La mort de Krishna 

Le spectacle est extrait de Le Mahabharata de Jean-Claude Carrière, Éditions Belfond.

« …Un chasseur parcourant la forêt aperçut les deux pieds croisés de Krishna et les prit pour les oreilles d’une antilope. Il perça Krishna d’une flèche à la plante du pied. En s’approchant il vit qu’il venait de blesser un homme en profond yoga - et que cet homme était vêtu d’une robe jaune et pourvu de quatre bras. Terrorisé, il se prosterna, couvert de honte :
- Dans la pénombre de la forêt j’ai pris tes deux pieds pour les oreilles d’une antilope. Ô Krishna, pardonne moi !
- N’ai pas d’inquiétude inutile, je meurs, c’est bien.

« Deux morceaux de bois qui flottent
se rencontrent sur l’océan
et l’instant d’après se séparent.
De même ta mère et toi, ton frère et toi,
ta femme et toi, ton fils et toi.
Tu l’appelles ta femme, ton père, ton ami,
mais ce n’est qu’une rencontre sur le chemin.
Rien ne dure.
Plaisir, douleur, tout est fixé par le destin.
Nul ne reste, nul ne revient.
Ce que tu désires, tu l’as.
Ce que tu ne désires pas, tu l’as.
Personne ne comprend pourquoi.
Où suis-je ? Où irai-je ? Qui suis-je ? Pourquoi ?
Et sur quoi devrais-je pleurer ?
Paye ta dette sans murmurer,
chasse ton chagrin, lève-toi
et ne dédaigne pas la terre. »