’y ai pas pensé davantage : j’ai éprouvé le même sentiment qu’il y a quelques années en lisant Le Baladin du Monde Occidental, ou encore, lorsque l’impérieuse nécessité de faire entendre les voix de ces hommes et de ces femmes qui avaient lutté pour notre liberté, m’avait conduit à faire ce spectacle charnière qu’était Résister.

La voix secrète qui s’impose un jour, au détour d’une page, à mon envie, à ma volonté, est la voix du poète. Elle parle plus fort que la mienne et je l’écoute. Sans autre discussion.

Albert Camus "auteur dramatique", est injustement oublié, aujourd’hui.

Pourtant sa voix semble d’une étrange présence à nos oreilles.

Lorsqu’on lit Camus, on sait l’endroit où il veut être.

Le projet de Camus pour le théâtre de son époque, pourrait aussi être celui de notre temps. Les absences et les manques sont les mêmes. Les rêves des hommes de théâtre se ressemblent génération après génération : deux ans avant de mourir, Camus voulait :

"montrer que le théâtre d’aujourd’hui n’est pas celui de l’alcôve ni du placard. Qu’il n’est pas non plus un tréteau de patronage, moralisant ou politique. Qu’il n’est pas une école de haine mais de réunion. Notre époque a sa grandeur qui peut être celle de notre théâtre. Mais à la condition que nous mettions sur scène de grandes actions où tous puissent se retrouver, que la générosité y soit en lutte avec le désespoir, que s’y affrontent, comme dans toute vraie tragédie, des forces égales en raison et en malheur, que batte enfin sur nos scènes le vrai cœur de l’époque, espérant et déchiré."

Ces paroles ont presque cinquante ans.

Albert Camus voulait faire du théâtre pour y être heureux.

Les Justes est une pièce d’amour, une histoire d’amour entre un auteur et ses personnages. Entre un homme de théâtre et son auditoire.

Mais elle est une pièce où règne le combat entre l’amour de la vie et le désir de mort.

Kaliayev, Dora, Stepan, Voinov, Annenkov, sont des terroristes. Pourtant, - et c’est le paradoxe -, Camus écrit aussi des "résistants" à une oppression, une tyrannie. Ils sont asservis et se battent pour une cause. Ils veulent le bonheur du genre humain. Ils en ont le désir et sont sincèrement habités de leur conception du monde, d’une vision plus juste du monde. Pour atteindre leur but, ils ne reculent pas devant le meurtre.

Camus ne les sauve ni de la noirceur ni de leur violence.

Ces hommes et ces femmes sont déjà morts.

Ils sont seuls et ils sont morts à l’amour.

Animés, dans le même temps, par la haine de l’oppression et par l’amour de la liberté, nourris du besoin de construire une société idéale pour le futur de leurs semblables, ils tuent aveuglément en regardant l’avenir. Devant ce qu’ils nomment la tyrannie, leur seule arme est la terreur, par tous les moyens.

Ils tuent pour que d’autres vivent.

Ils se tuent pour que naissent des temps meilleurs qu’ils ne verront jamais et justifient leurs meurtres par leur propre mort inéluctable.

Là est leur désespérance : dans cette image du combat éternellement humain, qui oppose idéal et réel, la déchirure entre le geste de tuer au nom de ce qu’on croit être la justice et l’idée de sauver la vie, par amour de l’Autre et de la Liberté.

1905, 1950, 2005.

Les Justes font écho à notre temps, aux déflagrations de nos villes et de nos quotidiens.

Ils ne disent pas le terrorisme d’aujourd’hui, mais ils l’évoquent.

Il s’agit de ne pas confondre les combats du passé avec ceux du présent. Mais je ne peux malgré tout m’empêcher de penser, qu’il y a trente ans, en Europe et dans notre pays, vivaient et agissaient des groupuscules terroristes qui, aujourd’hui encore ne renient rien de ce qu’ils ont fait du fond de leurs cachots, et proclament leur absence de tout regret et leur détermination intacte à recommencer s’ils le pouvaient.

Je ne peux m’empêcher de penser à ces mains qui, quelque-part, aujourd’hui donnent la mort, à ces ceintures d’explosifs soigneusement fabriquées dans l’espoir idéalisé d’une vie meilleure. Je pense à ces détonateurs qui fauchent l’innocence aveuglément, à ces regards d’enfants méprisés, ignorés, tués.

Je pense à cette vie fragile, belle, indispensable, anéantie.

Les Justes font, au présent, un détour par hier pour nous faire entrevoir demain.

Guy Pierre Couleau, janvier 2006

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  • Extraits de presse

"...les acteurs (...) séduisent par leur façon sensible d'être sans cesse en tension, portés par cette langue finalement magnifique qui bondit du didactisme à l'échappée poétique." Gilles Costaz, Les échos

"C'est superbe et réentendre cette langue constitue la première émotion. (...) Du beau et bon travail qui confirme la personnalité de Guy Pierre Couleau." A. H. / Le quotidien du médecin, mai 2007

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Spectacle terminé depuis le samedi 6 juin 2009

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