La cantate de Bisesero

En 1994, un génocide perpétré dans l’indifférence et la passivité générale se déroulait au Rwanda. En 2000, le spectacle Rwanda 94 est créé par le Groupov, collectif d’artistes Liègeois réunis autour de Jacques Delcuvellerie. Ce spectacle, conçu comme une tentative de réparation symbolique envers les morts à l’usage des vivants, fut un choc théâtral, émotionnel et politique. Grand spectacle fleuve (5h) et unique, utilisant toutes les ressources de l'expression scénique (vidéo, théâtre, musique..) pour dire, transmettre, comprendre.

La Cantate de Bisesero, dernière et troisième partie de Rwanda 94, relate la lutte héroïque des habitants de la région de Kibuye sur la colline de Bisesero. Sans doute l’épisode le plus fortement symbolique de l’histoire du génocide rwandais, où 50 000 Tutsi ont âprement lutté. Seules 800 personnes ont survécu. Nourri des témoignages des rescapés, le livret évoque la résistance des victimes qui demeurent toujours anonymes et sans sépultures. Pris en charge par un chœur de cinq comédiens dans un dispositif simple, il est porté par une partition de Garrett List pour piano, trio à cordes, clarinette et deux chanteuses lyriques.

Pour la XXème commémoration du génocide rwandais, le Groupov offre, sans effets, un théâtre choc, un théâtre politique qui interroge : « Alors que les aspects les plus horribles de l’homme se déchaînaient, quelque chose de beau s’est dégagé  : la solidarité, la résistance, la lutte jusqu’au dernier souffle » Jacques Delcuvellerie.